Clinique infirmière : certificat en clinique infirmière ou master en sciences cliniques infirmières ?

En France, dans la filière infirmière, la branche clinique est encore très méconnue. Pourtant, elle constitue une véritable voie d’évolution pour les professionnels qui souhaitent approfondir et pratiquer davantage leur rôle propre infirmier.

Clinique infirmière : certificat ou master ?

Certificats en clinique infirmière : un premier niveau pour repenser son rôle propre

Approfondir son rôle autonome qui se perd dans les services. Travailler avec le patient sur son parcours de soins, sur ses besoins. Pratiquer des méthodes complémentaires comme le toucher, la sophrologie ou encore l’aromatologie… « La formation de clinicienne, puis l’exercice de cette fonction, nous remet dans l’essence même de notre rôle propre», explique Isabelle El Khiari, de l’AFEDI [1]. Depuis qu’elle a suivi sa formation en clinique infirmière, validée par un certificat en fin de cursus, cette infirmière clinicienne en poste à l’hôpital Joffre Dupuytren, travaille dans une équipe mobile de soins palliatifs-douleur gériatrique.

Détachée des services, elle mène des consultations douleur auprès des patients et élabore une démarche clinique en utilisant des diagnostics infirmiers Nanda international pour améliorer leurs problématiques de santé.

Certes, les postes transversaux ou les postes dans les équipes mobiles ne sont pas réservés uniquement aux soignants ayant suivi ce cursus. Ils peuvent aussi être attribués à des infirmiers très impliqués, ou titulaires de diplômes universitaires (DU) par exemple. Mais une formation en clinique infirmière pour ce genre de travail représenterait vraiment un atout pour les infirmiers. « La formation est très complète et s’intéresse à tous les aspects du rôle propre », explique Philippe Svandra, responsable pédagogique à Sainte-Anne Formation, l’un des deux établissements français à proposer une certification clinique infirmière.

Relation d’aide, prise en charge du patient douloureux, gestion du stress, accompagnement des personnes atteintes d’une maladie grave, toucher, processus de deuil, gestion des situations de crises… tels sont les sept modules qui rythment sur trente jours (répartis par modules de trois jours sur une année) la formation de clinique en soins infirmiers à Sainte-Anne (Paris).

Chez Isis, autre organisme de formation (Thonon-les-Bains), un certificat similaire d’approfondissement de la démarche clinique infirmière est également proposé. Il intègre quelques notions de leadership et de savoir scientifiques supplémentaires et se déroule sur trente jours également (répartis sur dix-huit mois).

Ces certificats peuvent constituer des tremplins, voire des passerelles pour accéder au niveau supérieur : le master en sciences cliniques infirmière ou le master en sciences cliniques en soins paramédicaux.

Masters en sciences cliniques infirmières ou en sciences cliniques en soins paramédicaux : un pas vers la fonction d’infirmier de pratique avancée

 Depuis 2009, deux masters existent en France pour permettre aux infirmiers de poursuivre vers la pratique avancée infirmière. L’un se déroule à l’université de Saint-Quentin, l’autre master en sciences cliniques infirmières à l’université d’Aix-Marseille.

Même s’ils ont été officialisés par la loi de modernisation de notre système de santé le 26 janvier 2016, les infirmiers de pratique avancée ne sont encore pas reconnus en France. En cause : le décret d’application de cette loi qui n’est toujours pas paru au moment de la rédaction de cet article.

Impossible donc de connaître les missions et compétences exactes de ces futurs infirmiers, ni même de savoir de quel cursus ils seront issus. Logiquement, et d’après les recommandations du Gic Repasi (Réseau de la pratique avancée en soins infirmiers), tous sortiront d’un master 2 dédié à la discipline infirmière, comme ceux proposés actuellement à Saint-Quentin et à Marseille.

« Les deux masters sont différents, même s’ils préparent à la pratique avancée », explique Florence Ambrosino, du Gic Repasi. « Le master en sciences cliniques en soins paramédicaux de Saint-Quentin forme les infirmières spécialistes clinique, tandis que le master en sciences cliniques infirmières de Marseille prépare davantage à la fonction de praticienne ».

Car la pratique avancée infirmière en France devrait en effet pouvoir se décliner sous deux aspects. Le versant « clinique » concernera les infirmiers qui restent dans le champ des soins, et qui interviendront sur des situations complexes (psychiatrie/ santé mentale, douleur/soins palliatifs, maladies chroniques, dépendances…). Le versant « pratique » concernera également une extension du champ de compétence (droit à la prescription notamment).

Les professionnels titulaires de ces masters, peuvent déjà optimiser leurs nouvelles compétences, même s’ils sont restreints par le manque de législation et qu’ils ne sont pas encore en mesure de prescrire par exemple.

« Ces infirmiers parviennent à obtenir des postes transversaux dans les hôpitaux. Ils s’occupent du patient, mais aussi de la gestion de son parcours et de l’interface avec les administrations. Dans ce cadre, ils font remonter les problématiques aux services qualité ou encore aux ARS », explique Florence Ambrosino. « Les missions des infirmiers de pratique avancée sont variées : enseignement, qualité, accompagnement, clinique…Elles s’articulent autour de la prise en charge globale et de l’institutionnel », précise-t-elle.

Alors que la mission de l’infirmière clinicienne certifiée s’oriente principalement autour du patient, restant pleinement dans le champ du soin sur des postes ressources ou de référence, l’infirmière titulaire d’un des deux masters – future IPA - , elle, a une mission plus large donc, assurant l’interface avec les institutions.

Malika Surbled 

[1] AFEDI : Association Francophone Européenne des Diagnostics, Interventions et Résultats infirmiers  

Actusoins magazine pour infirmière, infirmier libéralCet article est initialement paru dans le n°23 (Dec 2016) d' ActuSoins Magazine.

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Pour les infirmiers libéraux aussi

Les certificats en clinique infirmière et les masters en sciences cliniques infirmières ne sont pas réservés qu’aux seuls infirmiers hospitaliers. Dans le milieu libéral, même si c’est plus compliqué, il est possible de mettre à profit les compétences acquises avec ces formations. « Mon exercice a complètement changé, je m’appuie totalement sur mon rôle propre, explique Cécile Barrière Arnoult, une infirmière libérale ayant suivi un master en sciences cliniques infirmières en 2013. Par exemple, quand une situation se complique, plutôt que de renvoyer systématiquement vers le médecin, j’essaye de résoudre le problème moi-même grâce à des outils d’analyse que j’ai créés, sauf si la complication est strictement médicale bien sûr ».

Même son de cloche chez les infirmières titulaires d’un certificat. « Depuis ma formation, j’ai monté avec l’association catalane d’infirmières clinicienne et de consultation, un projet de prise en charge des patients douloureux chroniques. Ce projet a été retenu par l’URPS Languedoc Roussillon puis financé. Nous avons pu mettre en place des consultations », relate Yseult Arlen, infirmière clinicienne exerçant en libéral dans le Sud-Ouest.

Florence Ambrosino, titulaire d’un master en Sciences cliniques infirmières

Pour aller plus loin : formation continue DPC en Sciences Cliniques Infirmières

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Réactions

2 réponses pour “Clinique infirmière : certificat en clinique infirmière ou master en sciences cliniques infirmières ?”

  1. Et au final une rémunération identique à l’hôpital ,plus de compétences sans plus financier,on nous prend toujours pour des bonnes soeurs….

  2. Francois Xavier Roussel…

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