Traitement de la douleur : un protocole de coopération préalable à la pratique avancée infirmière ?

Le souhait de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD) de voir créer une pratique avancée infirmière avec la mention « douleur » pour fluidifier les parcours attendra. Un protocole de coopération doit en revanche être mis en place. La société savante l'a annoncé la semaine dernière.

Traitement de la douleur : un protocole de coopération préalable à la pratique avancée infirmière ?

© trairut noppakaew / ShutterStock

La SFETD milite pour la création d'une mention de pratique avancée pour les infirmiers qui oeuvrent dans son domaine -la douleur- comme d'autres sociétés savantes médicales.

Comme l'a rappelé Karine Constans, responsable de la commission professionnelle infirmière de la SFETD, lors d'une récente conférence de presse de la société savante, un des trois axes prioritaires de son plan d'action pour améliorer la prise en charge de la douleur en France vise à reconnaître la pratique avancée dans l'exercice des infirmiers ressource douleur (IRD) au sein des structures Douleurs chroniques. « Nous nous sommes aperçus que quand on mettait les compétences des IPA et des IRD côte à côte, elles avaient beaucoup de choses en commun », explique-t-elle.

La création de cette mention de pratique avancée viserait à promouvoir l'expertise des IRD et développer les soins infirmiers dans le champ de la douleur, de définir, évaluer et diffuser les activités et les champs de compétences de l'IRD, de développer la recherche infirmière dans ce domaine mais aussi d'initier et conduire des travaux en matière de soins, d'ETP, de formation initiale et continue, de démarche qualité, d'EPP, etc.

Il s'agit aussi de promouvoir le partage d'expériences, les publications sur les travaux en soins infirmiers et développer une synergie nationale par l'intermédiaire de correspondants régionaux.

Reconnaissance des IRD

La SFETD a présenté cet argumentaire à Anne Vitoux, du bureau « Qualité sécurité des soins » de la DGOS en novembre 2021, lors du congrès annuel.

« Elle nous a alors annoncé qu'une nouvelle mention et un nouveau référentiel de formation pourraient être créés pour 2025 ou 2026 », raconte Karine Constans. La commission infirmière de la société savante a donc constitué un groupe de travail pour plancher sur le sujet mais en avril, la DGOS a sollicité la SFETD pour lui proposer de concevoir à la place un protocole de coopération. « Nous avons été surpris car nous étions pas dans ce registre », ajoute l'infirmière.

Un protocole de coopération organise en effet des modalités de coopération entre médecin et infirmier sur un périmètre très circonscrit, moyennant une formation courte de l'infirmier qui dispose de moins d'autonomie qu'en pratique avancée.

Celui qui est en train d'être conçu devrait porter sur le suivi et l'adaptation des prescriptions de médicaments anti-douleur et de thérapies non médicamenteuses, ou encore des examens. Il est destiné à encadrer la collaboration entre des IRD et des médecins au sein des structures labellisées « douleur ».

La situation des patients concernés n'est pas encore décidée : le projet d'Appel à manifestation d'intérêt, qui permettra à des équipes de candidater, est encore en cours de rédaction.

Une première étape ?

Selon Karine Constans, ce protocole de coopération serait une étape « en attendant de reprendre les discussions sur une nouvelle mention de pratique avancée » : la porte de la DGOS sur le sujet ne lui semble pas fermée.

Avec ce protocole, il s'agit déjà selon elle d'une première reconnaissance des compétences des IRD et d'un moyen de fluidifier les parcours. Surtout, un protocole de coopération peut se mettre en place beaucoup plus rapidement qu'une nouvelle mention de pratique avancée.

L'infirmière estime que les deux modalités d'évolution des pratiques infirmières ne s'excluent pas l'une l'autre mais peuvent s'additionner. Le protocole de coopération peut ainsi bénéficier selon elle aux « anciennes » infirmières qui ne souhaitent pas étudier deux ans pour pratiquer la pratique avancée. Pratique avancée qui peut, elle, séduire davantage les « nouvelles » et futures infirmières familières avec le cursus universitaire sur le modèle LMD...

L'éventuelle pratique avancée « douleur » pourrait, selon Karine Constans, être soit intégrée dans la mention « pathologies » chroniques, avec un supplément de formation sur la douleur, soit faire partie d'une mention élargie « douleur et soins palliatifs ».

Une discussion est menée sur ce sujet avec la Société française de soins palliatifs. D'autres pourraient, reprendre, le moment venu avec le Conseil national professionnel IPA.

Ce dernier privilégie plutôt actuellement une approche populationnelle de la pratique avancée et non par pathologie. Mais la douleur, problématique transversale à de nombreuses pathologies, n'en est pas une. L'avenir dira si la mention désirée par la SFETD verra bien le jour ou si le protocole de coopération court-circuitera le projet.

Géraldine Langlois

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