Les passerelles depuis et vers les IFSI et les autres formations des métiers de la santé restent rares. Les plus « installées » sont des passerelles post-diplôme et « sortantes ».
« Depuis 2017, un premier arrêté permet aux infirmier(e)s d’accéder en deuxième ou troisième année d’études médicales – médecine, odontologie, pharmacie ou maïeutique », souligne Malorie Dupont, vice-présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) chargée de l’enseignement supérieur.
Au départ, deux ans d’exercice minimum en tant qu’infirmier étaient exigés mais ce n’est plus le cas. D’autres passerelles existent pour les infirmier(e)s vers les formations de masso-kinésithérapie, ergothérapie, psychomotricité et ostéopathie. Les infirmiers diplômés peuvent obtenir une dispense de certaines unités d’enseignement pour suivre ces cursus.
Mais « bien que ces possibilités existent dans les textes, elles ne sont pas toujours accessibles aux jeunes diplômés », ajoute la vice-présidente de la Fnesi. Les instituts de formation peuvent refuser des candidats par manque de places disponibles ou pour d’autres raisons. « Nous conseillons aux personnes intéressées par une réorientation de ce type de bien construire leur dossier, poursuit Malorie Dupont, de s’informer sur le métier et de s’intéresser à la profession en rencontrant des professionnels et en faisant des stages. »
Passerelles entrantes et sortantes
Les passerelles en cours d’études entre formations en santé sont encore plus rares.
Elles se déroulent essentiellement dans le cadres des expérimentations de rapprochements entre IFSI et universités autorisées depuis 2021. « Toutes ne sont pas identiques mais plusieurs prévoient des passerelles avant diplômation », précise Marielle Boissart, vice-présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) chargée de la formation initiale.
C’est le cas par exemple dans certaines expérimentations entre des IFSI et des Parcours (universitaires) d’accès spécifique santé (PASS, ex-première année d’accès aux études de médecine).
Les étudiants de ces PASS qui suivent l’option « sciences infirmières », la réussissent et valident leur première année « peuvent entrer sous réserve de quota directement en deuxième année de formation infirmière, ajoute la vice-présidente du Cefiec. Et s’ils le souhaitent, ils peuvent recandidater pour intégrer une filière médicale à la fin de la deuxième ou de la troisième année en IFSI. »
Dans certaines universités, une réorientation précoce vers les instituts en fin de premier semestre en première année est aussi possible. Ces réorientations « entrantes » (vers les IFSI) s’accompagnent toujours d’un accompagnement plus ou moins important, notamment pour le rattrapage des stages non effectués.
Dans l’autre sens, des passerelles « sortantes » des ESI vers des filières médicales (médecine, odontologie, maïeutique ou pharmacie) n’existent que dans le cadre des expérimentations entre des IFSI et des licences option « accès santé » (LAS).
« Elles permettent aux étudiants en sciences infirmières, à l’issue de leur première année, de tenter le recrutement en médecine ou maïeutique par exemple », explique Marielle Boissart.
Les candidats à cette passerelles sont moins nombreux que les premiers (PASS vers IFSI) mais les effectifs des étudiants à l’université sont plus importants que ceux des instituts.
Levée d’un tabou ?
Dans certaines expérimentations de rapprochement entre instituts d’études paramédicales et universités, IFSI et instituts de formation en masso-kinésithérapie, pédicurie-podologie ou ergothérapie mutualisent l’enseignement de certaines UE, sans pour autant prévoir de passerelles entre leurs deux formations. Ce n’est pas l’objectif de ces rapprochements.
Selon Marielle Boissart, cependant, ces mutualisations devraient au moins faciliter les passerelles post diplômation, dans un sens ou dans l’autre, en permettant plus facilement les dispenses d’une partie du cursus académique. Pour le moment, dans les établissements concernés, les demandes de dispenses d’UE ou d’allègement de parcours se règlent au cas par cas.
La refonte des formations paramédicales, en cours, multipliera probablement les possibilités pour les étudiants de bifurquer d’une filière d’étude de santé vers une autre.
Les discussions avancent en tout cas dans le sens d’une plus grande mutualisation de certains cours entre différentes filières et plus de possibilités de passer de l’une à l’autre en cours d’études. Le Cefiec, comme la Fnesi, sont pour. Selon Marielle Boissart, « il y a peut-être un tabou qui se lève sur la réorientation des étudiants ».
Géraldine Langlois
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