Conseil national professionnel infirmier : « Nous avons besoin de moyens pour produire des avis argumentés »

Conseil national professionnel infirmier : « Nous avons besoin de moyens pour produire des avis argumentés »

Le Conseil national professionnel (CNP) infirmier a vocation, comme tous les CNP, à contribuer à la formation, à l’évaluation et à l’amélioration des pratiques professionnelles des infirmiers. Comment travaille-t-il et sur quels sujets ? Le point avec sa présidente Evelyne Malaquin-Pavan.

Chaque mois, ActuSoins présente une organisation infirmière (voir encadré).

Evelyne Malaquin-Pavan, présidente du CNP infirmier
Evelyne Malaquin-Pavan, présidente du CNP infirmier. © DR

Dans quel contexte le CNP infirmier a-t-il été mis en place ? 

Depuis trois ans, la représentativité de notre profession infirmière peut s’appuyer sur les Conseils nationaux professionnels (CNP).

Comme stipulé dans le décret 2019-17 du 9 janvier 2019 relatif aux missions, à la composition et au fonctionnement des CNP des professions de santé, c’est sur l’initiative des organisations professionnelles qu’émerge la demande de reconnaissance par l’Etat du CNP propre à un diplôme d’état.  Pour la profession infirmière, puisque nous avons cinq diplômes d’Etat (DE) (un DE métier socle infirmière DE ; trois DE spécialisées IBODE – IADE – Puéricultrices ; un DE infirmière en pratique avancée), nous avons créé de manière simultanée en 2019/2020 nos cinq CNP de la profession infirmière.

Ce nouveau dispositif CNP est en quelque sorte une opportunité pour promouvoir la contribution de la profession infirmière dans le champ de la santé comme de la maladie, au plus près des besoins de la population. La richesse de notre profession s’objective dans ses modes d’exercices variés intervenant dans tous les milieux de vie, de soins et de travail.

Qu’elles soient dans le champ de la clinique, de l’enseignement ou encore de la recherche, les interventions infirmières que nous dispensons s’inscrivent dans l’interprofessionnalité, c’est-à-dire avec des compétences spécifiques articulées avec celles d’autres professions, notamment de santé.

C’est simple à dire, beaucoup plus complexe à savoir conjuguer au quotidien car cela implique de trouver avec les autres les compromis acceptables permettant de faire émerger le consensus d’un collectif au service de chacun.

Quel est le rôle du CNPI ? 

Défini par décret, le rôle du CNPI est de contribuer à apporter la meilleure réponse possible aux besoins de santé de la population ainsi que des personnes dans une vision structurante et innovante de la profession infirmière. Il contribue notamment à l’amélioration des processus de prise en charge, à la qualité et à la sécurité des soins ainsi qu’à la compétence des professionnels, tant dans les domaines de la promotion de la santé, de la prévention, de l’éducation à la santé, que dans la dispensation de soins de base, techniques, éducatifs et relationnels.

Le CNPI est ainsi partie prenante pour produire des recommandations, siéger de droit dans certaines instances, émettre un avis, désigner des experts infirmiers exerçant dans les différents milieux de soins et territoires pour siéger dans un groupe de travail national autour d’une thématique impactant ou pouvant impacter la pratique infirmière ou l’enseignement en matière de santé (pour le métier IDE socle, les quatre autres diplômes, les autres métiers de la santé), pour contribuer à la rédaction et/ou donner un avis sur des recommandations professionnelles, des modalités de collaboration.

Avec quel type d’instances le CNPI est-il amené à travailler ? 

Schématiquement, le CNPI interagit sous deux axes, l’un interne à la profession, l’autre externe.

Tout d’abord, au sein de la profession infirmière elle-même, nous travaillons en étroite collaboration avec les quatre autres CNP de la profession ainsi qu’avec l’Ordre national infirmier et toute organisation (association, syndicat, collectif). Cette volonté de porter une voix collective à chaque fois que possible est l’un des leviers dont la profession infirmière dispose si elle sait l’activer.

Nous nous sommes rapprochés d’autres CNP plus anciens notamment ceux de la profession médicale et poursuivrons nos prises de contact avec les autres CNP paramédicaux pour créer/consolider nos partenariats.

Côté environnement externe, les autres instances nationales avec lesquelles nous collaborons sont tout autant la Haute autorité de santé, la Direction générale de l’offre de soins, les différents ministères et tutelles associés au monde de la santé et de l’enseignement.

Notre ambition est d’approfondir aussi les réflexions menées avec les associations d’usagers. 

Sur quels dossiers travaillez-vous actuellement ? 

Les sujets ne manquent pas ! Les principales contributions du CNPI ont porté sur le Ségur, des avis rendus sur les protocoles de coopération interprofessionnels, des propositions de priorités d’orientations nationales pour les thématiques de formation continue et les méthodes validées s’y rapportant, pour la réingénierie des métiers, pour la réforme de certaines instances ou pour la préparation du contenu de l’ordonnance de juillet 2019 concernant la certification des professionnels de santé.

Actuellement, nos deux priorités portent sur la structuration des parcours professionnels associant besoins patients/compétences métiers et des réingénieries en cours, notamment celle à anticiper autour de notre métier socle.

Outre l’engagement et l’expertise métier des membres qui le composent, l’un des leviers pour pouvoir remplir les mandats confiés à chaque CNP est bien son modèle économique, qui repose sur le versement d’une subvention d’Etat.

Cette dernière doit être à la hauteur des missions confiées, ce qui aujourd’hui n’est pas le cas. Nous y serons collectivement vigilants car si la création des CNP est une opportunité, nous sommes pleinement conscients de la responsabilité de ce que recouvre le statut de “partie prenante”, c’est-à-dire avoir les moyens de produire un avis argumenté, de pourvoir être présent aux réunions où l’avis est requis.

A défaut, à terme, cela deviendra une coquille vide qu’il faudra savoir dissoudre.

Propos recueillis par Laure Martin

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