Lutte contre les déserts médicaux : pour l’Ordre Infirmier, les infirmiers ont « un rôle à jouer »

Le premier ministre a présenté vendredi son plan pour lutter contre les déserts médicaux. Attribuer de nouvelles missions aux infirmiers fait partie des mesures phares annoncées. Cela pourrait aller dans le sens de la pratique avancée infirmière, votée par la loi de modernisation de notre système de santé en janvier 2016. Dans un communiqué, l'Ordre National des Infirmiers estime que les infirmiers ont en effet "un rôle à jouer" dans la lutte contre les déserts médicaux. 

Lutte contre les déserts médicaux : pour l'Ordre Infirmier, les infirmiers ont "un rôle à jouer"

"Le rôle infirmier croit et peut encore croître en matière de prévention, d'éducation thérapeutique, de suivi des patients chroniques, de vaccination, de prescription de dispositifs médicaux et de produits", explique l'ONI, qui cite pour exemple le Royaume-Uni où les infirmiers "ont un rôle de diagnostic de premier niveau" et la Suède, où ils "peuvent prescrire certains médicaments et examens de biologie en contrepartie d'une formation spécifique et dans un cadre strict".

L'ONI réaffirme ainsi son souhait de voir se développer en France, la pratique avancée infirmière, pour répondre aux besoins non couverts (offre de premier recours, coordination, consultation de suivi, éducation  à la santé, organisation de parcours). L'ONI demande également un élargissement du droit de prescription et de la vaccination "sans prescription médicale", afin d'améliorer la couverture vaccinale, ainsi qu'une adaptation du cadre de compétences au fil des évolutions, des besoins et des techniques.

"La lutte contre les déserts médicaux est un enjeu majeur qui concerne tous les professionnels de santé, y compris les 600 000 infirmiers qui exercent aujourd'hui en France et jouent un rôle à la fois majeur et singulier auprès des patients", souligne l'ONI.

Pour les Infirmières de pratiques avancées IPA et les Infirmiers... sous condition

De son côté, le SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers), très en faveur du développement de la pratique avancée également, a réagi à l'annonce du premier ministre, et met en garde sur la façon de donner davantage de compétences aux infirmiers. 

Le syndicat réaffirme notamment que les pratiques avancées "doivent se faire en master 2", avec une reconnaissance officielle et nationale, et avec une rémunération et une formation conséquentes. 

"Nous sommes en faveur de pratiques avancées dans un cadre clair. Des pratiques autorisées après l'obtention d'un master 2, comme dans d'autres pays d'Europe. L'infirmier de pratique avancée aura alors toute sa légitimité et pourra exercer sur tout le territoire, comme le fait un IADE aujourd'hui". 

Exit donc, l'idée de poursuivre sur de simples protocoles de coopération, qui ne donnent aucune reconnaissance statutaire, ni formation validante (lire notre article sur ce qui différencie la délégation de tâches de la pratique avancée infirmière). "Les infirmiers ne sont pas des tâcherons!", s'indigne le SNPI. 

"Ces protocoles de coopération permettent juste de régulariser de petits arrangements locaux", selon Thierry Amouroux, le secrétaire général du SNPI. "Mais ils  ne comportent aucune garantie pour les usagers sur les qualifications et les compétences des professionnels impliqués, ainsi que sur la régularité et les modalités de leur exercice. Le développement souhaitable des partages de compétences entre professionnels de santé, ne doit pas être le prétexte à faire n'importe quoi, juste pour libérer du temps médical". 

Le SNPI demande également la réactualisation du décret d'acte de 2004 pour intégrer de nouvelles pratiques. 

Rédaction ActuSoins

En France, le cadre légal de l'infirmière de pratique avancée (IPA) est l'article 119 de la loi n°2016-41, du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé. A ce jour, aucun décret d'application définissant les modalités de mise en place des IPA (référentiel d'activité, de compétences, de formation, cadre statutaire et grille salariale) n'est paru. 

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Réactions

22 réponses pour “Lutte contre les déserts médicaux : pour l’Ordre Infirmier, les infirmiers ont « un rôle à jouer »”

  1. Bruno Loy dit :

    Pfff pour oublier les soins de bases et de confort qui sont bacles

  2. Pat Beck dit :

    La télé médecine pour les infirmiers !

  3. Noelle Menut dit :

    Aurelie Coste, Or El, Emilie Crespy Chapuis, Laure Poudevigne, Pauline Malartre, Sebastien Delpoux, Severine Johanny Bredoire, Audrey Nico… qui s’y lance ???

  4. et on rajoute…et on rajoute…sinon, on pourrait déjà donner aux IDE et ASDE de soins déjà le temps de bosser correctement avant de RE charger la mule, non ?

  5. va falloir payer plus aussi

  6. Enfin !
    Il est temps que les représentants des professions infirmières saisissent une opportunité historique, permettant de rétablir des organisations de bon sens, prenant en compte l’intérêt de la population, et non pas celui de lobbyistes devant lesquels ont cédé tant de gouvernements !

  7. Il faudrait les moyens de déjà faire correctement notre métier !

  8. Bien sur protocole de coopération et transfert de tâches pour rien de plus! !!!@

  9. Avoir plus de responsabilités pourquoi pas mais il faut revoir les salaires alors !

  10. Lucas Hu dit :

    exemple : les infirmières praticiennes en soins de première ligne au Canada, ça fonctionne très bien chez eux et c est particulièrement cadré… https://youtu.be/eeZ2yu3AsIA

  11. Master Thief dit :

    SNPI à côté de la plaque, comme d’habitude….l’ONI aussi, ce ne sont pas les « 600 000 infirmiers qui vont lutter contre les déserts médicaux », mais ceux qui sont dans le process de médecine de ville, donc les IDE des SSIAD et les IDEL….

    Le master 2, réponse technocratique et bureaucratique à une demande qui est plus ponctuelle: une formation par groupe de pathologie est bien plus rapide, plus pragmatique et plus adaptée au terrain….on nous rabat les oreilles avec les déserts médicaux alors qu’il n’y a jamais eu autant de praticiens en France…

    Déjà, prendre les pbs à la racine: suppression du délai de carence pour les médecins de ville, droits égaux avec les salariés, très net allègement des charges administratives car le pb est là aussi, avec 30-40% de temps consacré à du papier le plus souvent inutile…

    Rien que ces banales mesures seraient déjà très porteuses….au lieu de cela ils pondent le ROSP

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