Ségur de la santé : un an après un état des lieux et des chantiers

Ségur de la santé : Olivier Véran a marqué le premier anniversaire du Ségur de la santé mardi 20 juillet lors d'une séance de questions réponses retransmise en live depuis la terrasse du ministère de la Santé. Sur les 3000 questions envoyées, 20 ont été sélectionnées, dont quelques unes ont concerné les infirmières, notamment sur les salaires, et la filière réanimation.

Un an du Ségur de la santé : un état des lieux et des chantiers

La séance de questions-réponses a été retransmise en live. © Capture d'écran.

Point d'échanges spontanés, donc, durant cette séance destinée à réaliser un « état des lieux » du Ségur, mais une sorte de table-ronde autour des questions posées par des professionnels de santé : des médecins sur leur grille salariale ou leur retraite, des internes sur leur temps de travail, des kinésithérapeutes sur leur autonomie, par des psychologues sur l'accès à la psychothérapie, mais aussi des infirmiers.

Une infirmière de catégorie B a ainsi demandé s'il pourra bénéficier de la revalorisation des grilles de salaires au premier octobre. Olivier Véran a répondu qu'il bénéficiera bien de l'augmentation de 63 € en plus des 183 € déjà octroyés.

Des travaux sont en cours par ailleurs « avec la DGOS et le ministère » de la Santé pour définir les modalités du concours sur titres pour le passage en catégorie A des infirmiers de catégorie B, a précisé Didier Birig, secrétaire fédéral de FO santé. « Il n'aura de concours que le nom, du moins je l'espère, a-t-il ajouté. C'est l'engagement pris dans le cadre du Ségur. »

Les grilles salariales devront selon lui être considérées dans une perspective plus large que celle des seuls montants mais en termes de progression durant la carrière. A ce sujet, la Fondation hospitalière de France va « mettre à disposition à l'automne un simulateur qui permettra à chaque agent de savoir, à titre indicatif, combien il va gagner et comment se déroulera sa carrière en termes de rémunération », a indiqué Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF.

Ségur de la santé : Simulateur de salaire

Olivier véran a par ailleurs rappelé, en réponse à une autre question d'IDE, que la revalorisation des salaires des soignants des secteurs privés lucratif et non lucratif de 160€ mensuels décidée dans le cadre du Ségur était issue d'une « transcription » entre les secteurs public et privé et qu'une part employeur peut être versée en sus.

D'ailleurs, « une négociation est en cours au sein de la FHP et de la Fehap pour aboutir à l'équivalences des revalorisations de grilles chez l'ensemble des soignants », a-t-il précisé. En termes de grilles salariales, a affirmé le ministre, « on donne une somme identique au prorata de la masse salariale au secteur public et au secteur privé ».  

Pour Olivier Véran, la revalorisation salariale des soignants constitue d'autre part, sur le plan de la réduction des inégalités hommes-femmes, « la mesure la plus parlante », en ce qu'elle concerne en très grande majorité des femmes. « En augmentant les salaires des infirmières, des aides-soignantes et des ASH, on fait une correction dans leurs trajectoires de carrière », a-t-il observé.

Réanimation « à l'os »

Des infirmiers de réanimation ont aussi fait part de leurs interrogations après la crise qu'ont vécu les services de réanimation publics depuis le début de la pandémie.

Anaïs, infirmière en réanimation à Marseille, a témoigné que les jeunes diplômés pouvaient arriver dans un tel service sans aucune formation préalable ou bien une formation très courte, ce qui a posé problème durant les pics d'activité récents.

Aussi, a-t-elle ajouté, « il y a un turn over énorme » qui fait que les services manquent d'infirmiers expérimentés susceptibles de former les nouveaux venus. Dans son service, selon elle, « en six mois, on a perdu 30 infirmiers ».

Selon Olivier Véran, « on a bien compris, avec la crise qu'on était "à l'os" en matière de réanimation ». Il s'est voulu rassurant en indiquant qu'il avait « diligenté une mission IGAS pour revisiter la filière de réanimation avec de grandes orientations » : stabiliser le financement de la réanimation (par exemple via des forfaits) et augmenter l'encadrement infirmier en réa, en formant davantage d'IDE à la réanimation et donc en finançant davantage de formations.

Un travail de « longue haleine », comme l'a reconnu le ministre, qui prendra du temps pour porter ses fruits, tout comme l'augmentation du nombre de lits. La déléguée générale de la FHF a quant à elle plaidé pour une révision du contenu pédagogique de la formation en réa.

Mais Didier Birig a brandi le risque d'une « balkanisation de la profession infirmière » au détriment de la polyvalence des IDE, dont la crise sanitaire a montré selon lui toute la valeur.

Risque de « balkanisation »

Une partie de la séance a également été consacrée au rôle de l'hospitalisation à domicile dans le système de soins. Aurore Devallée, infirmière coordinatrice d'un tel service à Tours, a souligné à quel point la mobilisation des équipes d'HAD pendant la crise sanitaire aux côtés des patients ne nécessitant pas de séjour ou d'examens à l'hôpital a été efficace.

Selon elle, « c'est important de pérenniser ce fonctionnement » surtout dans le cadre du développement des soins ambulatoires. Olivier Véran a confirmé qu'un des enjeux réside dans le fait de mieux faire connaître l'HAD aux médecins adresseurs.

Mais pour Didier Birig, « il faut une réflexion globale sur l'ensemble de l'hospitalisation et sur l'ouverture ou la fermeture des lits, le « deuxième challenge du Segur, selon lui, après le volet attractivité et salaire ». Zaynab Riet a estimé pour sa part que « ce n'est pas au ministère de le faire mais aux acteurs de santé sur le territoire. On dispose de tous les leviers. »

Le ministre de la Santé n'a pas manqué d'évoquer les mesures phares du Segur, instaurées il y a un an au terme de « 50 jours de négociation et de travail » et suite à une « une grande concertation de plus de 118 000 contributions ».

Des mesures qui, selon lui, « changent le quotidien des soignants et, au-delà, de tous les professionnels », comme les hausses de salaire de deux millions de professionnels de santé, qui représentent 9 milliards d'euros par an, la valorisation du travail en équipe, le déploiement d'outils pour apporter de la souplesse dans l'organisation hospitalière ou encore celui d'outils numériques comme Monespacesanté qui sera ouvert en janvier prochain.

Géraldine Langlois

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Réactions

5 réponses pour “Ségur de la santé : un an après un état des lieux et des chantiers”

  1. Bucephale30 dit :

    Les IDE en réanimation, aux urgences etc etc font un travail formidable, et celles qui sont avant l’hôpital ?? Qui évitent au maximum aux gens d’y aller et de pouvoir continuer à travailler, les IDE de chantier et de santé au travail, qui sont aussi restées sur la brèche durant toutes la crise et qui ont été obligé de se faire vacciner pour garder leur emploi, qui ont été contaminées sur leur lieu de travail au même titre que les autres, mais qui par contre ne sont pas concernées par les revalorisation de salaire.

  2. clap dit :

    Bonjour,
    Il était question dans les accords Ségur de reconnaissance de nouveaux metiers dans la fonction publique comme celui de dosimetriste en radiotherapie
    Le 1er plan cancer faisait déjà état de ce nouveau metier
    la DGOS a reconnu ce métier en décembre 2014. Comment ce fait il qu’a ce jour aucun statut n’existe .
    J

  3. Gonzalez dit :

    Bonjour,et les soignants interimaires n’ont toujours rien eu,ce n’est pas normal

  4. Ptilou75 dit :

    Attention, c’est du verbatim et pas un article de journalisme. Dans le privé non lucratif, la prime Ségur est de 183 euros et non de 160 euros comme indiqué. Renseignez-vous ! Ça promet pour la sincerité du simulateur… Et expliquez-moi, si on augmente le salaire des femmes de 183 euros pareil que celui des hommes, comment on arrive à réduire l’écart homme-femme ?! C’est magique, vous avez une étude là dessus ? Merci

  5. Soblam dit :

    Bonjour,
    Sérieusement,le point sur le Segur de santé en oubliant une fois de plus dans l article et dans les discussions avec le ministre de la santé la problématique des sages-femmes qui ont fait 1 année de fac de médecine, puis passé un cours pour rentrer à l ecole des sages femmes et au total fait 5 ans d etudes pour un salaire qui n est pas du tout à la hauteur de leurs responsabilités. C est une profession médicale et non para médicale!elles bénéficient elles aussi des 183 euros de prime,or leurs compétences sont largement supérieures aux aides soignants (1 an d etudes) et aux infirmiers (3 ans d etudes. De plus les conditions de travail sont désastreuses par manque de sages femmes, un irrespect total des femmes enceintes et des sagesfemmes! Mais qui va aider cette profession à faire bouger les choses???

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