Une nouvelle méthode pour choisir son pansement absorbant
Définition, au travers d’études comparatives d’une nouvelle classification des pansements absorbants - Pale® (pansements d’absorption latéralisée) et Pave® (pansement d’absorption verticalisée) en fonction de leurs évaluations avec l’unité Tene® (Technique d’évaluation numérique des exsudats).
En 1962 le docteur Winter réalise des travaux qui marquent les fondements de la cicatrisation moderne. Il démontre aux travers d’études, l’importance de la cicatrisation en milieu humide. Comment pouvons-nous faire pour évaluer la quantité d’exsudats nécessaire à la cicatrisation ? La clé de la cicatrisation réside dans le fait de garder un lit de plaie bourgeonnant et/ou des berges saines, dans un milieu qui ne soit pas trop humide ni trop sec. Ceci permettra aux fibroplastes de s’y implanter et de cicatriser.
Problématique
Nous sommes tous confrontés, dans la prise en charge des plaies exsudatives, à des pansements saturés qui macèrent au niveau du lit et des berges de la plaie. Pourtant nous utilisons des pansements absorbants (hydrocellulaires, alginates polymères, fibres de CMC…). Malgré cela, nous voyons parfois apparaître de la fibrine et/ou de la macération ou, au contraire, des desséchements. La conséquence directe, dans un cas comme dans l’autres, est un retard de cicatrisation. Est-ce à dire que les pansements sont mauvais ? Non, il n’existe pas de mauvais pansements : il existe des mésusages. Mais comment savoir quel pansement utiliser ? Dans quelle situation ?
“ La problématique ne repose pas sur le type de pansement mis au contact de la plaie mais sur la quantité d’exsudats produite par la plaie.”
Ci-dessous le suivi sur 5 semaines de la gestion des exsudats de plaies bourgeonnantes et exsudatives (n=50), sans utilisation de la TENE®. L’objectif est d’observer l’évolution de la cicatrisation de la plaie, en fonction des exsudats absorbés par les pansements utilisés. La démarche consiste à laisser le soignant gérer la plaie avec le type de pansements absorbants qu’il souhaite utiliser (hydrocellulaires, alginates, polymères et fibres de CMC), au regard de sa connaissance de la personne soignée, des pansements et de la plaie à traiter. Nous avons recueilli et classé les résultats observés. L’analyse de ces derniers a fait apparaître les variables suivantes :
Toutes les plaies sont bourgeonnantes exsudatives au début de l’étude
Critères d’évaluation observés :
– Le nombre de pansements saturés en exsudat ;
– Le nombre de plaies ayant vu apparaître de la fibrine ;
– Le nombre de plaies macérées ;
– Le nombre de plaies desséchées ;
– La durée d’apparition d’une épidermisation.
Temps de contact du pansement sur la plaie
Le choix du délai du retrait de pansement à été effectué par chaque soignant parmis les trois suivants : • 24H • 48H • 72H
Quel que soit le type de plaies, initialement bourgeonnantes, nous voyons apparaître de la fibrine en fonction du temps de contact du pansement sur la plaie et ce quel que soit le type de pansement au contact de la plaie.
Le dessèchement des plaies est majoré avec l’utilisation des alginates ou des polymères et des fibres de CMC.
Malgré le haut pouvoir absorbant des alginates, des polymères et des fibres de CMC, ceux-ci se saturent en exsudat et entraînent une macération de la plaie.
Nous dégageons la problématique suivante : quel que soit le type de plaie, comment adapter les pansements absorbants à la quantité d’exsudats produite ?
Nous avons tous pu observer dans nos activités, que les pansements absorbants sont soient, pas assez absorbants (plaie macérée), soient trop absorbants, (plaie desséchée, pansement adhérant à la plaie). La problématique ne repose pas sur le type de pansement mis au contact de la plaie mais sur la quantité d’exsudats produite par la plaie.
Méthodologie : suivi sur 5 semaines de la gestion des exsudats de plaies bourgeonnantes et exsudatives (n=50), avec utilisation de la TENE®.
La TENE®, unité de quantification des exsudats, est issue d’un algorithme mathématique permettant de quantifier les exsudats. Pour définir le score TENE®, nous nous basons sur la classification EN 13726 en lien avec les coefficients d’absorption et de relargage des différentes gammes de pansements et le coefficient de viscosité des exsudats produits par une plaie.
Grâce à ces deux variables, nous avons identifié et créé deux grandes classes : (1)*
1 La classe des PALE® : Pansements d’Absorption LatéraliséE (l’exsudat est absorbé horizontalement dans le pansement)
2 La classe des PAVE® : Pansements d’Absorption VerticaliséE (l’exsudat est absorbé verticalement dans le pansement)
Les PALE® comprennent les hydrocellulaires qui ont un pouvoir absorbant de 30g/100 cm2/24h. (2)* Les PAVE® comprennent les alginates, les polymères et les fibres de CMC qui ont un pouvoir absorbant de 16g/100cm2/30mn. (2)*
Etape 2 : nous observons le comportement de cette classification avec la TENE®.
– Nous avons repris les mêmes critères d’évaluation que ceux dans la pré-étude, avec le même échantillonnage n=50 et un suivi sur 5 semaines (Étude 1 & 2).
– Nous avons évalué la quantité d’exsudat contenue dans le pansement en respectant les critères suivants :
Pour les exsudats de 1 à 4 TENE® :
utilisation des hydrocellulaires, quantification des exsudats avec l’ATouPlaies®.
Pour les exsudats de plus de 4 TENE® :
utilisation des alginates, les polymères et les fibres de CMC, quantification des exsudats avec la Depotterisation®.
Résultats de l’étude 1
Si les PALE® absorbent de grandes quantités d’exsudats (>4 TENE®), ils saturent. Alors nous constatons l’apparition de fibrine et de macération sur le lit de la plaie.
Ils sont donc conseillés pour absorber des exsudats de 1 à 3 TENE®
Résultats de l’étude 2
Si les PAVE® absorbent de petites quantités d’exsudats, (de 1 à 3 TENE®), ils dessèchent le lit de la plaie.
Alors nous constatons la présence d’inflammation ce qui entraîne des retards de cicatrisation.
Ils sont donc conseillés pour absorber des exsudats de 4 TENE® et plus.
Résultats de l’étude 3 L’utilisation des PALE® et des PAVE® en lien avec la TENE®, optimise les délais de cicatrisation des plaies bourgeonnantes exsudatives en évitant les phénomènes de macération, de dessèchement et d’apparition de fibrine sur le lit des plaies.
Conclusion
Ces études semblent démontrer (Étude 3) l’intérêt d’une nouvelle approche dans la prise en charge des plaies exsudatives, en introduisant une nouvelle réflexion. Le choix des pansements absorbants se fait non plus sur le type de plaie mais sur la quantité d’exsudats produite par la plaie. C’est ainsi que nous distinguons deux nouvelles classifications : • Les PALE® : les hydrocellulaires pour des plaies exsudatives de 1 à 3 TENE®. • Les PAVE® : les alginates, les polymères et les fibres de CMC pour des plaies exsudatives de 4 TENE® et plus.
(1) * Etude Ph. Viseux de Potter réalisée sur l’ensemble des pansements absorbants 2011-2014. (2) * Arrêté du 16 juillet 2010 relatif à la modification de la procédure d’inscription et des conditions de prise en charge des articles pour pansements inscrits à la section 1, chapitre 3, titre 1er de la liste prévue à l’article L. 165-1 (LPP) du code de la sécurité sociale.
Philippe Viseux de Potter, directeur de la société ATouSoins formation continue,
directeur scientifique du programme de recherche sur la quantification des exsudats.
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