L’une, dans l’ère du temps, est portée par la communauté infirmière dans son ensemble. Syndicats (SNPI notamment), associations représentatives, ainsi que le GIC Répasi (Réseau de la Pratique avancée en soins infirmiers), sont unanimes : il faut développer la pratique avancée infirmière en France. Le concept est déjà présent dans des nombreux pays comme les Etats-Unis et le Canada : ces infirmiers qui sont formés à l’université, de niveau master 2, deviennent expert en cancérologie, en gérontologie, en psychiatrie ou encore diabétologie…
La pratique avancée infirmière se décline en général sous deux aspects. Le versant « clinique » concerne les infirmiers qui restent dans le champ des soins, et qui interviennent sur des situations complexes . Le versant « pratique » concerne également une extension du champ de compétence (droit à la prescription notamment).
Affectés à des postes transversaux dans les hôpitaux, ils peuvent aussi être très utiles en ville. Avec l’émergence des maladies chroniques en France, des médecins débordés et des infirmiers qui souhaitent souvent s’impliquer davantage dans une prise en charge globale de patients, l’offre de soins est à revoir. C’est la raison pour laquelle, les infirmiers de pratique avancée représentent, aux yeux des représentants professionnels, une voie d’avenir.
Avec un master 2, ces infirmiers seraient valorisés : leur salaire serait plus élevé que celui des infirmiers bac +3, et leurs compétences seraient acquises et permettraient une mobilité géographique. Cette troisième filière d’évolution pour les Infirmiers, a été votée par la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 (dite” loi Touraine” ou “loi Santé”), à la grande satisfaction des associations. Mais, le décret d’application qui définit les missions exactes, la rémunération et la formation de ces professionnels n’est toujours pas paru, ce qui empêche le déploiement d’un tel processus.
Un comité de pilotage est en cours à la DGOS pour un décret à paraître en décembre 2017, normalement.
Coopération et transferts de compétences n’ont aucun rapport avec la pratique avancée infirmière
Ces derniers jours, ont circulé dans les médias les termes de “pratique avancée”, pour des sujets qui traitaient en fait de protocoles de coopération. Les mots employés n’étaient pas les bons, ce qui a créé la confusion générale.
Les syndicats, associations et autres représentants infirmiers sont en général méfiants, et pour certains même vent debout contre les protocoles de coopération, créés par la Loi HPST (dite “loi Bachelot”) de 2009. Tout simplement parce que ce sont des protocoles qui permettent un transfert de tâches entre un médecin et un infirmier, après une formation de courte durée. C’est ainsi que dans certaines régions, les infirmières volontaires peuvent se voir attribuer des actes comme des échographies, des myélogrammes ou encore des suivis en consultation de malades chroniques. L’autorisation est donnée par les ARS (Agences Régionales de Santé), sans consensus national donc. Conséquences ? Une infirmière formée, ne l’est que pour son établissement et ne peut pas faire reconnaître ses nouvelles compétences ailleurs. Pire : elle dépend du médecin à l’origine du protocole. Si ce dernier part, elle ne pourra plus exercer.
C’est sans parler de la revalorisation salariale, quasi inexistante, excepté dans de rares établissements qui acceptent de rémunérer ces compétences et prises de risques supplémentaires.
Malika Surbled
Processus Oikéiosis : le projet de l’AP-HP qui crée la polémique
Depuis le mois de mars, un groupe stratégique de l’AP-HP, dit “groupe Oikéiosis” élabore des orientations visant à moderniser l’ institution en lui donnant les marges de manœuvre pour les mener à bien. Les 23 orientations retenues se répartissent en 5 projets de chapitres. Dans le chapitre 2, celui du “New deal managerial”, il est mentionné que l’AP-HP a prévu de “ Passer de 45 soignants impliqués aujourd’hui dans des protocoles de coopération et de pratique avancée à 1 000 d’ici fin 2019 en obtenant du ministère une réforme de la procédure et la possibilité d’améliorer le régime indemnitaire des agents entrant dans ces protocoles“.
Alors, pratique avancée ou protocoles de coopération? Enquête et décryptage à venir sur ActuSoins.
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