La BRED a accepté de prolonger jusqu’à fin juin la ligne de crédit de l’Ordre infirmier. Les départements doivent désormais faire rentrer un maximum de cotisations dans cette période, faute d’aboutir rapidement à la cessation de paiement.
Dominique Le Boeuf appelle dans une lettre les conseillers nationaux à se mobiliser pour augmenter de façon majeure le nombre de cotisations dans les deux prochains mois. L’institution se trouve en effet dans une situation particulièrement grave.
Dès l’annonce de Nora Berra menaçant de rendre l’inscription à l’Ordre facultative, la BRED avait annoncé la fin de la ligne de crédit de 10.5 millions d’euros. A ce jour, le déficit ordinal s’élève à 9 381 060 euros. Après négociations, la banque a accepter de proroger cette ligne de crédit jusqu’à fin juin, permettant à l’Ordre de faire face à ses charges quelques mois encore.
Deux mois pour encaisser le maximum de cotisations
Seule solution: faire rentrer en deux mois le maximum de cotisations. Si l’annonce d’une baisse de celle-ci à 30 euros pour les salariés a incité quelques récalcitrants à payer, l’Ordre ne comptait que 90860 inscrits au 2 mai, soit moins de 18 % de la population infirmière.
Parmi ces inscrits, tous ne cotisent pas, loin de là. Un certain nombre de libéraux ne se sont inscrits que contraints et forcés, face aux menaces de déconventionnement des caisses primaires d’assurance-maladie (CPAM). Leur numéro d’inscription une fois obtenus, ils refusent par la suite tout versement de cotisation.
Première cible, la plus facile : “le recouvrement des cotisations non encore acquittées par les infirmiers déjà inscrits à l’Ordre.” Ces derniers sont en effet déjà identifiés. Par la suite viendra “l’inscription des infirmiers et infirmières en exercice n’ayant pas encore satisfait à leur obligation légale.”
Reste un problème de taille: Une procédure de recouvrement à un coût non négligeable. Or le budget voté par le conseil national du 29 avril dernier est un budget de crise, difficilement compatible avec ce type de manœuvre de grande ampleur.
Alors comment convaincre ?
Jusqu’ici, l’ordre n’a jamais convaincu, malgré le budget conséquent alloué à sa communication. Celui-ci étant réduit au strict minimum dans le budget 2011-2012, la tâche s’annonce encore plus ardue.
C’est pourtant à terme la seule solution. La stratégie se bornant à rappeler que l’inscription au tableau est une obligation légale a été un échec cuisant. L’installation des département devait permettre un dialogue plus efficace avec les professionnels récalcitrants. Ça n’a pas été le cas.
La baisse de cotisation pour les salariés peut toutefois être un atout, même si c’est avant tout la réponse à une exigence d’un ministère agacé par cet Ordre bien encombrant. Elle intervient toutefois si tard qu’elle n’attirera à elle seule que peu de convertis, si elle n’est pas accompagnée d’un changement radical de ton.
Car il n’y a aucune raisons pour que la même gouvernance et la même communication erratique aboutissent à des effets différents.
Résultat : Les anti-ordre ont le vent en poupe et occupent le devant de la scène. Si ces derniers ne seront jamais convaincus, la clé du succès (ou de l’échec irrémédiable) réside chez les indécis.
Mais sont-ils toujours aussi nombreux ? La gestion actuelle a déçu un grand nombre de ceux initialement favorables au principe d’un ordre respecté, garant notamment de l’autonomie de la profession.
Qualifiant avec un sens aiguisé de l’euphémisme la période actuelle de “délicate” malgré une “gestion rigoureuse”, Dominique Le Boeuf reste plus que jamais dans sa posture de victimisation. En substance : si l’ordre infirmier est au bord du gouffre, c’est que les infirmiers sont manipulés par les centrales syndicales, et que le ministère de la santé souhaite à tout prix son effondrement. Un peu court.
On l’oublie parfois, ce feuilleton parfois bien médiocre risque d’aboutir au licenciement de 140 salariés.
Thomas Duvernoy
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