Dans quel contexte la première réunion du Comité de suivi de la pratique avancée a-t-elle été organisée ?
Lorsque la pratique avancée a été mise en place en France, la tenue d’un comité de suivi était déjà prévue. Les tutelles envisageaient un suivi du déploiement de la pratique avancée pour prévoir des réajustements si nécessaire.
Assez rapidement, les IPA, les premiers diplômés et mêmes les étudiants en formation, ont pointé du doigt des problématiques empêchant clairement le déploiement de la pratique avancée.
Depuis l’année dernière nous réclamons l’organisation de ce comité pour faire part des sujets bloquants. Il a été reporté à plusieurs reprises notamment à cause de la crise sanitaire.
Comment s’est-il déroulé ?
La DGOS a invité de nombreux acteurs : les représentants des IPA, les CNP infirmier et IPA, les syndicats d’infirmiers libéraux, de médecins généralistes, les centrales syndicales, les représentants des employeurs, les Ordres, l’Assurance maladie. Nous étions plus d’une soixantaine.
Elle nous a présenté un état des lieux, des retours d’expériences, les perspectives et les axes prioritaires pour le développement de la pratique avancée en France. Elle reprend ceux que nous avions identifiés, nous en sommes donc satisfaits.
Quels sont-ils ?
Il faut d’abord agir sur l’attractivité du métier, ce qui implique une action sur les salaires. Le modèle libéral est limitant et les salaires prévus au sein de la fonction publique ne sont pas non plus attractifs. Mais l’attractivité n’est pas que salariale.
Il faut aussi travailler sur l’intégration des IPA dans les lieux d’exercice : aujourd’hui, certains diplômés n’exercent pas en tant que tels dans les hôpitaux car leur rôle n’est pas encore identifié. Ils n’ont donc pas de perspective d’emplois. Il faut travailler sur le sujet et également envisager des financements spécifiques pour les créations de postes.
La DGOS propose par ailleurs d’agir sur la formation de la pratique avancée et nous sommes tout à fait d’accord car il y a une grande hétérogénéité dans les cursus proposés. En pratique, un référentiel de formation doit être respecté par les universités mais nous constatons que certaines proposent des formations à temps plein, d’autres des temps partiels avec 700 heures de formation sur deux ans, ce qui est loin d’une formation de grade Master.
Nous nous interrogeons alors sur le contenu des enseignements et le niveau de formation. Je pense que les tutelles vont désormais y être vigilantes.
De votre côté, vous militez pour un accès des IPA en premier recours…
Tout à fait ! Nous voulons que la population ait accès directement aux IPA tous domaines confondus. A l’hôpital, cela permettrait aux patients d’être reçus par l’IPA qui pourrait par exemple s’assurer qu’ils ont effectué tous les examens nécessaires avant d’aller voir leurs spécialistes. Ce serait un gain de temps pour tous.
En soins primaires, les IPA pourraient agir en prévention auprès de la population générale ou assurer des missions d’accompagnement en termes de prévention pour arrêter de fumer, de boire, rééquilibrer le poids… Elles pourraient effectuer des bilans complets en adressant un compte-rendu complet au médecin traitant et orienter vers les professions adéquates pour la prise en charge. Finalement, nous proposons via les IPA, d’offrir aux patients qui n’ont pas de suivi dans un suivi cadré.
Pour l’instant, nous travaillons sur l’acceptabilité de cette idée par les médecins généralistes afin de leur montrer que nous ne voulons pas leur prendre de leurs compétences mais plutôt accompagner les patients sur des actes qu’ils n’ont pas le temps de faire en raison de leur file active.
Qu’en est-il de la mise en place de nouveaux domaines d’intervention pour les IPA ?
Il y a de nombreuses demandes de créations de nouveaux domaines dans la douleur, les soins palliatifs, la rhumatologie, l’addictologie, la réanimation… Quasiment toutes les spécialités médicales souhaitent avoir leur mention IPA. Nous n’y sommes pas favorables, nous préférons à l’inverse des mentions large par types de populations.
Car si les nouveaux domaines se multiplient, nous risquons d’avoir un suivi des patients cloisonnés. Or, le principe de la pratique avancée repose sur la prise en charge globale des patients.
Quelle suite va être donnée à ce comité de suivi ?
Cette première réunion a donné le coup d’envoi d’une mission qui va être menée par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), qui devrait rendre son rapport avant l’été à la DGOS. Cette dernière devrait alors porter des propositions auprès du ministère et des décideurs politiques.
Un autre comité de suivi devrait d’ailleurs avoir lieu au début de l’été, certainement en lien avec ce rapport de l’IGAS.
Propos recueillis par Laure Martin
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