Les soignants dans la rue pour défendre le service public hospitalier

Les soignants étaient dans la rue le 22 mai parmi les 16 400 fonctionnaires (1), qui, à l’appel des syndicats, sont venus « défendre le service public » français. Si certaines des revendications sont communes à l’ensemble des fonctionnaires, les hospitaliers, qui ont battu le pavé de la place de la République à la place de la Nation à Paris, ont aussi dénoncé la dégradation de leurs conditions de travail dans les hôpitaux.

Les soignants dans la rue pour défendre le service public hospitalier

@Laure Martin

Les neuf organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et Fédération autonome) ont été solidaires ce mardi 22 mai. C’est un appel commun qu’elles ont lancé contre « la mise à mal des missions publiques », « la dégradation des conditions de travail »et pour le pouvoir d'achat. Avec cette nouvelle journée de grève et de manifestation, les fonctionnaires ont dénoncé les suppressions d’emplois, le recours aux contrats précaires, le gel de l’indice, les plans de départs volontaires ou encore le retour du jour de carence. Les organisations demandent l’ouverture de négociations pour porter ces revendications.  

Un secteur public moins attractif

Dans les rangs des soignants plus particulièrement, c’est la dégradation des conditions de travail au sein de chaque établissement hospitalier qui a été pointée du doigt. « Pour faire face à la concurrence du secteur privé, la direction de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé de mettre tous les moyens sur un seul hôpital du groupe hospitalier, dénonce Marie-Christine, aide-soignante au sein des Hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis et syndiquée à la CFDT. C’est ce qui se passe dans notre groupe, cela entraîne des problèmes d’effectifs dans les autres hôpitaux. On nous demande de faire plus avec moins de personnels et d’être mobile au sein des autres établissements, ce qui est générateur de souffrance au travail» D’après les soignants, se sont justement ces dégradations des conditions de travail qui vont être bénéfiques au secteur privé. « Le secteur public n’est plus du tout attractif, le privé va attirer les jeunes soignants », regrette Marie, infirmière en psychiatrie à l’hôpital Saint-Antoine, également syndiquée à la CFDT.

Rentabilité et plus de CDD

Les relations avec les directions sont aujourd’hui plus que tendues. C’est le cas au Centre hospitalier intercommunal (CHI) Lucie et Raymond Aubrac, à Villeneuve Saint-Georges (Val de Marne). « Il y a une réelle maltraitance institutionnelle, dénonce Jean, infirmier anesthésiste au sein du CHI et secrétaire de la CGT. Certains agents viennent travailler la peur au ventre, d’autres démissionnent comme la cadre de santé des urgences de notre CHI. Depuis la loi Hôpital, patients, santé, territoires, les pleins pouvoirs ont été donnés aux directions. Dans notre hôpital, elle mène une réelle politique de rentabilité et occulte la mission de service public des hôpitaux. Et depuis que nous sommes en Groupement hospitalier, la situation s’est dégradée. Je suis infirmier depuis 18 ans et je n’ai jamais connu cela. » Et de dénoncer l’embauche des contractuels (312 sur 1600 agents) rendant difficile la formation des nouveaux soignants. « Les étudiants sont livrés à eux-mêmes », regrette-t-il.

L’embauche des CDD, Boris, infirmier de nuit en gériatrie, en fait également les frais. « Nous avons beaucoup de CDD employés pour quatre mois afin d’effectuer des remplacements ou couvrir les absences. Ils nous soulagent, puis la direction n’embauche plus jusqu’à ce que nous n’en puissions plus puis réembauche de nouveau des CDD. C’est une bonne manière de faire des économies », ironise l’infirmier. Et d’ajouter : « C’est très problématique dans la prise en charge des patients déments qui ont besoin d’une certaine constance, d’habitudes, ce qui n’est pas possible avec des CDD. »

Du côté de l’Hospitalisation à domicile (HAD) de l’AP-HP aussi les infirmiers dénoncent les restrictions budgétaires, les suppressions de poste avec des territoires d’intervention qui s’agrandissent, la fermeture des lits « qui nous oblige à prendre en charge des patients de plus en plus lourds, indique Emmanuel, infirmier en HAD. Les conditions de travail ne sont pas idéales. »

Laure Martin

(1) Décompte réalisé par la société Occurrence pour plusieurs médias.

Une plainte contre l’AP-HP

En marge des syndicats, l’Association du personnel des hôpitaux publics (APHP) était également présente à la manifestation. Son but : accompagner et rassembler toutes les catégories professionnelles au sein des hôpitaux publics et avoir le soutien des usagers. Contre la réforme de l’organisation du temps de travail (OTT), l’association a décidé de porter plainte devant le Tribunal administratif de Paris, afin d’obtenir le retrait du texte « qui dégrade encore nos conditions de travail, la qualité des soins apportée aux patients et notre qualité de vie personnelle ».

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