Chaque mois, ActuSoins vous présente une organisation infirmière (voir encadré).
Comment est née l’idée de créer l’ACICC ?
L’association est née de l’initiative d’un groupe d’infirmières libérales (Idel) formées à la consultation et à la démarche clinique infirmière. L’objectif était de se retrouver, de se regrouper, de partager des compétences et de réfléchir à la mise en place cette consultation clinique infirmière.
Nous avons donc travaillé sur l’éducation thérapeutique du patient, sur les dossiers de soins. Avec des infirmiers ayant des cursus de formation complémentaires, des Diplômes universitaires, nous voulons mettre en effervescence et en synergie toutes nos connaissances pour faire connaître la clinique et la consultation infirmière. Ne serait-ce par les médecins, pour qui cette thématique reste nébuleuse.
Si à l’origine, l’adhésion à notre association était réservée à des Idel qui avaient soit une formation en consultation infirmière, soit en clinique, aujourd’hui, nous sommes ouverts aux infirmiers qui ont envie de faire de la formation ou qui ont des idées de projets.
Quels sont justement les projets sur lesquels vous avez travaillés ?
Deux dossiers importants ont été portés par l’association.
Tout d’abord, la prise en charge du patient douloureux chronique à domicile, sur le modèle d’une consultation infirmière. Nous avons élaboré le modèle, en 2014/2015, car à l’époque, il n’en n’existait pas vraiment. Nous avons ensuite obtenu un financement de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS), qui nous a permis de le mettre en pratique pour en faire bénéficier les patients gratuitement.
Nous avons voulu porter notre projet au niveau de l’Agence régionale de santé, mais c’est devenu compliqué. Nous avons été maintenus en haleine pendant des années. Puis, entre les nouveaux champs de restructurations de la santé, l’exercice coordonné, de nombreux changements sont intervenus dans la pratique des soins, et finalement, aucune suite nous a été donnée. Aujourd’hui, lorsque nous recevons des demandes de la part des patients, nous les prenons en charge, mais cela repose sur leur financement personnel.
Nous avions pensé effectuer un appel à projet ou postuler au Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP). Mais cela reste lourd à mettre en place en pratique car nous ne sommes pas rattachés à une institution et nous n’avons pas de temps dédié.
Notre deuxième dossier, nous y avons réfléchi courant 2019. Nous avons voulu changer de thématique pour fêter le 10e anniversaire de l’association, et nous nous sommes penchés sur la souffrance et l’épuisement des professionnels de santé. Nous nous sommes formés pour ainsi proposer une consultation de repérage, de dépistage et de réorientation aux professionnels libéraux en souffrance afin de travailler en pluridisciplinarité.
En libéral, nous ne disposons pas de médecine préventive et nos suivis au niveau de la médecine professionnelle sont moindre. Pourtant, les libéraux sont nombreux à être concernés par l’épuisement, la fatigue et ce, depuis bien avant la crise sanitaire. Nous avons également obtenu un financement de l’URPS pour cette consultation. Mais nous devons encore faire connaître notre intervention sur cette thématique.
Au quotidien, comment défendez-vous votre action ?
Nous avons beaucoup démarché les médecins. Mais il est vrai que c’est usant de maintenir le rythme.
Aujourd’hui, au niveau départemental, l’association est identifiée et une partie des professionnels de santé ont entendu parler de nous.
Ils font d’ailleurs appel à nous, nous demandent des conseils, des renseignements, pour monter un projet et une consultation infirmière. Mais le problème reste celui du financement des projets. Les financements sont ponctuels. Lorsqu’on en obtient, la consultation est gratuite pour les patients.
Certaines mutuelles prennent aussi en charge la consultation dans certains cas, dans le cadre d’un forfait « médecine douce ». Mais la consultation infirmière reste encore peu connue, surtout dans le monde libéral.
En institution, elle se déploie sur des problématiques particulières. Aujourd’hui, nous continuons à défendre la clinique infirmière car c’est une façon de promouvoir le soin différemment, d’arriver avec d’autres outils. Peut-être allons nous répondre à d’autres demandes à l’avenir. Mais il faudrait que cela soit correctement payé. Le système de santé français a besoin de grandir par rapport à ses notions.
Propos recueillis par Laure Martin
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