Refonte des compétences métiers et de la formation infirmière : trois chantiers en cours

Trois grands chantiers concernant l’avenir de la formation et de l’exercice du métier d’infirmier sont en cours. Les discussions autour de l’universitarisation et de la refonte de la formation, ainsi que de la réforme des compétences métiers impliquent tous les acteurs institutionnels, associatifs et organisationnels concernés. Si les trois dossiers avancent de concert, difficile aujourd’hui d’en percer les mystères tant que les arbitrages ne seront pas pris par les tutelles.

Refonte des compétences métiers et de la formation infirmière

© Spotmatik Ltd / ShutterStock

Annoncé mi-novembre par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, le report d’un an de l’entrée en vigueur de la réforme de la formation infirmière, portée à septembre 2025, a été accueilli positivement par les acteurs du secteur. « Ce décalage, nous l’avons demandé dès l’annonce des travaux sur la réforme, fait savoir Florence Girard, présidente de l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (ANDEP). Aujourd’hui, on nous demande davantage de transparence concernant les critères de Parcoursup, mais il est compliqué de répondre à cette demande sans détenir les informations concernant l’évolution de la formation. »

De plus, face à une réforme annoncée « d’envergure », difficile pour les acteurs de s’organiser pour la rentrée 2024 si les textes paraissent à l’été. La Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) salue également cette décision. « La réforme de 2009 avait été précipitée, donc compliquée à mettre en œuvre, il s’agit de ne pas reproduire la même erreur », pointe Pauline Blandin, la présidente.

La mobilisation de tous les acteurs

Cette réforme engagée de la formation des futurs infirmiers vise à répondre aux nouvelles compétences attendues vis-à-vis de la profession. Elle s’inscrit dans le contexte plus global de l’universitarisation des formations paramédicales dont le chantier a débuté en décembre 2022, et s’articule avec la réforme de la refonte du métier d’infirmier.

Ces trois chantiers, menés de front, réunissant globalement les mêmes représentants, à savoir ceux des instituts de formation en soins infirmiers (ANDEP, Cefiec, Croix-Rouge), les universités, la conférence des doyens, les étudiants, les employeurs (FHP, FHP, FEHAP, Fnehad), les Agences régionales de santé (ARS), les Régions, les représentants professionnels (Conseil national professionnel et Ordre) ou encore les représentants syndicaux.

L’ensemble des réflexions, travaux et conclusions sont censés être partagés entre les différents groupes, afin de s’enrichir les uns et les autres, pour l’élaboration de la réforme globale.

La mission sur l'universitarisation des formations paramédicales

« Cette mission représente en quelque sorte le toit de l’ensemble de la réingénierie, estime Florence Girard. Ses conclusions donnent un cadre global sur l’ensemble des formations qui vont être revues. » Le travail de cette mission, portée par Christine Ammirati, ancienne conseillère chargée de la santé auprès du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, est mené en concertation entre la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (DGESIP).

À titre d’exemple, la mission a travaillé sur une convention cadre entre les Régions, les instituts de formation et l’université pour les Infirmiers de bloc opératoire (Ibode). « Cette convention pourra être utilisée pour toutes les autres formations », indique Florence Girard. Les membres de la mission travaillent également sur le droit des étudiants ou encore la place des enseignants chercheurs. « Nous discutons ouvertement des évolutions nécessaires, en cherchant des zones de consensus, sous l’arbitrage de la DGOS et de la DGESIP », ajoute-t-elle.

Le groupe de travail sur le référentiel métier et compétences

Les travaux de ce groupe de travail sur la refonte du métier ont débuté courant juin avec une réflexion autour de deux axes : le référentiel activité et le référentiel compétences, par rapport aux missions infirmières. Pour le moment, aucune information ne fuite sur le contenu des échanges. « Nous ne savons pas non plus ce qui s’y dit, indique Florence Girard, précisant que l’ANDEP n’est pas membre de ce groupe de travail. C’est contrariant car ces travaux sont particulièrement impactant sur la formation. » 

Le comité de suivi sur le référentiel de formation

Un comité de suivi, dont fait notamment partie l’ANDEP et la Fnesi, piloté par la DGOS et la DGESIP se réunit tous les deux mois. « Notre rôle est de nous prononcer sur les grands axes du cadre national de la formation infirmière », indique Florence Girard.  Ce comité est décliné en un groupe de travail dédié à l’ingénierie pédagogique, qui se tient tous les 15 jours. D’autres groupes de travail thématiques devraient être mis en place dans les prochaines semaines.

Le calendrier prévisionnel fixe pour le moment la fin des travaux à l’été 2024.

Laure Martin

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Réactions

1 réponse pour “Refonte des compétences métiers et de la formation infirmière : trois chantiers en cours”

  1. Corinne dit :

    Mettre les études infirmières à l’université est une abnégation… Ayant travaillé dans différents pays j’ai vu ce que cela fait. manque de compétences et en connaissances et en technicité, il faut refaire valider chaque test infirmier (prise de sang, pose de cathéter, pansement… etc) par des formations de quelques heures qui n’ont rien de comparable avec l’expérience sur le terrain par les stages.
    on a déjà rabaissé le niveau en faisant des stages de 10 semaines dans le même service… que veut-on? Baisser encore plus le niveau des soins? Les infirmièresmières Françaises étaient le meilleures au monde notre diplôme était reconnu de tous…
    Quel est le but? Niveler par le bas?… J’espère pas….

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