« La sensibilisation des soignants aux risques d’escarres est un réel enjeu de santé publique »

Paramédicaux, médecins, chirurgiens, pharmaciens, aides-soignants ou encore chercheurs : la Société française de l’escarre (SFE) rassemble une pluralité de professionnels élaborant et diffusant, entre autres, des recommandations de bonnes pratiques pour agir en prévention à la survenue d’escarres. Le point avec Lomig Le Bihan et Myriam Laftess, infirmiers, respectivement secrétaire et secrétaire adjointe de la SFE.

Chaque mois, ActuSoins présente une organisation infirmière ou en lien avec les infirmiers (voir encadré). 

Myriam Laftess, secrétaire adjointe de la SFE. © DR

Quelles sont les missions que se fixe la SFE ?

Lomig Le Bihan - La SFE existe dans sa forme actuelle depuis 2019. À l’origine, il s’agissait de l’association Prévention, éducation, recherche, soins, escarres (PERSE), qui avait pour objectif la promotion de la prise en charge de l’escarre et des règles de bonnes pratiques.

Elle a évolué en société savante en 2019 pour une montée en puissance et une plus grande structuration du travail mené en interne. Nous cherchons avant tout à améliorer la prévention des escarres par la pratique clinique et le recours aux outils innovants. D’où ce lien avec le volet ″recherche″, pour améliorer et optimiser la prise en charge des patients.

Myriam Laftess - La SFE s’adresse à tous les soignants, au sens large, prenant en charge des patients porteurs d’escarres ou susceptibles d’en développer, à savoir les infirmiers, les médecins, les aides-soignants, les kinésithérapeutes ou encore les ergothérapeutes.

Lomig Le Bihan, secrétaire de la SFE. © DR

Comment êtes-vous organisés en interne ?

Lomig Le Bihan – Nous travaillons de manière pluriprofessionnelle entre professionnels de la santé et avec des chercheurs. Nous menons des recherches et effectuons des enquêtes épidémiologiques pour orienter nos recommandations.

Nous proposons aussi des journées de formation comme notre journée nationale, qui se déroule une fois par an [cette année à Nîmes les 5 et 6 octobre, NDLR].

 Nous organisons aussi une Journée des experts avec des spécialistes de l’escarre.

Toutes nos informations sont disponibles gratuitement sur notre site Internet.

Cependant, une partie est exclusivement dédiée aux membres de la SFE afin de leur permettre d’approfondir des thématiques.

La place des infirmiers au sein de la SFE a-t-elle toujours été prégnante ?

Lomig Le Bihan – C’est en effet un vrai choix de la part de la direction de la SFE, de travailler en pluriprofessionnalité et de faire une place aux paramédicaux au sein des instances décisionnaires. Nous avons chacun notre vision des soins et de la prise en charge, nous sommes donc tous complémentaires. Notre organisation est vraiment globale, toute profession confondue.

Quel est l’intérêt pour les infirmiers d’adhérer à la SFE ?

Myriam Laftess – Nous travaillons sur les dernières recommandations de bonnes pratiques, que nous mettons à jour régulièrement en fonction des avancées dans le domaine, ce dont les infirmiers peuvent se saisir dans leur pratique. Ces règles de bonnes pratiques sont élaborées par des groupes de travail internes, avec des experts reconnus dans le domaine, à partir de sujets historiques et des demandes de terrain. Certains services hospitaliers sont très sensibilisés à la prévention et d’autres moins, ne serait-ce pour l’évaluation du risque d’escarre avec l’échelle de Braden à l’inclusion d’un patient. Nous cherchons à promouvoir cette évaluation par tous.

Lomig Le Bihan – Nos travaux participent à la montée en compétences des infirmiers, qui peuvent ainsi les mettre à jour, et les appliquer dans le cadre de leur pratique clinique quotidienne, afin de limiter les risques d’escarres. Nous cherchons vraiment à communiquer au maximum sur les escarres, surtout dans un contexte d’hyperspécialisation de la médecine.

Ce sont principalement les soignants des services de gérontologie, de chirurgie, de médecine physique et réadaptation, qui participent à nos journées nationales. Les autres spécialités se sentent moins concernées alors que finalement, les patients à risque sont présents dans tous les services. Nous cherchons donc à construire des ponts avec toutes les spécialités. Notre objectif est d’ailleurs de nous entourer d’autres sociétés savantes, afin de produire et diffuser des travaux communs sur les escarres.  

Parvenez-vous aussi à toucher les libéraux ?

Lomig Le Bihan – C’est plus difficile, mais en fonction des territoires, nous disposons de relais. En Bretagne par exemple, les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) se sont saisies de cette problématique et assurent l’information des libéraux.

C’est le cas aussi dans certains territoires avec les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). En revanche, il n’y a pas de politique nationale de prévention du risque d’escarres.

Nous devons donc mener un lobbying quotidien et constant car l’enjeu de santé publique est réel autour de la mobilisation et la sensibilisation de l’ensemble des soignants.

Propos recueillis par Laure Martin

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