L’Ordre National des infirmiers a lancé la semaine dernière une plateforme pour inviter les infirmiers à soumettre des propositions aux candidats à l’élection présidentielle.
A l’heure de la rédaction de cet article, le questionnaire a déjà recueilli plus de 11 400 réponses. Pour l’instant, seuls les inscrits au tableau ordinal et dont l’adresse mail est connue par l’instance (soit 180 000 personnes) ont reçu le lien, permettant de se connecter et de donner son avis. Mais l’Ordre veut toucher toute la profession et pense aux solutions pour atteindre les autres professionnels, sans rendre pour autant la plateforme totalement accessible au public (le risque serait de permettre à une population non représentative de donner un avis au nom des infirmiers). L’instance envisage aussi d’élaborer un questionnaire dédié aux étudiants en soins infirmiers.
“On demande aux infirmiers de donner leur avis sur des propositions que nous allons soumettre aux candidats, explique Karim Mameri, secrétaire général de l’ONI. L’idée est de prendre en compte l’opinion des infirmiers, pour savoir si ces propositions sont conformes aux attentes du terrain et s’il faut les amender. Elles seront hiérarchisées selon les remontées“.
Le questionnaire interroge sur une dizaine de thématiques : Conditions de travail, qualité et sécurité des soins, prévention, présence d’infirmiers conseillers dans les ministères, développement d’une “véritable” filière universitaire. Et propose des solutions à valider…ou non.
“Plus de 1500 élus de l’ONI ont permis d’établir ces propositions en faisant remonter du terrain un certain nombre d’attentes. On demande maintenant aux infirmiers de donner leur avis, avec la possibilité de noter des commentaires” souligne Karim Mameri.
Les conditions d’exercice pointées du doigt
Comme les organisations associatives et syndicales, l’ONI déplore les conditions d’exercice actuelles des infirmiers en France. Sur la plateforme, la thématique est pour l’instant placée en priorité n°2, juste après le maintien d’un système d’Assurance maladie solidaire.
“Aujourd’hui, les infirmiers veulent du temps pour faire correctement leur travail. Beaucoup sont en souffrance et parfois même en burn-out, parce que la productivité exigée provoque une rupture totale avec leurs valeurs professionnelles” explique Karim Mameri.
Ainsi, l’Ordre propose de renforcer les normes de qualité et de sécurité des soins pour permettre la prise en charge globale du patient, notamment en définissant un nombre maximum de patients par infirmier, selon les secteurs d’activité, dans les établissements de soins. Dans la même thématique, il suggère de systématiser le compagnonnage (accompagnement par un infirmier senior) dans la prise de nouvelles fonctions et d’assurer un encadrement de proximité dans les services, par un cadre issu de la filière infirmière.
Pour l’Ordre, l’important est de “crédibiliser le message” assure Karim Mameri, et surtout de “prendre en compte les avis des professionnels“.
“Nous sommes déjà en contact avec les candidats. Certains nous ont même contacté lorsque nous avons lancé la plateforme. Ils souhaitent nous rencontrer” indique Karim Mameri.
Aucune date n’est encore fixée.
Malika Surbled
Les propositions de l’Ordre : Sélection de propositions (liste non exhaustive)
L’Ordre National des Infirmiers souhaite :
– que le modèle social français de solidarité, basé sur les principes fondamentaux d’universalité et d’égalité d’accès aux soins et sur la Sécurité sociale, soit préservé.
– Renforcer les normes de qualité et de sécurité des soins pour permettre la prise en charge globale du patient, notamment en définissant un nombre maximum de patients par infirmier, selon les secteurs d’activité, dans les établissements de soins.
– Systématiser le compagnonnage (accompagnement par un infirmier senior) dans la prise de nouvelles fonctions.
– Assurer un encadrement de proximité dans les services, par un cadre issu de la filière infirmière.
– Créer et valoriser un statut d’infirmier référent/coordonnateur (acteur pivot de la prise en charge pluridisciplinaire des soins).
– Valoriser le temps consacré par l’infirmier à la prévention et à l’éducation pour la santé, auprès de la population, à tout stade de la vie (sexualité, vaccination, alimentation, addictions, suicide, etc…).
– que des infirmiers reconnus pour leur expertise soient nommés conseillers dans les ministères (santé, éducation nationale, travail).
– que la participation d’infirmiers soit prévue dans toutes les instances décisionnaires avec voix délibérative et que les organes de représentation des infirmiers soient sollicités systématiquement pour toutes décisions concernant l’évolution de leurs pratiques professionnelles.
– qu’une véritable filière universitaire en sciences infirmières soit créée au cours du prochain quinquennat et que ce projet soit piloté par une mission interministérielle dépendant directement du Premier ministre pour en faire une priorité politique.
– Supprimer l’accès partiel à la profession d’infirmier qui vient d’être introduit à l’instigation de l’Europe et qui est une véritable vente à la découpe de nos compétences
– Mettre en place la pratique avancée infirmière (niveau master) pour répondre aux besoins de soins non couverts : offre de premier recours, coordination, consultation de suivi, d’éducation à la santé, organisation du parcours
– Que la nomenclature des actes infirmiers puisse évoluer conformément à l’évolution des soins, des techniques et des besoins de la population. Les infirmiers, donc l’Ordre, doivent être partie prenante à la révision régulière de la nomenclature et avec voix délibérative.
– Lutter contre la violence à l’encontre des professionnels de santé par des mesures fortes (crédits dédiés, tolérance zéro dans les établissements de santé, systèmes connectés d’alarme, plan de formation préventive des infirmiers qui se déplacent au domicile).
– Mettre en place une couverture maternité supplémentaire pour les infirmières libérales.
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