« Nous promouvons l’expertise infirmière dans le champ de la douleur chronique »

La Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), qui œuvre à l’élaboration de recommandations de bonnes pratiques dans la prise en charge de la douleur, est notamment composée d’une Commission professionnelle infirmière (CPI).  Le point avec Karine Constans, présidente de cette CPI.

Chaque mois, ActuSoins présente une organisation infirmière ou en lien avec les infirmiers (voir encadré). 

Karine Constans, présidente de la CPI de la SFETD. © DR

Dans quel contexte est née la SFETD ?

La SFETD, qui s’appelait à l’origine, la Société d’étude et de traitement de la douleur (SETD), est née en 2000 de la fusion de la Société française de la douleur (SFD), qui se concentrait sur la recherche fondamentale, et de la Société francophone d’étude de la douleur (SOFRED), davantage clinicienne.

Les deux sociétés étaient très médico-centrées. Puis la SFETD a progressivement évolué avec l’élaboration des différents Plans « douleur », ainsi qu’avec la création et la labellisation des structures de prises en charge des douleurs chroniques. Pour être labellisées, elles doivent être composées d’un médecin de la douleur, d’une infirmière titulaire d’un Diplôme universitaire sur la prise en charge de la douleur, d’un psychologue et d’une secrétaire.

À cette période, deux infirmières ont alors intégré le Conseil d’administration (CA) de la SFETD, doté de 12 membres, pluridisciplinaire et pluriprofessionnel. La SFETD, qui compte 305 infirmiers membres, a pour vocation de réunir tous les professionnels de santé, favorisant les soins et la recherche dans le domaine de la prise en charge de la douleur pour élaborer des recommandations de bonnes pratiques.

Actuellement, le CA travaille sur trois axes particuliers à savoir le parcours de soins, la formation et le public vulnérable. Il y a trois ans environ, nous avons élaboré, avec d’autres associations, une liste de 22 propositions dans le but de faire de la douleur un enjeu de société de premier plan. Ce travail a été affiné avec le ministère de la Santé et la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). L’objectif serait aujourd’hui qu’il soit exploité notamment dans le cadre du plan décennal douleur et soins palliatifs.

Qu’en est-il de la place des infirmiers au sein de la SFETD ?

La SFETD est composée de plusieurs commissions, dont la Commission professionnelle infirmière (CPI), l’une des premières à avoir été créée en 2005, présidée par les représentants infirmiers élus au CA. La CPI est dotée d’un comité de pilotage (Copil) de 12 membres à savoir des cadres de santé, des infirmiers impliqués dans la prise en charge de la douleur en libéral ou en institution ou encore des infirmiers investis dans le champ de la formation. Depuis cette année, la CPI est également ouverte à une vingtaine de membres associés notamment des correspondants infirmiers régionaux, des infirmiers engagés dans des groupes de travail ou d’autres commissions de la SFETD, des membres cooptés par le Copil, ou encore des infirmiers candidatant spontanément. Ils sont associés aux travaux de la commission.

L’objectif de la CPI est de développer et promouvoir l’expertise infirmière dans le champ de la prise en charge de la douleur. Selon les demandes, nous sommes amenés à travailler sur des référentiels de compétences et d’activité. Nous en avons produit deux : un référentiel d’activité et de consultation clinique infirmière en 2016 et un référentiel d’activité et de compétences en 2020.

Vous travaillez également à la reconnaissance de la pratique avancée…

Il s’agit en effet de notre dernier chantier ! Nous aimerions la création d’une mention « prise en charge de la douleur » en pratique avancée. La CPI a travaillé sur un argumentaire en 2021, qu’elle a transmis à la cheffe de la mission qualité et pertinence de la DGOS. À la suite de cet échange, elle nous avait annoncé une nouvelle mention et un référentiel qui conduirait à disposer, sur le terrain, des premières IPA dans le domaine de la douleur, dès 2025/2026.

Puis, en 2022, la DGOS a proposé à la SFETD de travailler à l’élaboration d’un protocole de coopération dans l’attente des travaux sur les IPA. Sans perdre de vue notre objectif, nous avons accepté, car cela fait avancer la profession. Nous avons donc participé à la rédaction de l’appel à manifestation d’intérêt sur la prise en charge de la douleur par les infirmiers experts dans les structures labellisées de prise en charge des douleurs chroniques, publié en novembre 2022.

Nous avons ensuite été sélectionnés pour participer à la rédaction du protocole avec plusieurs équipes, en collaboration avec les médecins. La coopération entre les médecins et les infirmiers des structures "douleur" devrait porter sur plusieurs axes : la prescription de TENS (neurostimulation électrique transcutanée), le suivi des traitements médicamenteux ou encore la prescription des bons de transport. Nous espérons une entrée en vigueur en début d’année prochaine au plus tard.

La SFETD propose-t-elle des formations à ses membres ? 

L’organisme de formation de la SFETD, Maleva Santé, certifié Qualiopi, propose des formations courtes ou encore des journées thématiques, sur des sujets intéressants directement les infirmiers, tels que la neuromodulation ou la neurostimulation magnétique transcrânienne (rTMS). L’année prochaine, la commission infirmière va d’ailleurs proposer un webinaire sur le TENS. Outre l’organisation de notre congrès annuel, nous proposons aux infirmières membres, de participer à nos Universités, chaque année au printemps.

Nous nous retrouvons en immersion pendant trois jours.  En mars 2024, elles porteront sur les pathologies douloureuses, le raisonnement clinique infirmier et la prise en charge pluriprofessionnelle. Enfin, sur notre site, une mine d’outils en lien avec la prise en charge de la douleur est accessible aux infirmières.

Propos recueillis par Laure Martin

Je m'abonne gratuitement à la newsletter

Abonnez-vous au magazine Actusoins pour 14€90/an

Lire aussi, sur ActuSoins.com : 

Société française de l’escarre (SFE) :« La sensibilisation des soignants aux risques d’escarres est un réel enjeu de santé publique » (août 2023)

« La Fabrique des soignants » invite à penser l’avenir du système de santé (juillet 2023)

SFMU Société française de médecine d’urgence : une place de premier rang accordée aux soignants (juin 2023)

Société française de gériatrie et gérontologie : « nous construisons une vision globale du parcours des personnes âgées » (mai 2023)

ADRpsy : « il faut promouvoir la recherche infirmière en psychiatrie » (avril 2023)

 AFDS : « nous cherchons à promouvoir le métier de directeur des soins » (mars 2023) 

SFAR : Des infirmiers au sein de la Société française d’anesthésie et de réanimation (février 2023)

AFSOS : « les infirmiers tiennent une place majeure au sein de l’Afsos » (janvier 2023)

SFSD : « nous prônons un exercice humaniste de la télésanté » (décembre 2022)

Société des infirmières françaises en ophtalmologie (SIFO) : « nous cherchons à perfectionner notre pratique » (novembre 2022)

Association française des infirmiers de chirurgie vasculaire : « notre congrès permet des partages à l’international » (octobre 2022)

AFET : « notre objectif est de promouvoir la stomathérapie » (septembre 2022)

SIDERAL, un vivier de stimulations à la montée en compétences des infirmiers (juillet 2022)

IDEAL : « créer des liens permet de favoriser l’entraide entre infirmiers libéraux » (juin 2022)

UNAIBODE : « nous voulons une vraie reconnaissance de la spécialité Ibode » (avril 2022)

AILBA : « nous avons souhaité solidariser les infirmiers libéraux de notre territoire » (mars 2022)

SoRIP : « la recherche peut faire partie du quotidien des puéricultrices » (février 2022)

Collège des infirmièr(es) puéricultrices(eurs) : « notre rôle est de faire évoluer les pratiques professionnelles » (janvier 2022)

SOFERIBO : « nous étudions les situations de terrain vécues par les Ibode » (décembre 2021)

ANISP : « nous cherchons à promouvoir et harmoniser les pratiques des infirmiers de sapeurs-pompiers » (novembre 2021)

Conseil national professionnel infirmier : « nous avons besoin de moyens pour produire des avis argumentés » (octobre 2021)

AEEIBO : « les Ibode doivent devenir autonomes dans le cadre de leurs actes exclusifs » (septembre 2021)

ACICC : « la consultation infirmière est encore peu connue » (août 2021)

AFIDTN : « une réflexion est à mener sur la réforme des actes infirmiers » (juillet 2021)

CEEPAME : « les infirmières puéricultrices doivent être reconnues comme des référentes santé » (juin 2021)

 RIEEST : « les infirmiers de santé au travail doivent tous bénéficier d’une formation identique » (mai 2021)

Comité d’entente des écoles IADE : « nous aimerions que notre autonomie soit actée d’un point de vue législatif » (avril 2021)

ANEIA : « nous aimerions être davantage considérés comme des acteurs de notre formation » (mars 2021)

Conseil international des infirmières : « il faut plus que jamais déployer le leadership des infirmiers »(février 2021)

Association des infirmiers en rééducation et réadaptation : porter la réflexion sur le handicap (janvier 2021)

UNIDEL : « la profession doit prendre en main son avenir » (décembre 2020)

Tabacologie (Afit&a) : « Les infirmiers doivent se saisir de leurs compétences » (novembre 2020)

AFIC : l’association qui fédère les infirmiers de cancérologie (octobre 2020)

 SIDIIEF : « les infirmiers doivent apprendre à valoriser par eux-mêmes leur expertise » (septembre 2020)

Association pour l’innovation en santé : « la rencontre humaine est le moteur de notre association »(août 2020)

Avec la FNIR, les infirmiers de réanimation se fédèrent (août 2020)

Association française des infirmier(e)s de thérapie cellulaire hématologie, oncologie et radiothérapie : « notre objectif est d’alimenter la réflexion » (juillet 2020)

Association francophone des infirmiers du diabète : « les compétences des infirmiers sont sous exploitées » (juin 2020)

ANPDE : « les enfants ont des besoins spécifiques qui requièrent une formation dédiée » (mars 2020)

ANFIPA : « aujourd’hui, nous nous mettons en ordre de marche » (février 2020)

Association de recherche en soins infirmiers : « notre objectif est de sensibiliser les infirmiers à développer la recherche » (janvier 2020)

Infirmiers de santé au travail : « notre montée en compétence requiert une formation dédiée »(décembre 2019)

ANFIIDE : « nous devons créer un leadership infirmier » (novembre 2019)

ANdEP : "nous voulons faire évoluer le rôle de directeur". (Sept 2019)

CEFIEC : "notre finalité est de promouvoir la formation en sciences infirmières" (Octobre 2019)

Abonnez-vous à la newsletter des soignants :

Faire un don

Vous avez aimé cet article ? Faites un don pour nous aider à vous fournir du contenu de qualité !

faire un don

Réagir à cet article

retour haut de page
347 rq / 3,490 sec