Quelles formations pour les cadres hospitaliers ?

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Le 21 janvier 2011, le rapport de l’I.G.A.S (Inspection Générale des Affaires Sociales) relatif aux formations des cadres hospitaliers a été rendu public. Ce rapport est centré sur les métiers de cadre de santé et cadre supérieur, mais il traite aussi des autres cadres hospitaliers. Quelles formations pour les cadres hospitaliers ?

Après avoir dressé un état très succinct de la situation actuelle, et en faisant référence au rapport de C. De Singly, les auteurs proposent de faire évoluer les formations des cadres hospitaliers en accordant plus de place à la transversalité entre ces formations. Le rapport distingue deux niveaux d’encadrement : un niveau opérationnel assuré par les cadres de santé, et un niveau plus stratégique dévolu aux cadres supérieurs responsables de secteurs élargis ou de pôles. Les inquiétudes liées à la disparition du métier de cadre supérieur sont ainsi gommées.

Le calendrier de la réforme proposée par ce rapport de l’IGAS s’étale jusqu’à 2018, mais pour le volet de la formation des cadres de santé et des cadres supérieurs, la mise en œuvre débuterait dès cette année par la définition des référentiels métiers et de formations.

La masterisation de la formation

Pour les cadres de santé, la « masterisation » est retenue. « Les cadres devant suivre une première année de formation reconnue par la validation de 60 crédits d‘ECTS, les cadres supérieurs devant être titulaires du master complet. » Le rapport de l’IGAS centre la formation en management des cadres de santé sur trois points : « l’environnement sanitaire et hospitalier, le fonctionnement des établissements et les leviers du métier. » La deuxième année de master des futurs cadres supérieurs est réalisable en alternance, et comprend des enseignements communs aux étudiants de l’EHESP (École des Hautes Études en santé publique). Les IFCS (Instituts de formation des cadres de santé) actuels, renommés Instituts Régionaux du Management en santé (IRMS) devront établir des conventions avec des établissements supérieurs pour proposer des masters. Des expériences de ce type existent déjà, mais le rapport préconise de les cadrer et de les rendre obligatoires. Le nombre d’IFCS serait alors ramené de 38 à 22 sans pour autant réduire la capacité globale d‘accueil et le nombre de nouveaux cadres formés.

Le rôle de ces IRMS est aussi élargi à la formation des autres cadres hospitaliers. Leur implication en matière de formation continue est accrue. Pour les cadres formateurs apparaît l’obligation d‘exercer en tant que cadre de terrain pendant 3 à 5 ans avant d’accéder aux postes de formateurs. L’alternance entre la fonction de cadre formateur et cadre de terrain est soutenue par la mise en place d’une FAE (Formation d’Adaptation à l’Emploi) pour passer d‘une fonction à l’autre. Le dispositif ainsi proposé, prévoit d’« inciter les établissements à mettre en place un système de repérage des futurs cadres et cadres supérieurs intégrant une phase de sensibilisation à la fonction, et une période de préformation permettant de valider des ECTS. » Même si les auteurs du rapport s’en défendent, faut-il voir ici une officialisation des « faisant fonction cadre » ? En tout état de cause, le recours aux FF Cadres se développe, et la profession devrait approuver ce « recadrage ».

Le tutorat des nouveaux cadres est aussi prévu pendant la première année d‘exercice, et pour permettre une meilleur adaptation à l’emploi, le dernier stage dit de « spécialisation » serait réalisé dans le futur lieu d’affectation du cadre. Comme pour la nouvelle formation des Infirmiers Diplômés d’Etat, les stages seront organisés autour de l’acquisition de compétences. Le cursus de formation proposé par ce rapport « serait identique quelle que soit l’origine professionnelle des personnels paramédicaux appelés à le suivre, y compris les infirmiers spécialisés (IADE, IBODE, et infirmières de puériculture) ». Ce rapport ne traite pas la question de la rémunération des cadres. Tout au plus, il évoque le fait que la formation n’est pas le seul élément de reconnaissance, et que d’autres actions seraient à mettre en place pour que la désaffection des professionnels pour la fonction cadre cesse. Le CEFIEC (Comité d'Entente des Formations Infirmières et Cadres) et la FNESI (Fédération Nationale des Etudiants en Soins Infirmiers) dénoncent ce rapport et demande "un master complet de 120 ECTS" pour tous les cadres de santé. La FNESI demande aussi que "la formation des formateurs fasse l'objet d'un cursus particulier".

Julien Pouvesle - Cadre de santé

Pour aller plus loin : formation continue DPC pour infirmière et infirmier libéral

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Réactions

12 réponses pour “Quelles formations pour les cadres hospitaliers ?”

  1. Bruno dit :

    République et Socialisme s’indigne contre la proposition de la mission de l’IGAS :
    un master « au rabais » pour les cadres de santé.

    La mission (rapport du 21/01/2011) recommande la mise en place d’une formation équivalente à une première année de master pour les cadres de santé et la création d’un master complet pour les cadres supérieurs de santé. Le niveau d’étude des cadres de santé ne correspondrait à aucun niveau français ou européen. Seuls les cadres supérieurs auraient un Master « complet ».
    Nora Berra estime qu’il ne serait pas possible que d’un côté les infirmiers soient reconnus au grade licence et que, de l’autre, « leurs manageurs soient à l’écart de ce mouvement », certes, mais nous ne pouvons accepter un niveau au rabais.
    Qu’advient-il du cadre-formateur ? Si l’alternance régulière entre l’encadrement de terrain et les formateurs est indispensable, les cadres-formateurs doivent avoir un cursus plus long et diplômant spécifique.
    République et Socialisme demande un master pour le cadre de santé (120 ECTS), une spécialisation pour les formateurs (module complémentaire en pédagogie) et les cadres supérieurs de santé (module complémentaire dispensé par l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique)
    République et Socialisme exige que ces études conduisent à un Diplôme d’Etat professionnel et une reconnaissance financière.

    Bruno VALENTIN, Secrétaire National à la Santé
    République et Socialisme
    http://www.republiqueetsocialisme.fr/

    • Adeline dit :

      Il faut voir les choses en face et coller à la réalité de terrain.

      Quelle sont les activités du cadre de santé ?
      Faire la planning, valider les commandes et appeler l’électricien pour changer une ampoule.
      Bac + 5 pour ça ?
      Bac + 5 + 2 pour les cadres IADE ?
      Bac + 5 + 2 +1 pour les cadres IADE formateurs ???

      Voyons soyons sérieux….
      La formation actuelle de 10 mois est déjà bien trop longue pour ne rien apprendre ; étendre la formation des cadres à 120 ECTS, c’est tuer l’hôpital public !!

      Plutôt que de changer la formation de cadre pour faire du cadre ce que vous aimeriez qu’il soit (dans vos rêves les plus fous), on devrait déjà commencer par modifier le rôle des cadres de santé à l’hôpital.

      Que l’on emploi les cadres comme de vrais managers et aprés, on les formera comme tels.

    • Mandragore dit :

      sérieusement, il va quand même falloir penser à revoir votre recrutement et votre formation.

      Les cadres ne sont plus aujourd’hui que des pantins appliquant docilement les ordres de la direction.

  2. Scalpel dit :

    Mes fesses.
    Avoir à exécuter les ordres de Cadres non soignants ils peuvent toujours se brosser.
    Je n’irais par ailleurs jamais me faire soigner dans un service où c’est un type qui n’a jamais soigné qui commande et coordonne.
    Plutôt changer de métier.

    NON aux cadres PAS SOIGNANTS.

  3. Juju dit :

    C’est une bonne idée de renforcer la formation des cadres.
    Cela permettra que les cadres soignants bénéficient d’une réelle formation cadre et mettra la profession au même rang que d’autres cadres largement plus reconnus et cela en reconnaissance et valorisation des cursus formateurs

  4. Ingrid Slama dit :

    Pourquoi faire simple ?

  5. lame dit :

    ll faut surtout dissuader les jeunes infirmières de de venir cadre car nous avons toutes les emmerdes nous ne sommes pas considérés et ne gagnons rien de plus

  6. A quand la fonction « j’aime pas » ?
    J’AIME PAS !

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