Chaque mois, ActuSoins présente une organisation infirmière (voir encadré).
Dans quel contexte l’AFET a-t-elle été fondée ?
L’association existe depuis 1978. Elle a été fondée par une infirmière, Suzanne Montandon, surveillante dans le service du Pr Guillemin, chirurgien à l’Hôtel-Dieu de Lyon.
Elle était précurseure de la stomathérapie en France. Avant 1976, il n’existait pas beaucoup de références dans le domaine dans l’Hexagone.
Puis, Suzanne Montandon est partie se former aux Etats-Unis. C’était une gageure à l’époque. Elle était très visionnaire. Elle est revenue avec le titre et la compétence d’infirmière entérostoma-thérapeute, et a souhaité valoriser sa formation et son expertise.
Soutenue par le Pr Guillemin, elle a ouvert en 1978 à Lyon, la première consultation puis la première école de stomathérapie. Avec les infirmières de la première promotion, elles ont décidé de fonder l’AFET.
La stomathérapie est donc une spécificité de la profession ?
Tout à fait. Il existe quatre écoles en France : une privée avec deux sites à Paris et Lyon, une dépendant du CHU de Bordeaux et l’autre du CHU de Nîmes.
Les formations sont d’une durée moyenne de 45 jours, alternant pratiques et théories. Dans la majorité des cas, les infirmières intègrent une école pour se former à la suite d’un projet de service ou d’établissement.
Il peut s’agir également plus rarement, mais comme dans mon cas, d’une démarche personnelle. Ne peuvent prétendre au titre de stomathérapeute, que les infirmières ayant suivi la formation au sein de l’une de ces quatre écoles.
Notre spécificité nous permet d’apporter notre expertise pour la prise en charge des stomies et fistules mais aussi pour les patients porteurs de plaies complexes, pour ceux souffrant d’incontinence annale ou urinaire et pour les patientes mastectomisées. En fonction des hôpitaux, nous développons tout ou partie des quatre axes.
Quelles sont les missions de l’AFET ?
Notre objectif est de promouvoir la stomathérapie et d’améliorer la qualité de vie des patients stomisés. Nous échangeons beaucoup avec les associations de patients sur le sujet afin notamment d’aider les stomisés à surmonter leur handicap.
Nous diffusons également des informations sur cette spécificité. Nous sommes d’ailleurs reconnus comme organisme de formation et proposons chaque année une formation de remise à jour des connaissances.
Nous détenons par ailleurs un agrément du World council of enterostomal therapist (WCET) – une organisation américaine définissant les normes mondiales de cette activité – afin de contrôler les formations dispensées au sein des quatre écoles françaises de stomathérapie, et nous assurer qu’elles répondent au cahier des charges.
Enfin, nous cherchons aussi à développer les échanges avec les groupes professionnels, avec les instances telles que la Haute autorité de santé (HAS) et avec les fabricants de dispositifs médicaux, notamment pour améliorer le matériel à destination des stomisés.
Souhaiteriez-vous une reconnaissance de votre spécialité ?
Oui bien entendu, comme de nombreuses infirmières exerçant des spécificités. Mais nous nous heurtons à plusieurs problèmes. Tout d’abord, qui dit reconnaissance, dit hausse des salaires. Certes, nous ne sommes pas nombreuses à exercer cette spécificité, mais pour les tutelles, ce serait une porte ouverte aux revendications de toutes les spécificités infirmières.
Le second obstacle est notre absence de formation universitaire. Nous ne détenons pas un Diplôme universitaire puisque nous sommes formées au sein d’écoles. Il faudrait que nous réformions la formation pour la rendre plus longue et universitaire.
L’AFET propose-t-elle une actualité particulière ces prochains mois ?
Nous organisons nos journées de formation en octobre à Nîmes. Il est encore possible de s’y inscrire mais elles sont uniquement ouvertes aux stomathérapeutes. Nous aborderons des thématiques en lien avec l’urologie, la cicatrisation ou encore la spécialité digestive ainsi qu’une nouveauté ou une spécificité régionale.
Nous travaillons par ailleurs avec l’Union d’associations françaises de stomisés – ex Union stomisés Grand Sud – à la labellisation de la formation des patients experts. Nous élaborons un cahier des charges afin que la formation réponde à des exigences sur les minimums requis pour endosser ce rôle.
Propos recueillis par Laure Martin
Site Internet de l’association : http://www.afet.asso.fr/
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