Le nouveau DMP dossier médical partagé : un outil indispensable pour les infirmiers libéraux

Après quatorze ans d’errances et d’échecs, le DMP dossier médical partagé nouveau est arrivé ! Il a été lancé le 6 novembre par la ministre de la Santé et le directeur général de la CNAM. Grande nouveauté, les infirmières libérales sont habilités à créer des DMP pour les patients. Et, bien-sûr, à les alimenter et à les consulter. Un grand pas en avant vers des prises en charge plus coordonnées.

soit vous avez beaucoup de mémoire soit vous avez un DMPCe carnet de santé numérique « est une réponse efficace à une anomalie constatée depuis très longtemps : les patients ne disposent pas de leur historique médical", a souligné Agnès Buzyn lors de la conférence de presse de lancement du DMP, ce mardi 6 novembre. « Maintes fois annoncé, maintes fois repoussé, le DMP doit devenir demain une évidence pour tous les Français, comme l'est devenue la carte Vitale », a ajouté la ministre de la Santé.

Il s’agit d’un outil centré sur le patient qui en "garde le contrôle" et "choisit  les professionnels de santé à qui il donne l'accès", explique le Ministère. Le DMP est destiné "à faire du patient bien plus qu'un simple observateur des soins qui lui sont apportés mais bien le propriétaire de de ses propres donnée médicales " et à favoriser "sa participation active à ses prises en charge", affirme Agnès Buzyn.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="auto" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Agnès Buzyn : "« Maintes fois annoncé, maintes fois repoussé, le DMP doit devenir demain une évidence pour tous les Français, comme l'est devenue la carte Vitale ».[/dropshadowbox]

Après plusieurs péripéties, le projet DMP a été confié à l’Assurance maladie en 2016. A l’époque, "seuls 500.000 étaient ouverts" et " la moitié étaient vides", selon Nicolas Revel, le patron de la CNAM. Après dix-huit mois d’expérimentations menées dans neuf départements, le chiffre de DMP ouverts est passé à un total de 1,8 million. En octobre, 80.000 DMP ont été ouverts par semaine. "Ce chiffre va évidemment monter et doit monter si nous voulons atteindre l'objectif que nous nous fixons, c'est à dire de pouvoir, dans les 4 ans, avoir 40 millions de DMP ouverts", a ajouté le directeur général de la Cnam.

Faciliter l’ouverture de DMP Dossier Médical Partagé

Alors que jusqu'à présent, "il faillait que ce soit un médecin, en face à face avec le patient, qui procède à la création de son DMP . Or le temps médical est devenu rare et précieux", rappelle Nicolas Revel. « Pour rendre possible la création d'un grand nombre de DMP", il peut désormais "être créé par bien d'autres voies", explique-t-il.

Le nouveau DMP : un outil indispensable pour les infirmiers libéraux« Tout professionnel de santé peut créer rapidement, en quelques clics, un DMP avec une carte CPS et la carte vitale du patient », précise la CNAM, soit en passant par son logiciel métier, s’il est DMP compatible – 69 % le sont chez les médecins mais nettement moins chez les infirmiers-, soit par le site dmp.fr, ce qui alors moins rapide. Rappelons que pour la création du DMP, la carte vitale est indispensable car l’accord du patient est obligatoire. 

Les infirmiers impliqués dans la création de DMP Dossier Médical Partagé

Tous les professionnel des santé, c’est-à-dire, les médecins mais aussi les pharmaciens, les infirmières libérales (idels), les kinésithérapeutes… peuvent donc créer un DMP pour un patient. En outre, ce dernier peut aussi le créer seul – un code lui sera remis prochainement à cet effet – ou se rendre à sa caisse primaire à cet effet. Un DMP peut aussi être ouvert lors d’une hospitalisation. Faute de disposer d’une CPS, les agents de la Caisse primaire ou de l’hôpital peuvent utiliser une CPE (carte professionnelle d’établissement).

Actuellement, la Cnam mise surtout sur les pharmaciens qui ont obtenu une rémunération d’un euro par DMP ouvert. Mais elle n’exclut pas d’inciter les 120.000 infirmières libérales à créer des DMP. « J’envisage d’étendre le dispositif conventionnel conclu avec les pharmaciens aux infirmières libérales. Elles sont en contact quotidien avec des patients lourds qui peuvent avoir des problèmes pour se déplacer en officine ou à l’accueil d’une caisse primaire. Ce point reste toutefois à finaliser dans le cadre de la négociation en cours », a précisé Nicolas Revel au Quotidien du Médecin.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="auto" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Patrick Chamboredon, président de l'ONI : "dans la mesure ou nous suivons les patients et assurons la permanence des soins à domicile, nous allons être amenés à créer des DMP. Nous allons également être des acteurs importants en ce qui concerne l’alimentation de cet outil". [/dropshadowbox]

L’Ordre national des infirmiers, convaincu par l’utilité de cet outil, compte aussi militer pour inciter les infirmières à s’emparer du DMP, mais également à en créer, indique Patrick Chamboredon, président du Conseil national de l’Ordre national infirmier. « Certains patients sont essentiellement suivis au domicile et ne peuvent se déplacer dans leur pharmacie pour ouvrir leur DMP. Et, dans la mesure ou nous les suivons et assurons la permanence des soins à domicile, nous allons être amenés à créer des DMP. Nous allons également être des acteurs importants en ce qui concerne l’alimentation de cet outil. Prenons, par exemple, les directives anticipées. Ce sont souvent les infirmiers qui les reçoivent », ajoute-t-il.

Quelques bémols cependant : outre le faible nombre de logiciels DMP compatibles dans les cabinets infirmiers, "quand nous nous déplaçons au domicile des patients, nous avons, pour la plupart d'entre nous, un téléphone portable et un lecteur de carte, mais pas nos tablettes ou nos ordinateurs", indique Catherine Kirnidis, présidente du Sniil. Et "créer un DMP ou l'alimenter, c'est encore une tâche administrative en plus", ajoute Catherine Jochmans-Moraine, secrétaire générale de l'ONI, soulevant ainsi la question de la rémunération pour ces tâches. Des sujets qui seront abordés lors des négociations conventionnelles. 

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Quel accès au DMP Dossier Médical Partagé ?

Un point est d’ores et déjà sûr : « la grille d’habilitation vue avec la CNIL permet aux infirmières d’accéder à un grand nombre d’informations contenues dans les DMP car elles interviennent surtout au domicile et ont donc vocation à disposer de l’ensemble des données », a précisé Nicolas Revel à ActuSoins. « Nous avons, en tant qu’infirmier, un rôle important à jouer au niveau de la coordination des soins et de la coordination ville-hôpital et c’est essentiellement à cela que va servir cet outil. Il est donc indispensable que les infirmières s’approprient l’outil », affirme Patrick Chamboredon.

Chaque professionnel de santé dispose d’un accès plus ou moins large selon une grille d’habilitation. Par exemple, un opticien ou un audio-prothésiste n’a accès qu’à certaines données. A part ces quelques exceptions, tout professionnel de santé peut consulter le DMP, à condition d’avoir obtenu au préalable l’assentiment du patient, lequel peut masquer certaines informations. Le patient peut également – ce qui serait contre-productif – refuser l’accès aux services d’urgence. « Mais, je n’ai vu aucun patient le faire », assure le Dr Jean-Michel Lemettre, généraliste à Amboise, qui a présenté son expérience de deux ans avec le DMP.

Que comprend le DMP Dossier Médical Partagé ?

DMP Dossier médical partagéDès son ouverture, il est automatiquement alimenté par l’historique des derniers 24 mois des soins remboursés. « C’est dès lors plus facile d’inciter les professionnels de l’enrichir à leur tour », explique Nicolas Revel. Car le médecin traitant est censé y déposer le volet de synthèse médicale, véritable colonne vertébrale du DMP, comprenant les antécédents médico-chirurgicaux, les maladies chroniques, les allergies, les traitements en cours… Et c’est probablement le frein le plus important au développement de cet outil partagé, la création de ce volet de synthèse médicale étant chronophage.

Ce coffre-fort des données médicales du patient comprendra également des informations de base (groupe sanguin), les comptes-rendus d’hospitalisation, les résultats d’examens (imagerie, biologie médicale). En 2019, il inclura les directives anticipées du patient, puis les vaccinations. Le tout réparti en huit rubriques. Il doit s’agir « d’un processus d’enrichissement continu » et « il ne trouvera sa pleine efficacité que si les professionnels de santé franchissent le pas », reconnaît Nicolas Revel.

DMP Dossier Médical Partagé : une utilité évidente

Les objectifs affichés son nombreux : "renforcer la collaboration entre tous les professionnels de santé", favoriser "un accès immédiat aux in informations médicales d'un patient" ainsi que "leur suivi", notamment pour les malades chroniques, éviter "les risques liés aux interactions médicamenteuses" et les doublons d'examens.

Les infirmières qui avouent souvent manquer de données sur leurs patients, sont les premières conscientes de l’utilité de cette « mémoire de la santé » du patient. « Nous manquons souvent de données indispensables en sortie d’hospitalisation », affirme la présidente du Sniil « C’est un outil qui va permettre de développer les coopérations interprofessionnels , l’éducation thérapeutique du patient également. De fait, une des limites actuelles à la mise en œuvre de nos compétences est la traçabilité que le DMP va justement apporter », ajoute-t-elle. La profession attend notamment avec impatience le moment ou une application permettra d’intégrer le statut vaccinal au DMP, ce qui pourrait favoriser le développement des compétences des infirmiers en la matière.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="auto" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Catherine Kirnidis, présidente du Sniil : "une des limites actuelles à la mise en œuvre de nos compétences est la traçabilité que le DMP va justement apporter ».[/dropshadowbox]

Cette mémoire est également précieuse pour les spécialistes, pour les médecins de garde, les urgentistes…. A condition que chacun y apporte les données dont il dispose ! Utile également pour les patients car le DMP leur « donne un droit de regard inédit sur leurs données de santé. Ces derniers peuvent accéder rapidement et en toute sécurité aux informations les concernant », indique le ministère de la Santé. Finis les stockages aléatoires et désorganisés sous format papier !

Cyrienne Clerc

Pour aller plus loin : www.dmp.fr

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