Ces applications qui désengorgent les urgences

Ces applications qui désengorgent les urgences

Au fil de ces dernières années, de nombreuses applications médicales ont vu le jour, avec des cibles et des modalités différentes. Certaines servent de plateformes professionnelles, d’autres sont supposées réguler les urgences et autres consultations par un pré-diagnostic. Tour d’horizon dans cette jungle numérique et des apports pour les infirmières et les infirmiers dans leur quotidien.

En mars 2019, « Un médecin 116 117 » voyait le jour dans la région Grand Est, à l’initiative de l’URPS-ML (Union régionale des professionnels de santé-médecins libéraux) et l’ARS (Agence régionale de santé) Grand Est.

Cette application a permis de mettre en place des coopérations à différents niveaux. Ainsi, les infirmiers d’accueil et d’orientation des urgences des HUS (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) peuvent désormais proposer aux patients qui ne relèvent pas des urgences hospitalières de rentrer en contact avec le 116 117.

Le numéro national d’appel unique pour la permanence des soins ambulatoires peut dès lors être couplé avec l’application Entr’Actes, plateforme numérique de coordination de parcours de soins primaires déployée par Medi’Call depuis 2016, initialement dans l’Essonne.

Elle rassemble plus de 1 000 professionnels de santé en Île-de-France, et devrait se déployer en Bourgogne-France-Comté, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Normandie, dans le cadre du développement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

Concrètement, au lancement de l’application, près de 20% des appels passés au Samu-Centre 15 du Bas-Rhin étaient réorientés vers le 116 117, avec une interopérabilité des systèmes d’information, pour faciliter le transfert des données patient.

En temps et en heure

Plusieurs applications se proposent d’indiquer la durée d’attente aux urgences et d’orienter les patients vers des structures moins chargées, à l’instar d’Urgences Chrono (lire notre article à ce sujet).

My Urgence, la dernière application en date, sortie en juillet 2019, a été initiée par un ancien urgentiste d’Argenteuil, le Dr Abdelkader Louiz. Son point fort : indiquer aux patients le temps d’attente au sein des urgences et les alternatives possibles. Son fondateur expliquait au Parisien : « On pourrait imaginer que les infirmières d’accueil et d’orientation, qui sont chargés de dispatcher les patients dans les hôpitaux, soient celles qui indiquent, via leur ordinateur, les temps d’attente. » Son point faible : il n’y a pas suffisamment de recul pour jauger de son efficacité.

Dans la même veine, ALTUrgences, lancée en mai 2018 par Thomas Vernhes, un étudiant suivant un cursus dans le numérique et internet, nécessite encore quelques ajustements : établissements non répertoriés, mal localisés, services absents ou au contraire rajoutés.

Toujours dans le même sillage, l’application Bobbo est en train d’être développée par deux associés, Sofiane Tazdaït et Adner Neyret, médecin généraliste qui travaille par ailleurs pour SOS Médecins.

De son côté, Docariv, créée par un médecin anesthésiste lyonnais, Michael Loeb, et son épouse, Jessica Loeb, donne la possibilité aux infirmières et infirmiers d’être directement associés à leur service.

La solution proposée est à mi-chemin entre les plateformes de type SOS médecins et celles de prises de rendez-vous en ligne, tel que Doctolib. « Nous avons fait le constat que les urgences sont saturées. Plus de la moitié des patients qui se trouvent aux urgences n’ont rien à y faire. Docariv est donc conçu pour proposer un service d’urgences à domicile si le médecin traitant n’est pas disponible », explique son fondateur.

Une fois que le patient a fait sa demande de rendez-vous, un médecin, qui aura reçu une alerte par SMS, contacte le patient par téléphone, pour lui préciser un horaire. Le service s’appuie sur un réseau d’une soixantaine de professionnels de santé, afin d’obtenir le jour-même une radio, une échographie, un scanner, la livraison de médicaments chez le patient ou encore le passage d’une infirmière à domicile pour une prise de sang ou la pose d’une perfusion par exemple.

L’application, en partenariat avec la ville de Lyon, se développe depuis 2018 au sein de l’agglomération mais a pour projet de se développer au niveau national.

Rappelons également l’existence de My 15, une application gratuite développée par le Dr François Braun, président du Samu 57, et la société Exos, fournisseur de logiciel de régulation médicale, est une application gratuite qui permet aux victimes ou aux témoins d’être en contact direct avec les urgences, être géolocalisés (précision de plus ou moins 10 mètres) et d’avoir la possibilité d’envoyer des photos sur demande du médecin régulateur, pour en faciliter le diagnostic.

D’autres applications se sont fixé le même objectif de désengorger les urgences, parmi lesquelles Médiveille et Livi.

Guillaume Bouvy


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