Suicide d’un infirmier à l’HEGP : la communauté soignante de nouveau sous le choc

Suicide d’un infirmier à l’HEGP : la communauté soignante de nouveau sous le choc

Après le suicide par défenestration d'un infirmier à l'hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) dans la nuit de dimanche à lundi, la communauté soignante est de nouveau sous le choc. 

Suicide d'un infirmier à l'HEGP : la communauté soignante de nouveau sous le choc

Certes, le lien de causalité entre le passage à l’acte et le travail de l’infirmier n’est pas établi. Certes, l’infirmier n’était pas de service ce jour là. Mais il s’est défenestré depuis le huitième étage de son lieu de travail. Cette information, donnée par l’AP-HP n’est pas sans conséquences sur l’émoi des soignants. Et pose question. 

Elle fait écho aux huit suicides de soignants– dont deux en lien formel avec l’activité professionnelle – qui ont eu lieu cet été en France. Elle survient aussi un peu plus d’un an après le passage à l’acte d’un cardiologue dans le même établissement. Suite à ce drame, l’HEGP avait été épinglé par l’IGAS. Lequel avait pointé des manquements dans le traitement d’un conflit qui avait conduit le geste du spécialiste, parmi lesquels “l’absence de signalement de sa souffrance“. 

N’ayant encore que très peu de données sur le suicide de cet infirmier dimanche,  les informations qui circulent sur les liens de causalité sont à prendre avec précaution. Une enquête a été diligentée par la direction de l’hôpital européen Georges Pompidou pour comprendre les raisons du drame.

La cellule d’analyse des suicides a été saisie, en lien avec les représentants du CHSCT. D’autre part, Edouard Couty, qui a été nommé médiateur national dans le cadre d’un plan d’action pour prévenir le malaise des soignants et les situations conflictuelles à l’hôpital, a également été saisi. 

Le SNPI s’indigne et dénonce les conditions de travail

De son côté, le SNPI (syndicat national des professionnels infirmiers)  s’indigne. Au-delà du cas individuel de ce soignant, il fait le lien entre la souffrance au travail qui découle du plan de “désorganisation du temps de travail“. 

Pour Thierry Amouroux, le secrétaire général du SNPI, “les conditions de travail se dégradent un peu partout. La pression devient trop rude sur des professionnels que l’on pousse à bout. Ces réorganisations sont en rupture avec les valeurs soignantes et débouchent sur une maltraitance des soignants et la mise en danger des patients“. 

Vers une prévention des risques psycho-sociaux pour les infirmiers? 

Ce suicide intervient alors qu’une stratégie nationale pour l’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé a été mise en place en décembre dernier. Mesures de prévention des risques psycho-sociaux, suivi individuel des salariés. :  30 millions d’euros sur trois ans doivent être consacrés à la généralisation d’équipes pluri-professionnelles dans chaque GHT (Groupement Hospitalier de Territoire), en renfort des services de santé au travail. Constituées au minimum de psychologues, d’assistants sociaux et de conseillers en prévention des risques professionnels, elles contribuent à l’accompagnement des professionnels en fragilité ou de retour au travail après une longue absence. Si l’intention avait été saluée lors de sa présentation, les représentants infirmiers dénoncent néanmoins la faiblesse des moyens annoncés et une gestion des risques psycho-sociaux (RPS) prévalant sur leur prévention.

Marisol Touraine, à l’origine de ce plan, a exprimé par voie de presse sa “vive émotion” ainsi que son “soutien aux équipes de l’établissement ainsi qu’à l’ensemble des professionnels de santé, endeuillées par le drame“. 

Rédaction ActuSoins

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