CHU de Toulouse : les urgences en grève pour la 6ème semaine consécutive

Depuis un mois et demi, les infirmiers et aides-soignants des services d’urgences des différents sites composant le CHU de Toulouse sont en grève. Les agents réclament davantage de moyens humains pour offrir aux patients une prise en charge sécurisée.

CHU de Toulouse : les urgences en grève pour la 6ème semaine consécutive85 postes d’infirmiers et d’aides-soignants pour trois sites : c’est ce que demande l’intersyndicale CGT-SUD, qui porte la grève depuis six semaines. Les deux syndicats réclament 41 équivalents temps plein (ETP) pour l’hôpital de Purpan dont une infirmière d’accueil et d’orientation, 22 ETP pour celui de Rangueil, et 22 ETP également pour les urgences psychiatriques. « Nous voulons aussi une ambulance supplémentaire la nuit, car nous n’en avons qu’une pour tout le CHU », souligne Lucie Lambert, infirmière en réanimation à l’hôpital de Purpan et déléguée SUD Santé Social.

Face à ces revendications, « au départ, la direction ne voulait rien lâcher car pour elle, la problématique repose surtout sur une question d’organisation, fait savoir Pauline Salingue, éducatrice spécialisée, secrétaire au Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’hôpital Purpan, et déléguée CGT. Mais finalement, face à la pression, elle a fait des propositions. »

Car la grève est réelle. Les soignants ne se « contentent » pas de venir travailler avec un brassard sur lequel il est écrit « en grève ». Ils sont absents des services pendant 24 heures. « Notre préavis court en illimité depuis six semaines, pour 24 heures effectives chaque semaine, indique-t-elle. Les agents doivent se déclarer grévistes 48 heures avant leur prise de poste et si la direction souhaite qu’ils soient à leur poste malgré tout, elle doit leur remettre une assignation en main propre sur site, ou par voie d’huissier à domicile". Mais les huissiers ont trouvé portes closes.

Une prise en charge non sécurisée

« Sept réunions de négociations dont deux sur des temps qui n’étaient pas planifiés ont été menées », indique Christelle Demie, la directrice des soins. La proposition de la direction : 16 ETP pour Purpan, 9 pour Rangueil et 6 pour les urgences psychiatriques. « Cela ne nous convient pas, rapporte Pauline Salingue. La prise en charge des patients n’est pas sécurisée. » Et d’évoquer le cas récent d’une patiente amenée par la police car délirante sur la voie publique et alcoolisée. « Lorsque l’infirmière d’accueil est allée la voir, il était trop tard, elle était en arrêt, et désormais elle est dans le coma. Et ce n’était pas un jour de grève. La direction nous dit que nous mettons les patients en danger, mais c’est en réalité sa responsabilité en raison du manque de personnel. Les agents sont culpabilisés alors que si rien ne change aujourd’hui, nous serons face à des morts demain. »

De son côté, la direction justifie sa proposition au regard des données d’activité fournies pour évaluer la situation des urgences. « Notre proposition est une réponse à l’analyse de ces données, indique Christelle Demie, précisant que l’intersyndicale n’en fait pas la même lecture car elle ne retient pas la même année comparative. Nous pouvons justifier les postes que nous proposons en lien avec les données récoltées mais nous ne pourrions pas légitimer d’autres recrutements supplémentaires. »

Lancement des recrutements

Malgré les annonces, les syndicats regrettent qu’aucun recrutement ne soit encore lancé. « Aucune annonce n’est parue », dénonce Lucie Lambert. La direction garantit de son côté que les offres d’emplois ont été publiées sur le site Internet du CHU depuis une semaine et demie. L’hôpital de Purpan a déjà obtenu un poste infirmier et un poste aide-soignant supplémentaire, et celui de Rangueil, une infirmière d’accueil.

« Même si notre plan ne convient pas à l’intersyndicale, comme il s’agit d’un plan de recrutement, nous l’avons tout de même lancé, d’autant plus en cette période où les nouveaux diplômés arrivent sur le marché, indique Christelle Deymie. Néanmoins, comme tous les établissements, les recrutements sont difficiles. » Et de poursuivre : « Le CHU a besoin d’une centaine de paramédicaux, nous sommes donc en permanence en recrutement, et certes, les urgences font partie des services prioritaires mais ils ne sont pas les seuls à être en tension. » La direction a annoncé que l’analyse de la situation et de l’activité allait se poursuivre, et qu’un point aurait lieu à l’automne pour envisager des ajustements si besoin.

Laure Martin

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