« Nous appréhendons la santé dans une dimension collective »

« Vieille dame de la santé publique », la Société française de santé publique (SFSP) a été créée en 1877. Aujourd’hui, même si le prisme de la santé reste prégnant dans les réflexions et travaux portés par ses membres, ces derniers, issus de domaines variés, agissent dans des spectres beaucoup plus larges. Le point avec François Berdougo, délégué général de l’association.

Chaque mois, ActuSoins présente une organisation en lien avec les infirmiers (voir encadré). 

François Berdougo, délégué général de la SFSP

François Berdougo, délégué général de la SFSP. © DR

Comment est née la SFSP ?

La connaissance de l’histoire de cette organisation est faible, nous ne disposons pas beaucoup d’archives. Cependant, nous savons qu’elle a été créée par un pharmacien, Apollinaire Bouchardat, qui a joué un rôle important dans la prise en charge du diabète, et s’intéressait aux questions d’hygiène publique. La SFSP est donc née au cours d’un siècle où, pendant la première moitié, les questions de santé publique ont émergé, en lien avec les logements insalubres, l’assainissement en eau, l’urbanisation, la révolution industrielle. Tandis que la seconde moitié du 19esiècle a davantage été consacrée à l’élaboration et à la structuration des connaissances.

Depuis sa création, la SFSP est composée d’un collectif d’individus issus de corps de métiers très différents : ingénieurs, architectes, professionnels de santé. L’objectif est d’avoir une appréhension de la santé dans une dimension collective. D’emblée, elle a donc affiché une ambition pluriprofessionnelle et pluridisciplinaire. C’est d’ailleurs ce qui la distingue des autres sociétés savantes.

Quelles sont ses missions ?

Cette grande richesse, qui constitue aussi sa force, ne simplifie pas notre action car forcément, les sujets d’intérêt sont très vastes : la planification urbaine, les transports, l’éducation, le logement, l’alimentation ou encore la vaccination. Nous remplissons des missions transversales. Nous sommes une plateforme d’échange entre savants et professionnels. Nous sommes aussi un lieu de débats et de production d’expertise. Enfin, la SFSP est un acteur de diffusion, de partage de connaissances et d’influence dans la santé publique.

Comment travaillez-vous ?

Nous avons tout d’abord des activités socles, structurantes. Nous sommes par exemple éditeur d’une revue scientifique francophone à comité de lecture depuis 1988. Nous sortons six numéros par an.

Nous organisons également un congrès tous les deux ans. Cette année, nous avons réuni environ 1 000 personnes, sur une thématique qui portait sur la santé publique et les territoires.

En parallèle, nous développons des outils d’information en continue, sur internet, à savoir des dossiers documentaires pour partager des connaissances actualisées sur des thématiques ainsi qu’une lettre d’information bi-mensuelle.

Enfin, nous avons des projets spécifiques transversaux à savoir la mise en œuvre d’interventions d’actions en population pour la promotion et la prévention de la santé. Dans ce cadre, nous animons des collectifs de travail en interne, sur les savoirs développés par les acteurs intervenants auprès de tout public.

Nous produisons des recommandations dans le cadre de ces interventions. Ces demandes peuvent venir de nos adhérents mais aussi d’acteurs extérieurs. Nous pouvons par exemple être sollicités par des parlementaires, par le Haut conseil de santé publique (HCSP). Nous avons été démarchés par le Réseau Action Climat, une coalition d’associations qui développe une action sur l’alimentation. Nous pouvons donc être amenés à produire de l’expertise ou à rassembler des connaissances. Dans ce cadre, nous nous intéressons aux pratiques des acteurs de santé publique.

Nous sommes convaincus que les savoirs ne sont pas seulement universitaires ou issus de la recherche. Des savoirs pertinents sont aussi issus de l’expérience des acteurs, à commencer par les habitants et citoyens.

Quelle est la place des infirmiers au sein de la SFSP ?

Leur place est prégnante. La diversification incarnée par les infirmiers dans le système de santé et leur fonction confortent leur rôle dans une prise en charge populationnelle. Le développement de la coordination, de la médiation, de l’accompagnement des personnes malades chroniques, de la pratique avancée : toutes ces fonctions ou exercices d’une part, et la montée aux compétences des infirmiers vers des enjeux de santé publique d’autre part, transforment le métier et lui accordent un rôle de plus en plus marquant dans la préservation de la santé à l’échelle de la population.

La place de ce métier dans les questions de santé publique est importante. La revue de la SFSP et le congrès en sont une bonne illustration car un certain nombre d’articles ou de communications sont portés par des infirmiers. Notre clef de lecture repose sur un prisme populationnel et collectif. De fait, toute personne détenant une expertise ancrée dans une dimension collective, est la bienvenue. Nous avons conscience de la contribution de chacun à l’amélioration de la santé collective.

Propos recueillis par Laure Martin

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