Première européenne : un coeur transplanté après avoir arrêté de battre

Grâce à un nouveau dispositif, une équipe de chirurgiens britanniques a réussi à transplanter un cœur après l’arrêt cardiaque de son donneur. Il s'agit de la première greffe de « coeur arrêté » en Europe.

Première européenne : un coeur transplanté après avoir arrêté de battre

©Transmedics

Ce type d'opération a déjà été réalisé en Australie en 2014.

Jusque-là, il était techniquement nécessaire que le donneur soit en état de mort cérébrale – et donc que son cœur batte encore – pour transplanter l'organe avec des chances de succès suffisantes.

Quelques minutes après la mort clinique, le cœur a été réactivé dans le corps du donneur, puis transporté, dans un caisson de conservation, baptisé Organ Care, développé par la société américaine Transmedics.

Un caisson-incubateur pour conserver le coeur

Le cœur battant est alors conservé à la température du corps et alimenté avec du sang et des nutriments. Une méthode qui tranche avec la procédure classique, dit d’ischémie froide, qui consiste à conserver l’organe dans un liquide à 4°C, sans perfusion.

Trois heures plus tard, le cœur a été sorti de l'incubateur  pour être implanté sur Huseyin Ulucan, un londonien de 60 ans ayant subi une attaque en 2008.

"Le décès est déclaré 5 minutes après l'arrêt des battements du cœur. À partir de là, le corps est transporté en salle d'opération, où il nous faut environ 6 minutes pour relancer le cœur", explique au Figaro le Dr Stephen Large, à la tête de l'équipe britannique ayant réalisé cette nouvelle prouesse.

La technique australienne est légèrement différente. Alors que les Britanniques perfusent d'abord l'organe sans le retirer de la poitrine du donneur, et vérifient dans les mêmes conditions sa fonctionnalité, les chirurgiens australiens placent directement le cœur prélevé dans le caisson pour le perfuser jusqu'à la greffe et vérifier, avant l'implantation, sa capacité à se contracter.

Augmenter le nombre d'organes disponibles

Le nombre d'organes disponibles pourrait ainsi bondir de 25 % grâce à cette technique, indique Le Figaro alors que l’attente pour une transplantation cardiaque est longue – 3,4 mois de temps d’attente médian en France ces dernières années, selon l’Agence de biomédecine.

Depuis quelques années, les autorités de plusieurs pays ont autorisé le prélèvement sur des patients décédés d'un arrêt cardiaque. En France, l'Agence de la biomédecine a validé le principe en 2006, mais cela concerne pour l'instant essentiellement le prélèvement de reins et de foie et non la transplantation de cœurs arrêtés.

Autres avantages : le transport du cœur sous perfusion devrait assurer une meilleure conservation que dans la procédure classique, et permettre au chirurgien de vérifier la qualité du greffon avant implantation.

Pour le Pr Jean-Noël Fabiani, chef du service de chirurgie cardiovasculaire à l'hôpital Georges-Pompidou (Paris), cité par Le Figaro, il s'agit d'une "formidable opportunité pour élargir le nombre de greffons. Nous réalisons actuellement 400 greffes cardiaques en France chaque année mais, en recourant aux cœurs arrêtés, on pourra espérer dépasser la barre des 500".

Le Pr Olivier Bastien, directeur du prélèvement et de la greffe d'organes et de tissus à l'Agence de la biomédecine, est plus réticent : "sur le principe, c'est intéressant. […] Mais sur un organe aussi sensible et vital que le cœur, nous restons prudents".

Rédaction ActuSoins, avec Pourquoidocteur.fr, Le Figaro

 

 

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