Infirmier de premier recours : une idée simple, des implications complexes

Les États généraux infirmiers ont proposé le 1er octobre dernier de positionner la profession comme acteur des soins de premier recours. Une idée qui fait consensus… tant qu’on n’entre pas trop dans les détails.

Infirmier de premier recours : une idée simple, des implications complexes

25 propositions pour une meilleure reconnaissance de l’expertise et des compétences infirmières. Voilà le résultat des États généraux infirmiers, organisés le 1er octobre à l’initiative de 34 organisations représentant les diverses composantes de la profession.

Parmi ces 25 propositions, pas moins de trois sont consacrées à une seule thématique : l’infirmier de premier recours. Voilà qui mérite qu’on s’y arrête.

Mais d’abord, de quoi parle-t-on ? « Le premier recours, c’est l’accès direct du patient à l’infirmier », expliquait jeudi dernier à la tribune des États généraux Antoinette Tranchida, présidente de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil), l’une des organisations participantes. Il s’agit donc de se passer de la prescription médicale, au moins pour certains actes ou certaines activités infirmières.

Concrètement, la 22e proposition des États généraux se charge de l’aspect juridique, et demande à « inscrire dans le code de santé publique les professionnels infirmiers comme acteurs de premier recours ». La 23e insiste sur la notion de coordination, et demande la « reconnaissance de l’infirmier référent de famille pour l’activité libérale ». Enfin, la 24e vise à « reconnaitre une autonomie complète dans les soins de premier recours (accès direct) dans les domaines d’interventions spécifiques à chaque exercice ».

Monsieur Jourdain en premier recours

Les participants aux États généraux soulignent par ailleurs que le premier recours n’est en rien étranger à l’exercice infirmier actuel : on peut penser à l’Idel qui découvre lors de sa tournée qu’un de ses patients a chuté et qui lui administre les premiers soins, aux infirmiers scolaires qui délivrent directement certains médicaments aux élèves, ou encore aux Infirmiers organisateurs de l’accueil (IOA) aux urgences, qui sont bel et bien les premiers professionnels auxquels le patient a affaire.

Mais si les infirmiers font, à l’instar de Monsieur Jourdain, du premier recours sans le savoir, que demandent-ils dans le cadre de ces États généraux ? La réponse tient en un mot : de la reconnaissance. « Pour moi, le premier recours, c’est un état de fait, a ainsi estimé lors des débats Jack Horte, du syndicat Convergence infirmière. Il faut donc le valoriser. »

Or s’il est facile de demander une telle valorisation, la mettre en musique semble plus difficile, car cela revient à mettre en évidence certaines fractures de la profession infirmière.

Et les spécialisés ? Et les IPA ?

Lors des débats des États généraux, on a ainsi pu voir certains représentants des infirmiers spécialisés mettre l’accent sur les responsabilités qu’impliquaient le premier recours, et les éventuels besoins de formation additionnelle afférents.

Les débats ont aussi buté sur le sort des Infirmiers de pratique avancée (IPA), qui ont déjà la possibilité de prescrire, et auxquels le premier recours a été promis par le Ségur de la santé.

Mais pour les participants aux États généraux, l’heure n’est pas aux querelles intestines. Les 25 propositions vont rapidement être présentées aux députés, en espérant qu’ils les introduiront sous forme d’amendements dans le cadre du prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Trouveront-elles un écho ? Réponse à l’ouverture des débats parlementaires sur le PLFSS, prévue le 20 octobre.

Adrien Renaud

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