Nouvelle organisation face à des urgences saturées à Toulouse

Pour contrer une hausse de fréquentation de 19 % en cinq ans aux urgences, le CHU de Toulouse adopte le plan « Marche en avant ». Simple rustine pour le collectif inter–urgences, véritable amélioration du parcours patient selon l’hôpital.

Nouvelle organisation face à des urgences saturées à Toulouse

Urgences-Réanimation-Médecines du site de Purpan - CHU de Toulouse. Crédit photo : art and build

Aux grands maux les grands remèdes ? Le CHU de Toulouse n’a pas attendu le pacte de refondation des urgences d’Agnès Buzyn pour agir. Il vient d’investir 400 000 euros dans « Marche en avant » un dispositif d’organisation des urgences adultes, en cours de déploiement, adaptable aux pics d’activités et à la croissance démographique que connaît la ville (10 000 nouveaux habitants par an, selon l’INSEE).

Il faut dire que quatre ans seulement après l’ouverture du nouveau bâtiment Urgences-Réanimation-Médecines (URM)  à Purpan, dont l’objectif était « de proposer une offre moderne de soins (…) et d’améliorer les conditions de travail des professionnels » ; les urgences adultes du CHU sont déjà totalement saturées par le flux quotidien de patients (entre 220 et 250/ jour à Purpan et 120 à 130/ jour à Rangueil). Depuis cinq ans, ces deux services ont enregistré une hausse de fréquentation de 19 %.

« L’ouverture de l’URM en 2015, était l’aboutissement d’une réflexion calquée sur d’anciens modèles de fonctionnement des urgences, reconnaît aujourd’hui le Pr. Sandrine Charpentier cheffe de service des urgences au CHU de Toulouse. Puis surtout, nous n’avions pas identifié que la hausse d’activité serait telle, 10 % dès la première année, et qu’elle ne fléchirait pas. »

Une hausse d’activité qui a plongé l’hôpital toulousain dans une crise noire fin 2016 début 2017. A cette époque, l’établissement a perdu 60 % de ses médecins aux urgences. « Du côté des soignants, nous étions arrivé à 80 % de turn over », évalue aussi Liliane Queyrel, cadre supérieur du pôle médecine d’urgence.

Pas de grève au plus fort de la crise des urgences

Depuis, les choses semblent - en façade en tout cas - s’être apaisées. D’ailleurs l’été dernier, contrairement à d’autres sites en France, les urgences ne se sont pas enflammées ici. « Depuis la dernière action menée fin juin, les soignants ont été plus difficilement mobilisables, tandis que les médecins sont plutôt dans une situation d’observation», constate Benoît Dupuy, membre du collectif inter-urgences au CHU et du syndicat SUD.

Une faible mobilisation que le syndicaliste explique par « l’arrivée d’une vague de nouveaux embauchés, attentifs aux revendications, mais pas encore prêts à  s’engager ». Depuis le 24 juillet dernier, le CHU indique en effet avoir embauché 150 infirmiers et infirmières dont 25 aux urgences et estime que si l’on n’entend pas parler de Toulouse, « c’est justement parce que, depuis un an on est en nombre requis, avec peu ou pas de postes vacants », selon Elvis Cordier, le directeur délégué du pôle médecines d’urgence.

Moins d’attente et plus de travail d’équipe aux urgences

Pas de création de postes donc, mais des embauches qui coïncident avec la mise en application du plan « Marche en avant » dont l’objectif vise, entre autres,  à améliorer le flux des patients et favoriser le travail collectif. Ainsi l’accueil des patients est désormais renforcé avec 1 à 2 infirmières organisatrices de l’accueil (IOA) et un médecin de coordination et orientation (MCO), présent H24.

Un hub de 11 boxes dédiés aux soins médicotechniques a aussi été créé pour les patients en urgences couchés en attente de résultats d’examens complémentaires. Enfin une nouvelle zone de surveillance  ouverte, organisée en zone scopée et non scopée,  en fonction de la gravité, accueille les patients.

Sur le terrain les premiers retours semblent mitigés. « Ce plan est une simple rustine », estime Benoît Dupuy. Censé améliorer le flux patients, « il va se traduire, après un accueil plus rapide, par une forte attente dans des conditions très dégradées derrière de simples paravents », déplore-t-il.

Une promiscuité que certains soignants ne vivraient en effet pas très bien, selon Liliane Queyrel, « mais pour le reste les premières impressions sont bonnes : les prises en charge en binôme avec un médecin réduisent les pertes de temps et d’énergie. De même les transmissions quotidiennes se font désormais en commun et les paramédicaux s’approprient ce moment » décrit la cadre de santé.

Attentive aux revendications, la direction de l’hôpital a mis en place un cahier de doléances dans le service pour le personnel soignant et affirme vouloir poursuivre les améliorations dans la concertation.

Béatrice Girard

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