Vérène Praud est infirmière référente douleur à l’institut Curie, à Paris. Avec un poste spécifique détaché à cette activité, elle participe à la formation des soignants et à la mise en place de techniques innovantes en termes de lutte contre la douleur.
Lorsque la question d’écrire un article à son sujet lui a été posée, Vérène s’est simplement interrogée : « je ne sais pas si cela se justifie, je n’ai rien d’exceptionnel ».
Rien d’exceptionnel, certes. Pourtant, Vérène fait avancer le combat de la lutte contre la douleur. Et cela oui, mérite un article.
« Ce que je fais a un sens dans mon éthique de vie. Mon travail est en adéquation avec mes convictions », explique Vérène. Infirmière depuis dix ans, la jeune femme est directement passée des bancs de l’école aux lourds services d’oncologie. Et ne les a jamais quittés depuis.
« Le cancer, c’est vraiment le mal du siècle, affirme-t-elle. Quand j’étais étudiante, cela me révoltait, il fallait que je trouve un moyen d’agir à mon niveau. D’autre part, j’ai toujours eu envie d’un travail en équipe, avec une prise en charge globale du patient, des projets de soins et une approche pluridisciplinaire. La cancérologie correspond à tout cela, et encore plus dans la prise en charge de la douleur ».
Suivre la prise en charge de la douleur
Depuis 2009, Vérène est totalement détachée des services. Elle est l’une des deux référentes douleur de l’institut Curie. Son rôle est de suivre – avec des médecins de l’équipe douleur – les patients hospitalisés pour une prise en charge de la douleur et de répondre aux demandes des services.
Il peut s’agir d’évaluation douleur, d’assistance pour des soins douloureux ou encore d’aide à la manipulation des PCA (Patient Controlled Analgesia).
Elle gère aussi des soins très spécifiques et assez novateurs qui sont programmés en ambulatoire. « Il y a par exemple les applications des patchs de Qutenza®, destinés aux douleurs neuropathiques. Ce sont des patchs à base de capsaicine, un des composants du piment, qui peuvent potentiellement provoquer une sensation de brûlure. Cela implique un protocole particulier ainsi qu’une prémédication et des explications aux patients », précise cette référente douleur.
Expliquer les soins spécifiques et novateurs
Vérène gère aussi en consultation infirmière les électro-stimulations à visée antalgique et coordonne les analgésies intrathécales.
« Quand on fait des choses qui sortent un peu des traitements traditionnels, il faut que l’on soit là pour assurer la continuité des soins, pour expliquer et rassurer », explique Vérène. Car, entre deux services ou entre deux soins, la jeune femme organise toujours le suivi des patients.
Que ce soit pour un relais de prise en charge par une unité ou par une structure d’hospitalisation à domicile, il faut qu’elle soit présente pour expliquer les soins : « je suis aussi là pour former et informer les autres soignants. Par exemple il y a des pompes que certains ne connaissent pas. Je fais le maximum pour ne pas partir en week-end sans avoir donné toutes les informations nécessaires au bon déroulement des soins ! ».
Les patients, eux aussi ont besoin d’être rassurés. « Parfois, il y a une difficulté de compréhension quant à la multitude d’intervenants. C’est important de se positionner et d’expliquer le rôle de chacun », souligne Vérène.
Apaiser les patients
Pour apaiser, elle utilise aussi des méthodes simples d’hypno-analgésie. « Je ne suis pas du tout hypnothérapeute. J’ai seulement appris les bases de l’hypnose avec une formation courte, mais cela m’a beaucoup servi et depuis j’ai changé beaucoup de choses dans ma manière de faire, dans mes attitudes. J’utilise beaucoup des bases d’hypnose conversationnelle en supprimant les termes négatifs de mon vocabulaire : ne pas induire la notion de piqûre quand on pique quelqu’un ou même la notion de douleur. Renforcer l’effet placebo, car il est prouvé que 30 % du soulagement d’un patient vient de l’effet placebo… », indique la jeune femme.
« Il y a des patients, remarque-t-elle, qui ont besoin qu’on les accompagne pendant les soins. Ils essayent ainsi de se déconnecter de ce qu’ils vivent. L’hypnose permet aussi de travailler sur la respiration, sur le corps, de façon à favoriser cette déconnection ».
Quand elle parle de son activité, Vérène pourrait ne pas s’arrêter. À une question médicale concernant les pathologies les plus pourvoyeuses de douleur, elle dit ne pas pouvoir répondre précisément. Ce n’était pas un piège, loin de là. Mais sa réponse en dit long sur son côté bienveillant et humain : « ce n’est pas que je ne m’intéresse pas à la pathologie. Mais en général, je me souviens des gens, pas forcément de leur maladie.» Souriante et rieuse, Vérène semble se sentir bien dans ses pompes. Tout simplement.
Malika Surbled
Vérène Praud en 6 dates :
- 2003 : obtient son D.E
- 2004 : commence à travailler à l’institut Curie
- 2008 : devient correspondante douleur de son service
- 2009 : obtient un D.U Douleur et soins infirmiers
- 2010 : devient infirmière douleur à temps plein
- 2011 : intervient dans des congrès et les IFSI
Pour aller plus loin :
les formations sur la douleur pour les infirmiers et infirmières
les formations en hypnose pour soulager la douleur pour les infirmiers et infirmières
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J ai eu la chance de la croiser au cours d un stage à Curie. ..Elle est super !