Déserts médicaux : huit organisations interpellent les candidats à la présidentielle

Huit structures nationales1 portées par l’Association des maires ruraux de France (AMRF), dont le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), ont lancé une déclaration commune afin d’agir pour garantir l’accès aux soins dans tous les territoires. Leur but : alerter les candidats à la présidentielle.  

Déserts médicaux : huit organisations interpellent les candidats à la présidentielle

© Delpixart / iStock

D’après une étude menée par l’AMRF avec Emmanuel Vigneron, géographe à l’université de Montpellier et spécialiste des questions de santé en France, « la pénurie du temps médical met en difficulté l’hôpital et l’organisation des soins de ville engendrant des retards de diagnostics, de traitements et des renoncements aux soins. Cela a pour effet de creuser de deux ans la différence entre l’espérance de vie des habitants des villes et celle des habitants des campagnes ».

L’étude rappelle également que 10 % de la population française n’a plus de médecin traitant.

Et si l’appel au Samu-Centre 15 permet à chaque Français d’accéder immédiatement à un médecin régulateur, 800 000 personnes sont à plus de 30 minutes d’une équipe mobile d’urgence et de réanimation, et 6 millions vivent à plus de 30 minutes d’un service d’urgence, dont 75 % en milieu rural.

Se rassembler pour dialoguer

« Cette étude nous permet d’avoir des éléments chiffrés à répondre aux politiques, aux Agences régionales de santé ou encore aux parlementaires lorsque nous les alertons sur les problématiques d’accès aux soins en secteur rural », rapporte Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l’AMRF et maire de Fercé-sur-Sarthe (Pays de la Loire).

Également animateur de la commission santé au sein de l’AMRF, il a rencontré de nombreux acteurs de la santé, ce qui lui permet d’affirmer « l’existence d’une prise de conscience selon laquelle nous arrivons au bout d’un système et qu’il est nécessaire de changer de modèle », soutient-il.

C’est pour agir en ce sens et garantir à tous les Français, un égal accès aux soins, que l’AMRF a demandé à certains partenaires de se retrouver pour échanger sur cette problématique et trouver des solutions à proposer aux candidats à la présidentielle.

« Nous nous sommes déjà réunis en juin, afin de voir si nous pouvions partager le diagnostic issu des résultats de l’étude », indique Dominique Dhumeaux.

Et de poursuivre : « Il est important de réunir tous les acteurs concernés, sinon, il y aura toujours quelqu’un qui verra l’intérêt particulier plutôt que l’intérêt général. »

 Les infirmiers ont donc toute leur place dans les débats, d’autant plus « qu’ils jouent un rôle clef dans l’offre de soins, et qu’ils sont davantage implantés en milieu rural que d’autres professions de santé, rappelle le premier vice-président de l’AMRF. Ils sont un atout important dans le débat. »

 Pour les infirmiers, cet espace de discussion est d’autant plus intéressant que « nous n’avons jamais de zone d’échange avec les élus, hormis localement, souligne John Pinte, président du Sniil. Il était donc assez évident pour nous de nous associer à cette réflexion. »

Et de poursuivre : « De plus, contrairement aux médecins, notre profession n’est pas en désertification et pourtant, nous ne sommes pas écoutés. Nous pourrions cependant participer à pallier la désertification médicale. Il existe des solutions pour faciliter le parcours du patient et éviter les ruptures de soins. »

Une problématique, qui n’est pas spécifique aux zones rurales, les banlieues étant aussi concernées.

Trouver un mode d’action

L’objectif de ce groupe de travail est donc de chercher des solutions qui puissent convenir à toutes les professions pour répondre à cette problématique de pénurie médicale.

Certes, il existe déjà des actions concrètes avec l’exercice coordonné, les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ou encore les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

« Mais il n’est pas possible d’amener toutes les professions sur cette solution, notamment en milieu rural », estime John Pinte.

En attendant, il faut donc trouver une solution pour offrir une meilleure qualité de soins au patient, mettre un terme à la rupture de soins et être dans une démarche préventive. En se plaçant hors du cadre de négociation officielle, les acteurs entendent trouver plus facilement des solutions à porter aux candidats à l’élection présidentielle.

Pour le moment huit d’entre eux se sont regroupés mais d’autres entendent rejoindre le débat comme des syndicats médicaux, d’internes, des mutuelles ou encore des cliniques privées. « L’objectif est que chacun mette ses frustrations et ses sujets particuliers de côté, et que l’on essaye de voir si d’autres font l’unanimité pour se concentrer sur cet intérêt général pour nos habitants, soutient Dominique Dhumeaux. Nous n’avons aucune garantie que cela fonctionne, mais cela mettra d’autant plus chacun face à ses responsabilités. Si nous parvenons à formuler dix propositions validées par tous, nous imaginons que le ministre de la Santé aura des difficultés à ne pas les prendre en considération. »

Laure Martin

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1L’Association des citoyens contre les déserts médicaux, la Fédération nationale des techniciens ambulanciers urgentistes, le Syndicat des infirmières et infirmiers libéraux, le Syndicat des médecins libéraux, le SAMU Urgences de France, l’Union nationale des professionnels de santé, L’Association des maires ville et banlieue de France, L’Association des maires ruraux de France.

Lire l’étude : https://fr.calameo.com/read/005307989239a0f96f4f2

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