Vous avez connu l’époque des salles communes, d’une médecine peu spécialisée… Quel regard portez-vous sur l’évolution de votre métier ?
J’ai intégré école d’infirmière en 1970. Je me souviens de pathologies telles que les cancers pour lesquels nous ne disposions d’aucun traitement. Il n’existait ni scanner, ni IRM, ni marqueurs cancéreux à l’époque. Nous ne pouvions rien proposer aux patients.
Un jour, le patron du service cessait de venir dans sa chambre, puis c’était au tour du chef de clinique et de l’interne. Alors, il ne restait plus que nous les infirmiers, seuls à tenir la main du malade jusqu’à la fin.
En 40 ans, les avancées ont donc été extraordinaires. D’un autre côté, en devenant de plus en plus technique, la profession d’infirmier se déshumanise. L’environnement technique occupe trop de place. Les yeux fixés sur leur écran, les Iade oublient de regarder le malade.
Justement, la spécialité d’infirmier anesthésiste semble très technique. Comment conserver cette relation humaine ?
L’aspect relationnel représentait 90 % de ma pratique. Certes, notre spécialité est technique mais il reste le malade, qui est nu sur la table, totalement démuni. Or, il devient un numéro au bloc opératoire. Il faut se garder de le déshumaniser.
Je parlais donc beaucoup avec les patients, avant et après l’anesthésie, en salle de réveil. Et ce contact peut avoir son utilité technique. Les endoscopies par exemple nécessitent des anesthésies très légères, tant pour soulager les passages douloureux que pour prévoir une sortie du malade le jour-même. Il s’avère très difficile de trouver le bon dosage.
J’ai constaté que le fait de discuter avec le patient, de capter son attention en lui tenant la main pouvait produire le même effet qu’une injection. Cela permet de diminuer les doses d’anesthésique.
On ressent une certaine nostalgie chez vous. Comment s’est achevée votre carrière ?
Je travaillais depuis 1990 dans une clinique de Tours. En 2004, les quatre cliniques de la ville ont entamé leur regroupement. On m’a confié une partie de ce projet. La charge de travail était énorme car je la réalisais en plus de mon exercice d’infirmier.
En 2007, j’ai été victime d’un burn-out et je n’ai jamais pu travailler dans cette nouvelle clinique, ouverte l’année suivante. C’est aussi le résultat de la pression que je subissais depuis 15 ans : j’avais créé le service d’anesthésie de cet établissement en 1989. Puis de nouvelles technologies sont arrivées, avec l’instauration des salles de réveil, des décrets, des protocoles…
Depuis, je me suis engagé dans le Samu social. Mais je n’ai pu m’empêcher de trop m’investir et ai été contraint de m’arrêter à nouveau. J’ai besoin d’être un soignant.
Propos recueillis par Emilie Lay
* éditions Edilivre, août 2015
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