Passer plus de temps avec un patient, tel est l’objectif de la consultation infirmière, une pratique qui séduit de plus en plus d’infirmiers libéraux. Seul bémol : le financement. Mais cela n’entrave en rien la motivation. Retour sur trois initiatives.
« Ce qui nous tient à cœur, c’est de prendre en charge nos patient différemment », explique Dominique Jakovenko, président de l’Association des infirmiers libéraux du Bassin Alésien (AILBA), qui regroupe depuis 2009, une cinquantaine de membres souhaitant développer la consultation infirmière.
Ce dispositif de prise en charge a pour vocation de répondre à des problèmes présentés par un patient dans le cadre de sa maladie ou de son vécu.
Il s’agit donc d’organiser un suivi individualisé au cours de plusieurs séances durant de trois-quarts d’heure à une heure. Ainsi, les infirmiers formés sont amenés à poser des diagnostics et à proposer une solution au patient qui soit au cœur de sa prise en charge.
« Le but est d’apporter des connaissances au patient et de développer ses compétences pour changer sa manière de faire, et pour se détacher du tout curatif », rapporte Dominique Jakovenko.
Entretien individuel et collectif
L’AILBA travaille sur l’expérimentation de séances individuelles d’éducation thérapeutique (ETP) dans le cadre de la consultation infirmière. « La séance individuelle, c’est du sur-mesure », soutient Dominique Jakovenko. Il restait à trouver un financement qui pourrait aboutir à une expérimentation nationale.
Au mois de mai, la CPAM et l’Agence régionale de santé (ARS) Languedoc Roussillon, ont finalisé et validé un courrier commun qui devrait être envoyé à la CNAM et au ministère de la Santé demandant la mise en route de l’expérimentation.
Ce projet prévoit l’inclusion du patient par le médecin notamment pour la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), les maladies cardiovasculaires et insuffisances cardiaques, le diabète et l’oncologie. L’infirmier réalise ensuite le recueil de données, assure les consultations individuelles et le recueil final. Au médecin d’effectuer ensuite le bilan final.
Une rémunération des professionnels est envisagée : quarante euros par séance pour l’infirmier et cinquante euros pour le médecin pour la consultation de début de programme et pour celle de fin de programme.
« Nous sommes d’accord pour nous déplacer en dehors de notre secteur s’il le faut, car il s’agit d’un vrai enjeu de santé publique », fait savoir Dominique Jakovenko.
Par ailleurs, l’AILBA a reçu une autorisation pour quatre ans de l’ARS, pour conduire et mettre en œuvre un programme d’ETP pluridisciplinaire pour des consultations collectives, pour le diabète de type 2, l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque.
« Nous sommes vraiment novateurs car 98 % des projets sont portés par des structures alors que là, nous sommes libéraux », précise le président.
Trois thématiques sont envisagées : la maladie et son traitement, la diététique, et l’activité physique. Pour les séances collectives, un financement de l’ARS serait envisagé à hauteur de 250 euros par patient pour trois séances.
Se donner confiance
Dans le Poitou-Charentes, environ vingt-cinq infirmiers libéraux formés à la consultation infirmière viennent eux-aussi de créer leur association dans le but de promouvoir cette consultation.
« Notre objectif est d’organiser la consultation et de la structurer en dehors des soins techniques », explique Christelle Fourneau, vice-présidente de l’Association régionale pour la consultation infirmière (ARPCI).
Mais l’ARPCI souhaite avant tout donner confiance aux infirmières libérales et les pousser à s’engager dans ce type de consultations. « Nous pratiquons les consultations uniquement auprès de nos patients, souligne Christelle Fourneau. Nous le faisons sur la base des démarches de soins infirmiers avec des patients en situation de dépendance par rapport à un traitement, à un acte technique. »
Le médecin leur donne une prescription pour la démarche de soins infirmiers qui est coté AIS 4. « C’est le seul moyen pour se faire rembourser la consultation », rapporte la vice-présidente qui précise qu’une séance par semaine pendant trois mois est envisagée. Et d’ajouter : « Au sein de l’association, nous nous regroupons pour analyser nos pratiques, partager nos expériences et nos connaissances. Nous voulons aussi devenir un peu plus visibles dans le paysage ambulatoire de la région et montrer ce que nous savons faire. »
Travail en réseau
Catherine Hoog, infirmière libérale à Paris, a quant à elle fait un autre choix pour pratiquer la consultation infirmière : elle intervient depuis 2001 au sein du Réseau Paris diabète.
« J’ai été intéressée par le réseau dès sa création, car il prévoyait de réserver une place particulière aux infirmières pour une heure de consultation avec des entretiens d’évaluation pour les patients », explique-t-elle en précisant avoir récemment été nommée coordinatrice du réseau. Ce dernier offre des séances d’ETP en groupe et individuelles.
« Prévoir un temps dédié à l’éducation thérapeutique, c’est une bonne chose, ajoute-t-elle. Cela me parait pertinent puisque normalement, on est toujours dans un temps rapide d’exécution. »
Pour les séances individuelles, elle reçoit les patients à son cabinet. La prise en charge prévoit cinq séances renouvelables trois fois. Et d’ajouter : « J’aime beaucoup ce type de prise en charge car les patients sont acteurs de leurs soins. On essaye de voir ce qui est le mieux pour eux, ils sont plus impliqués. C’est un vrai partenariat, et les patients nous renvoient du positif car ils font des progrès. On n’a pas la même relation que dans le soin, la relation humaine est plus équilibrée. »
Laure Martin
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[…Passer plus de temps avec un patient…
…Seul bémol : le financement. Mais cela n’entrave en rien la motivation …]
cqfd !
Des nouvelles compétences gratuites/bénévoles pas cher payées, les IDE(L) vont en avoir, c’est sûr !
Bonjour,
Déjà c’est un point positif que la consultation infirmière voit le jour … On a encore une fois un retard certain sur nos voisins.
Pour le financement, 40 euros par séance pour les infirmiers c’est plutôt bien payé je trouve.
Sachant qu’il me semble que l’exercice infirmier décrit lors de ces consultations est peut-être, différent de la pratique courante mais ce n’est en aucun cas des nouvelles compétences … Juste l’application d’une “petite” partie de notre rôle propre : L’éducation thérapeutique.
Il est encore une fois étonnant d’avoir besoin d’une prescription médicale pour exercer notre rôle propre !!! ( Ex : Education thérapeutique / Demarche de soins infirmiers ) => Nous avons encore du travail pour faire avancer les choses.
Cordialement