Alain Desbouchages, nouveau président de l’Ordre National des Infirmiers (ONI) : « Je viens pour construire, pas déconstruire »,

L’Ordre national des infirmiers (Oni) a un nouveau président depuis le 19 novembre : Alain Desbouchages. Infirmier puis cadre et cadre supérieur de santé au CHU de Toulouse, investi auprès de l’Ordre au niveau départemental, régional et national, il a été élu par le bureau national à la suite de la démission de Sylvaine Mazière-Tauran, en septembre. Il arrive à ce poste dans une période d’intense actualité infirmière. 

Alain Desbouchages, 55 ans, a suivi un parcours hospitalier relativement linéaire. Diplômé de l’IFSU du CHU de Toulouse en 1997, il y a exercé durant quasiment toute sa carrière. « J’ai travaillé en chirurgie, en médecine, en réanimation auprès des grands brûlés, raconte-t-il. Ensuite j’ai évolué vers des fonctions d’encadrement. »

Après sa formation de cadre au CHU de Montpellier il revient à celui de Toulouse, notamment au sein de son IFSI en tant que cadre formateur pendant trois ans, puis en tant que cadre « bed manager » aux urgences. Une disponibilité de deux ans, pendant la crise sanitaire du Covid le conduit à participer à la construction de l’observatoire régional des urgences d’Occitanie. Avant un nouveau retour dans l’établissement toulousain comme cadre supérieur de santé en charge du projet projet Organisation du parcours patient et des lits (Oppal).

Parallèlement, Alain Desbouchages s’est investi dans le développement de l’Ordre des infirmiers dès ses débuts, au plan local.

À l’ordre depuis la première heure

La création d’un Ordre « qui rassemble l’ensemble de la profession, qui montre que les infirmiers et infirmières ont quelque chose à dire et qui reconnaît leur pratique, au même titre que les autres professionnels de santé » l’a enthousiasmé. Il a ainsi été élu président du conseil départemental de l’Ordre de Haute-Garonne dès sa création, en 2008, et a occupé cette fonction jusqu’à son élection à la présidence de l’échelon national. Il a également été élu en 2017 au conseil régional d’Occitanie et au conseil national, en tant que secrétaire général adjoint.

Alain Desbouchages a déjà participé à une élection à la présidence de l’Oni, en avril 2024. « J’ai été battu à une voix, souligne-t-il. Mais en tant que démocrate et réconciliateur, je n’ai pas été dans l’opposition au conseil national. À mon avis il vaut mieux être la solution que le problème. »

Quand Sylvaine Mazière-Tauran a démissionné de son poste de présidente, en septembre dernier, « des élus m’ont demandé si j’allais me représenter », dont « certains qui ne m’avaient pas soutenu la première fois », observe-t-il.

La réponse ne va pas de soi : devenir président en cours de mandat, dans une période de relative instabilité, avec un bureau déjà constitué (seul le poste de président change) n’est « pas simple ». Pendant les deux mois d’interim avant les nouvelles élections, il a cherché à évalué auprès des conseillers le soutien dont il pouvait bénéficier, estimé qu’il était suffisant et décidé de se porter candidat. Il a emporté l’élection avec un score de 56 %.

« Je viens pour construire, pas déconstruire », martèle le nouveau président de l’Oni, qui arrive à ce poste à un moment charnière pour la profession. Élu le 19 novembre, il a enchaîné avec le conseil national les deux jours suivants puis les rencontres avec les services de l’Ordre et les rendez-vous à la DGOS.

L’actualité infirmière est en effet intense au niveau national : le projet de décret en conseil d’État sur les activités et les compétences des IDE, dont la première mouture a été fortement critiquée par l’Oni en octobre, est en cours de rédaction. « Nous espérons qu’il sera publié d’ici la fin de l’année », indique Alain Desbouchages. L’arrêté sur les actes et les soins est également très attendu, ainsi que les textes sur la prescription et sur la réforme de la formation infirmière.

Textes essentiels et proximité

Il aura aussi à porter la voix de l’Ordre et ses propositions sur des dossiers comme le réseau des maisons France santé. « Aujourd’hui, estime Alain Desbouchages, nous sommes un acteur incontournable des politiques de santé et il faut que ça continue ».

Le nouveau président ambitionne par ailleurs « d’aller à la rencontre des infirmières et des infirmiers des territoires parce [qu’il a] conscience que cette profession réalise bien souvent des choses extraordinaires », affirme-t-il.

« Ma limite, ajoute-t-il, ce sont les 18 mois que j’ai devant moi mais je veux, autant que possible, mettre leur leadership -et toute la profession- en avant et que cela serve de modèles inspirants. »

Au sein de l’Oni, il compte également travailler sur le développement de l’entraide infirmière mais aussi du repérage et de la lutte contre les violences, notamment sexistes et sexuelles.

Géraldine Langlois

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