ANISP : « Nous cherchons à promouvoir et harmoniser les pratiques des infirmiers de sapeurs-pompiers »

L’Association nationale des infirmiers de sapeurs-pompiers (ANISP) a été créée en 2004. Son objectif : fédérer les infirmiers de sapeurs-pompiers, volontaires comme professionnels, et réfléchir à l’évolution de leurs pratiques. Le point avec Sylvain Ligny, trésorier de l'ANISP et infirmier de sapeur-pompier professionnel au Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) du Pas-de-Calais.

Chaque mois, ActuSoins présente une organisation infirmière (voir encadré).

Sylvain Ligny, trésorier de l'ANISP

Sylvain Ligny, trésorier de l'ANISP. © DR

Dans quel cadre l’association a-t-elle été créée ?

Les infirmiers ont toujours fait partie des corps composants les sapeurs-pompiers volontaires.

Mais ils n'étaient pas identifiés comme infirmiers. Ils étaient des sapeurs-pompiers au même titre que tous les autres et intervenaient sur les feux, pour le secours routier ou les autres problématiques prises en charge par les sapeurs-pompiers.

De fait, lorsque la victime était face à une situation grave et que son état se dégradait, ils ne disposaient pas du cadre légal pour intervenir.

Le matériel médical présent dans le véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV) était employé sous la responsabilité de l’infirmier avec son décret professionnel de compétence de l’époque.

Ce n’est qu’en 1996 que les infirmiers de sapeurs-pompiers ont été officiellement reconnus en cette qualité, dans le cadre de la loi dite de départementalisation des SDIS et intégrés aux Services de santé et de secours médical (SSSM).

C’est dans ce cadre que l’association a été créée il y a 17 ans, à l’initiative de deux infirmiers de sapeurs-pompiers, pour promouvoir l’activité des infirmiers de sapeurs-pompiers, affirmer leur place au sein des SDIS et favoriser les liens entre les infirmiers, la filière incendie ainsi que les partenaires extérieurs.

De quelle manière l’association assure-t-elle cette promotion ?

Pour y parvenir et créer du lien entre les infirmiers de sapeurs-pompiers, nous organisons des rencontres interprofessionnelles : les journées nationales des infirmiers de sapeurs-pompiers (JNISP).

Ouvertes aux médecins, pharmaciens, psychologues, vétérinaires et autres membres des services de santé, elles se concentrent particulièrement sur les infirmiers de sapeurs-pompiers.

Ils représentent le plus haut niveau de réponse pré-hospitalière non médicale, appliquent des gestes de soins d’urgences en lien avec la clinique du patient qu’ils maîtrisent grâce à un processus pédagogique adapté et certificatif. Ils représentent un maillon indispensable dans l’Aide médicale d’urgence.

Et au cours des JNISP, nous échangeons sur nos protocoles, qui sont propres à chaque SDIS, sur notre manière de travailler, sur notre matériel.  Au cours de ces journées, nous organisons également des conférences, des ateliers pratiques, et des échanges avec des partenaires commerciaux qui nous présentent des produits que nous pouvons ensuite proposer au sein des SDIS. Ces journées sont organisées tous les deux ans à travers la France.

En alternance, nous organisons les Journées techniques professionnelles (JTP), également tous les deux ans. Il s’agit de travaux scientifiques sur la base de la méthode proposée par la Haute Autorité de santé (HAS) pour produire des recommandations professionnelles concernant notre exercice.

Pour ce travail, nous réunissons des experts et nous tissons des partenariats avec d’autres associations représentatives du monde de la santé et des sapeurs-pompiers, mais aussi des institutions, des universités ou des sociétés savantes. Nous essayons d’améliorer et d’avancer sur l’état des connaissances dans notre domaine d’intervention, pour optimiser la prise en charge des victimes sur le terrain. Car nous sommes le trait d’union entre les sapeurs-pompiers et la santé.

Nous sommes d’ailleurs ouverts à la réflexion d’autres professions de santé et des universitaires, pour travailler conjointement sur des recommandations. Cela donne lieu à des publications, à des guides de bonnes pratiques, qui peuvent ensuite être diffusés au sein des SDIS. Certains d’entre eux travaillent sur leurs protocoles grâce à nos guides qui offrent une base pour une bonne application sur le terrain et pour l’évaluation des pratiques professionnelles.

Notre objectif est de travailler au développement du sens clinique des infirmiers. Nous souhaitons ainsi valoriser la qualité et la sécurité des soins dispensés aux usagers mais aussi à nos collègues sapeurs-pompiers.

Proposez-vous des échanges avec les infirmiers de sapeurs-pompiers du territoire ?

Tout à fait. Sur les nombreux réseaux sociaux où l’ANISP est présente et par échanges de mails. Qu’ils soient ou non adhérents à l’ANISP, ils peuvent poser toutes les questions qu’ils souhaitent et c’est la communauté des infirmiers de sapeurs-pompiers qui leur répond.

Cela permet également de créer du lien. De nombreux infirmiers sapeurs-pompiers volontaires sont attachés à cette spécialité, et ils se questionnent beaucoup sur leur pratique. Ils se révèlent très actifs lors de ces échanges.

Etes-vous sollicités par les instances ?

Nous pouvons être consultés par la Direction générale de la sécurité civile et nous collaborons avec l’Ordre national des infirmiers ainsi qu’avec la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, sur des thématiques en lien avec notre expertise et notre positionnement.

Notre objectif est notamment de former et d’informer nos collègues. Nous travaillons avec eux et pour eux et émettons des recommandations professionnelles dans le but d’harmoniser nos pratiques. Cette harmonisation n’est actuellement pas nationale car chaque SDIS possède son propre niveau de développement.

Cependant, les missions régaliennes restent les mêmes et l’harmonisation peut se faire à ce niveau.

Propos recueillis par Laure Martin

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