Un escape game pour développer la bientraitance

Un escape game pour développer la bientraitance

Le groupement hospitalier d'Artois-Ternois (GHAT), autour d'Arras (Pas-de-Calais) a organisé en juin un escape game destiné à sensibiliser le personnel hospitalier (mais pas seulement) aux enjeux de la bientraitance.
Un escape game pour développer la bientraitance
© DR / GH Artois-Ternois

Huit « cellules » isolées les unes des autres dans une grande salle de l’hôpital d’Arras, huit situations de soins aux multiples risques de maltraitance et huit énigmes à résoudre pour découvrir les grands thèmes de la charte de la bienveillance du groupement hospitalier d’Artois-Ternois : l’escape game organisé lors de la journée de la bientraitance du GHAT, début juin, a marqué les esprits – c’était son objectif.

Le scénario imaginé par le groupe de travail sur la bientraitance (et des agents amateurs d’escape games) : Christophe Looser, supporter d’une équipe de foot, est victime d’un accident dans la rue et admis aux urgences après un passage à l’accueil. Il poursuivra ensuite son parcours dans le service d’imagerie, au bloc, en chambre de chirurgie, en SSR, en psychiatrie de liaison puis en consultation externe.

Enigmes

© DR / GH Artois-Ternois

En amont, explique Christine Payen, cadre supérieure de santé dans pôle de santé mentale qui co-anime le groupe de travail, ce groupe a réalisé une « cartographie des situations à risque de maltraitance » qui a inspiré certains éléments du scénario. Les soignants, dont certains étaient « maîtres » de chacune des huit cellules ont construit le liant entre les scènes, souligne Gérard Guerlain, cadre supérieur de santé du pôle de santé mentale également.

Le projet a séduit : les inscriptions ont dépassé la limite des 50 participants. Médecins soignants et, personnels administratif soignants de tous les pôles, mais aussi usagers et représentants d’association ont été mélangés dans les cinq équipes. Des soignants du pôle de santé mentale « jouaient » les professionnels intervenant dans les cellules et le patient, chacun essayant de sortir de sa « zone de confort », de ses habitudes de travail.

« Dans chaque zone, on jouait une saynète pendant deux minutes et les équipes avaient ensuite trois minutes pour chercher les indices et résoudre l’énigme », raconte Gérard Guerlain. La saynète portait sur la façon dont les soignants se comportaient avec le patient, illustrant ainsi un thème de la charte de la bienveillance, encore non révélée à ce stade, et que les participants devaient deviner. Dans une cellule, la tenue donnée au patient ne couvre pas suffisamment son corps, dans une autre un soignant s’adresse à lui brusquement alors qu’il souffre…

En plus, « dans chaque pièce, nous avons organisé une énigme différente, poursuit Laura Cohet, infirmière en santé mentale et maître de la cellule “urgences”. Il fallait par exemple chercher des indices en mettant ses mains dans des pots remplis d’oeuf battu, de semoule ou de slime ou en vidant des poches à urine pleines de jus d’orange dilué. » Au bloc, il fallait trouver des petites lettres cachées sur des compresses « souillée s » de ketchup… « A la fin, ajouteCédric Delannoye, infirmier en santé mentale, un des directeurs de l’hôpital, chef de chaque équipe, était pris en otage et devait donner les huit mots à trouver pour être relâché ». Dignité, bienveillance, confidentialité, douleur, confort, liberté, qualité de prise en charge, information, les huit thématiques qui structurent la charte de la bienveillance.

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Anomalies choquantes

A sa sortie du jeu, chaque équipe a reçu cette charte élaborée en amont à partir de rencontres de soignants avec les patients, une présentation de la démarche et une photo de son équipe… Le chrono de jeu de chaque équipe n’a été envoyé aux participants que la semaine suivante, pour laisser les messages sur la bienveillance au centre de la journée.

Pour Gérard Guerlain, l’expérience a été « formidable ». Qu’il soit acteur ou membre d’une des équipes, chaque participant « a bien remarqué qu’il y avait des anomalies dans les comportements », ajoute Cédric Delannoye. Lui qui a joué le patient en a trouvé certains (tunique trop courte, gestes brusques) « choquants ».

Ce jeu a permis aux participants « d’interroger leur pratique quotidienne », observe Christine Payen, et de « mobiliser davantage leurs valeurs personnelles ainsi que la dynamique d’équipe », ajoute Laura Cohet. Les liens qui se sont tissés entre les membres des équipes participantes font également partie des bénéfices secondaires de l’expérience, ajoute la cadre de santé. Au point que certains souhaitent organiser de nouveaux escape games pour favoriser l’intégration des nouveaux internes ou d’autres professionnels à l’hôpital. Un prochain est en tout cas programmé à l’automne pour le grand public à l’occasion des journées du patrimoine à l’automne.

Géraldine Langlois

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