La recherche en soins infirmiers prend un nouvel essor en France depuis quelques années. A quoi cela correspond et à qui s’adresse-t-elle ? Christophe Debout, responsable du Département des sciences infirmières et paramédicales à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), nous éclaire sur la question.
Depuis quand la recherche en soins infirmiers existe-t-elle ?
Initialement, elle est apparue au début des années 1950 aux Etats-Unis avec le lancement de la première revue de recherche Nursing Research. Donc dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, il a existé un mouvement visant à produire de la recherche scientifique à partir des soins infirmiers.
Très rapidement ensuite, les organisations internationales ont aidé à son développement notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Conseil international des infirmiers et plus tard l’Union européenne.
D’un point de vue plus pratique, très tôt on a trouvé une initiation à la recherche dans les formations des infirmiers surveillants, puis, plus tard, dans les programmes de formation initiale. 1965 est une date clé en France avec l’ouverture, sous le patronage de l’OMS, de l’Ecole internationale d’enseignement infirmier supérieur à Lyon qui avait cet objectif de développer la culture scientifique et la recherche [l’école a fermée en 1995, NDLR].
En quoi consiste cette recherche en soins infirmiers ?
L’objectif est de produire par la recherche, des savoirs scientifiques utilisables pour alimenter les prises de décisions infirmières, que ces décisions concernent la clinique, la formation mais aussi l’enseignement. Le champ de la recherche infirmière est vaste. Toute pratique infirmière, qu’elle soit libérale ou encore hospitalière, peut faire l’objet d’une recherche et bénéficier de ces résultats.
La recherche en soins infirmiers, essentiellement réalisée par des infirmiers, peut également intéresser des sociologues pour des sujets davantage socio-professionnels comme les relations avec les autres professions de santé.
Quel est le profil des chercheurs infirmiers ?
On peut dénombrer quatre types d’engagements au regard de la recherche. Tout d’abord, les consommateurs, car les infirmiers sont tous consommateurs de travaux de recherche puisqu’ils ont l’obligation d’actualiser en permanence leurs connaissances.
Puis certains souhaitent aller plus loin, et veulent être chercheurs, producteurs de protocoles de recherche, les mettre en valeur, les publier. Cela concerne une proportion un peu moindre d’infirmiers, et nécessite d’acquérir des compétences complémentaires.
D’autres infirmiers contribuent à la diffusion du savoir scientifique en faisant partie des comités de rédactions ou en étant évaluateur au sein des revues professionnelles. Ils sont diffuseurs.
Enfin, il y a les facilitateurs, principalement les leaders associatifs, syndicaux, ordinaux, qui facilitent la diffusion des travaux de recherche et influencent les décisions.
Les infirmières sont-elles impliquées ?
Il s’agit d’un iceberg. Il y a celles qui produisent des travaux, qui les publient, qui sont titulaires d’une bourse de recherche via le Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP). Mais il y a aussi beaucoup d’autres infirmiers qui conduisent des études via un mémoire, mais qui sont moins visibles car ils sont peu nombreux à aller jusqu’à la diffusion des résultats de leurs études. Cependant, je pense que cela va changer car les opérateurs de formation sont conscients de ce problème.
Aujourd’hui, dans la configuration actuelle, les infirmiers produisent des études qui ne portent pas à diffusion. Mais les formateurs demandent de plus en plus des mémoires sous forme d’articles, ce qui pourrait conduire à une plus grande publication. Il y a aussi davantage de mesures incitatives pour amener à publier des mémoires avec de nombreux prix. On est dans une phase de transitions car maintenant on est dans un modèle universitaire qui a pour conséquence l’accroissement des publications.
La recherche en soins infirmiers reçoit-elle des financements ?
Aux Etats-Unis, elle reçoit un volume important de financements. En France, depuis 2010 et la mise en place du PHRIP, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) attribue des financements à une quinzaine de projets d’infirmiers et paramédicaux par an, et certains peuvent obtenir des bourses pour des formations doctorales ou des financements privés. Il y a aussi de plus en plus d’infirmières qui s’impliquent dans les sociétés savantes. Il y a un retard à rattraper mais les choses bougent en France.
Propos recueillis par Laure Martin
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Il est évident que cette soit dite science infirmière n’est pas une priorité des actuels établissements decentrés… la pénurie IDE est une alerte a la non reconnaissance de notre science de tous les jours! Si en plus nos élites supérieurs hiérarchiques s’ autofinancent en priorité leurs formations avant ceux des nons gradés. ..le cercle des sciences se refermera aussi vite su’il ne s’ est ouvert…a bon entendeur^^ 🙂
et les aides financières resteront concetrées autour d’un certain nombre de personnels à l’ego bien marqués qui étoufferont les autres…du déjà connu…une pseudo-élite administrative etc etc etc…dans tout système, on aboutit au même résultats, vous verrez!!!
Espéranza Song
et a quoi ça va servir quand on connait la pénurie des IDE dans les services ;
Les sciences infirmières ou comment inventer une science pour se faire mousser et ramasser de la thune…
“L’objectif est de produire par la recherche, des savoirs scientifiques utilisables pour alimenter les prises de décisions infirmières, que ces décisions concernent la clinique, la formation mais aussi l’enseignement.” :
un bon exemple serait le bienvenu et clarifierait le propos…