“L’évolution de la profession infirmière est nécessaire pour permettre à l’usager du système de santé de recevoir les soins les plus efficients, tout en conservant le lien social et l’humanité qui caractérisent la prise en charge infirmière“, estime l’ONI.
Plus grande autonomie des infirmiers
Un des enjeux prioritaires, selon l’ONI, est d’élargir les compétences des infirmiers et de développer leur autonomie, pour une meilleure prise en charge des patients.
“Cet enjeu est valable quel que soit le mode d’exercice (libéral ou salarié) et quel que soit le domaine d’action (en établissement sanitaire, médico-social, psychiatrie, infirmier au travail, infirmier scolaire“, indique l’instance.
Ainsi, selon les chiffres de l’Ordre, qui s’appuie notamment sur ses trois grandes consultations de 2020, 92% des infirmiers sont favorables à un renforcement de l’autonomie pour une meilleure prise en charge des patients. “Cette autonomie peut être gagnée par un élargissement du rôle propre des infirmiers“, propose l’ONI, rappelant que 73% des infirmiers consultés estiment par ailleurs que la prescription médicale rend parfois difficile l’accès aux soins.
Dans le cadre d’un élargissement du rôle propre, l’ONI propose ainsi de valoriser la consultation infirmière. “Un développement de la consultation infirmière serait un atout dans l’organisation des soins non programmés, permettant de préserver le temps médical aux cas complexes. Ce point aurait été particulièrement utile pendant la crise Covid car les règles sanitaires applicables en temps de pandémie diminuent la capacité de consultation des médecins. Les infirmiers auraient pu suppléer à cela“, estime l’ONI.
La reconnaissance et la formalisation de la consultation infirmière serait plébiscitée par 92% des infirmiers.
Il s’agirait aussi de donner la possibilité aux infirmiers d’adapter la posologie des traitements dans le cadre des maladies chroniques. Ce besoin avait été remarqué par le législateur qui avait intégré cette possibilité dans la loi de transformation de notre système de santé par le biais d’un amendement.
Mais “le décret n’a pour l’instant pas été publié. Cette mesure permettrait de libérer du temps médical“, regrette l’ONI.
L’ONI propose aussi de développer les entretiens individuels infirmiers, de leur donner la possibilité de constater les décès et de réaliser les certificats de décès.
Côté libéral, l’instance estime que la prise en charge infirmière et son adaptation devrait pouvoir être déclenchée par une prescription médicale.
L’ONI propose par ailleurs d’étendre le champ des prescriptions infirmières (encadrement par la loi de l’évaluation et de la prescription de pansements médicamenteux sans prescription, prescription du matériel de pansements médicamenteux, prescription de radio conventionnelle, prescription d’examen de biologie…)
Il demande que certains actes du rôle sous surveillance médicale passent au rôle “sous prescription” (injections de médicaments à des fins analgésiques dans les cathéters périduraux en intrathécaux ou placés à proximité d’un tronc ou d’un plexus nerveux, mis en place par un médecin et après que celui-ci a effectué la première injection; ablation de cathéters centraux et intrathécaux…)
Prévention et éducation thérapeutique
S’appuyant toujours sur ses enquêtes menées en 2020, ONI propose d’autoriser l’infirmier à déclencher de lui-même “tout acte touchant à l’éducation thérapeutique dans le cadre de maladies chroniques“. “97% [des infirmiers] sont favorables à un renforcement du rôle de l’infirmier dans la prévention et l’éducation thérapeutique (sans avoir besoin de prescription médicale), et 63,5% estiment que c’est indispensable“.
Il s’agirait aussi, pour les IDE, de pouvoir prescrire et administrer des vaccins obligatoires et recommandés.
“Le vaccin contre la grippe a constitué un premier pas dans l’élargissement des compétences infirmières et cette proposition poursuit cette extension nécessaire, qui n’est, au demeurant, que la traduction de ce qui se passe déjà sur le terrain“.
Enfin, l’ONI préconise la possibilité, pour les IDE, de prescrire des tests de dépistage (notamment pour le Covid-19).
“Cette mesure constituerait une source de simplification, de rapidité et d’efficience de prise en charge de patients suspects, ainsi que de santé publique pour la détection et l’isolement d’éventuels clusters, afin d’éviter la propagation de l’épidémie“.
Les infirmiers, pivots entre la ville et l’hôpital
“Le lien ville/hôpital doit être le centre de nos réflexions sous le prisme de la coordination dans le cadre du Ségur de la santé“, explique l’ONI.
“Les soins de ville comme ceux en établissement sont évidemment complémentaires mais trop souvent le manque de communication entre les différents acteurs de santé peut expliquer la difficulté à rendre ce lien efficient pour le patient. La réponse numérique pourra être un accélérateur“, indique l’ONI.
L’instance propose, dans ce cadre, que les infirmiers soient “reconnus pleinement comme acteur de premier recours“
“Les soins de premiers recours sont assurés par différents professionnels de santé. Toutefois, seuls les médecins traitants sont mentionnés dans le code de la santé publique. Cela nous parait relativement éloigné de la réalité relevée sur le terrain“.
Revalorisation de la formation infirmière
L’ONI souhaite que soient revalorisées la formation et la recherche infirmière.
En ce qui concerne la formation, l’Ordre demande que la maquette de formation initiale soit réactualisée, de façon à “l’adapter aux besoins de santé actuels (vieillissement de la population, désertification médicale…)”
Il s’agit aussi, pour l’ONI, de développer et de finaliser le processus d’universitarisation, de favoriser une vraie logique de carrière pour les infirmiers (parcours universitaires avec reconnaissance bac+3, et +5 selon les formations, reconnaissance des DU).
En ce qui concerne la recherche, l’ONI en préconise la promotion et la facilitation. Il s’agit aussi de “soutenir le changement des représentations sociales de la recherche infirmière auprès du grand public“, de “développer la création de postes d’enseignants chercheurs en soins infirmiers“, de “développer le nombre d’appels à projets en recherche infirmière”, de “favoriser l’accueil des PhD dans les équipes de recherche et de soutenir la création et le développement d’équipes de recherche en sciences infirmières“.
Accélérer le virage numérique et s’inscrire dans une démarche d’accompagnement du patient face aux risques environnementaux
L’Ordre infirmier, qui soutient le virage numérique, souhaite que les infirmiers en soient “des acteurs et des facilitateurs” sur l’ensemble du territoire.
“En plus de simplifier et accélérer l’inscription de la totalité des professionnels sur les tableaux ordinaux (et donc de sécuriser les pratiques par l’action de veille ordinale), le numérique permettra d’acter de nouvelles pratiques au service du patient“, estime l’ONI.
L’ONI souhaite notamment faire évoluer les textes encadrant la pratique du télésoin, de libérer le télésoin du déclenchement par prescription médicale, et “surtout” d’accélérer le virage numérique qui “est intimement lié à la réussite du télésoin“.
L’instance souhaite aussi que l’infirmier puisse obtenir “les informations nécessaires à la meilleure prise en charge du patient” via le virage numérique toujours.
En “déployant le DMP et l’espace numérique patient“, notamment. Puis en “rendant interopérable les différents logiciels (ville/hôpital) des professionnels de santé”, “sans faire peser le poids financier de cette interopérabilité sur les acteurs de santé“.
Il s’agit aussi de “donner les moyens à tout établissement d’avoir la puissance numérique nécessaire au déploiement de tout outil numérique au service du patient (en particulier en Ehpad et autres établissements médico-sociaux)”, de “renforcer le rôle infirmier auprès du DMP” en “lui donnant accès à tout document servant la prise en charge de son patient (compte-rendus post-op, examen de biologie…).”
Enfin, l’ONI souhaite que le réseau d’infirmiers intervenant à domicile soit “capitalisé“, “pour aider les patients n’ayant pas accès au numérique“.
Autre point soulevé : la démarche d’accompagnement du patient face aux risques environnementaux.
Trois types d’actions sont à prévoir, selon l’ONI. D’abord, la prévention, pour “sensibiliser le public aux risques sanitaires liées à la dégradation de l’environnement et adapter cette sensibilisation aux regards des pathologies éventuelles du patient“.
Ensuite, la formation des patients aux gestes de préservation de l’environnement.
Enfin, l’acquisition de compétences permettant, dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire, d’identifier les risques environnementaux pour les patients dans un lieu donné.
“L’ensemble de ces actions peuvent être déclinées à domicile, en établissement, sur le lieu de travail du patient ou dans les écoles“.
Représentation et revalorisation
“Nous constatons que la profession infirmière est de plus en plus autonome. On assiste à sa véritable émancipation (notamment vis-à-vis des professions médicales). En conséquence, il semble que sa place au sein des ‘auxiliaires médicaux ‘ [classification du Code de la santé publique, ndlr], ne soit plus justifiée“, indique l’ONI.
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L’ONI préconise aussi de déployer plus d’infirmiers “de jour comme de nuit” dans tout établissement de santé ou médico-social. “Pour cela, des ratios infirmiers/patients doivent être instaurées dans chaque service“.
D’après la consultation de l’ONI, 81% des infirmiers sont favorables à l’institution de ces rations, rappelle l’Ordre.
“Mais instaurer plus d’infirmiers dans les services n’est pas suffisant. Revaloriser globalement la profession, c’est aussi l’associer à la gouvernance du système de santé, à tous les échelons : dans les établissements mais aussi dans les instances de décisions locales, régionales et nationales“.
Dans ce cadre, l’ONI demande que soit instauré un Secrétariat d’Etat à la réforme du système hospitalier, avec “une représentation forte des infirmières et infirmiers en son sein“, que soit instituée une direction nationale des soins et des services infirmiers.
Il souhaite que soit créée une commission infirmière d’établissement et que soit conforté le rôle de coordination des soins infirmiers.
Il préconise la promotion de la capacité de recherche des infirmiers en établissement public comme privé.
Au niveau local, “il faudrait intégrer l’Ordre des infirmiers, en qualité de représentant notamment dans les instances suivantes : Conférence régionale de la santé et de l’autonomie, Comité départemental de l’aide médicale urgente, Maison départementale des personnes handicapées...”
Rédaction ActuSoins
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