Plaies et Cicatrisation : ces infirmiers et infirmières qui conseillent et accompagnent

Cicatrisation : les plaies et leurs évolutions

Nous poursuivons une série d’articles sur le thème des plaies et de la cicatrisation. Après avoir abordé, l’anatomie de la peau, il s’agit d’observer les plaies et l’évolution cicatricielle.

S’il fallait donner une définition de la plaie, nous pourrions dire qu’il s’agit d’une « altération de l’intégrité cutanée ». Une définition académique mais peu fonctionnelle pour réaliser des transmissions entre les professionnels de santé. Dans un souci d’efficacité, nous pourrions alors dire que la plaie est une « perte de substance ».

Le vocabulaire et la description des plaies

Cicatrisation : description d'une plaie : peau périlésionnelle, lit de la plaie, les berges de la plaie
Description d’une plaie © Viseux de Potter Philippe

Le lit de la plaie

C’est le lieu même où se situe la perte de substance, une zone de la plaie toute particulière. En effet, c’est le lieu où se rencontrent deux univers qui ne doivent pas se rencontrer : l’environnement qui nous entoure, non stérile, et le milieu intérieur qui lui est stérile.

Les berges de la plaie

S’il y a une zone de la plaie qui doit mériter toute notre attention, ce sont bien les berges de la plaie. En effet les berges sont le secret de la cicatrisation. C’est en effet sur les berges que s’implante le fibroblaste pour cicatriser. C’est donc le lieu stratégique de la cicatrisation.

La peau périlésionnelle

C’est la « boule de cristal » de la cicatrisation : en fonction de la qualité de la peau périlésionnelle, il est possible d’anticiper l’évolution du lit de la plaie. Ainsi, bien hydratée, une peau périlésionnelle sera de bonne qualité et évitera au lit de la plaie de s’agrandir. A l’inverse, une peau périlésionnelle desséchée, entre autres, engendrera une augmentation de la surface de la plaie.

Cicatrisation : le stade de la plaie

Une plaie peut présenter différents aspects, conditionnant la cicatrisation. Pour prendre en charge une plaie, deux notions sont essentielles : son stade et son état.
Quatre stades cicatriciels peuvent être identifiés : nécrosé, fibrineux, bourgeonnant, épidermisé (Figure 1).

Cicatrisation stade cicatriel d'une plaie : nécrosée, fibrineux, bourgeonnant, épidermisé
Figure 1 : Stade cicatriel d’une plaie. © Viseux de Potter Philippe

La plaie nécrosée

Plaie au stade nécrosé
Plaie au stade nécrosé

Elle a pour cause une ischémie tissulaire, soit un arrêt de la vascularisation. Hors, nous avons vu précédemment l’importance de la circulation sanguine pour les tissus et les cellules (cf cicatrisation : fondamentaux et anatomie de la peau).
La plaie nécrosée se présente sous forme de plaques noirâtres et/ou cartonnées. Ce sont des plaies qui sont sujettes à s’infecter plus spécifiquement.

 

La plaie fibrineuse

Plaie au stade fibrineux
Plaie au stade fibrineux

La plaie fibrineuse est la résultante des processus inflammatoire et exsudatif des plaies. Elle se présente sous un aspect jaunâtre, en forme de petites plaques filamenteuses.La plaie fibrineuse bloque les processus de cicatrisation en empêchant les fibroblastes de s’implanter sur le lit de la plaie.

La plaie bourgeonnante

Elle présente un aspect rouge. Cela traduit la présence d’un tissu en bonne voie de cicatrisation. Cet aspect de la plaie est le signe d’une bonne vascularisation qui permet la migration et l’implantation des fibroblastes. A noter que lorsque qu’une plaie survient, elle est toujours dans les débuts de sa prise en charge au stade bourgeonnant, qui précède celui de l’épidermisation.

Plaie au stade bourgeonnant
Plaie au stade bourgeonnant

Ce stade bourgeonnant est donc un indicateur de bonne cicatrisation. Nous savons ainsi que nous sommes dans le « bon » usage des pansements lorsque la plaie reste au moins au stade bourgeonnante ou qu’elle évolue vers l’épidermisation. A l’inverse, si nous prenons en charge une plaie bourgeonnante et qu’elle évolue vers la fibrine ou vers la nécrose, c’est que nous sommes dans le mésusage des pansements. En effet, chaque pansement possède des spécifications très précises.

La plaie épidermisée

Plaie au stade épidermisé
Plaie au stade épidermisé

La plaie épidermisée signe la fin de la cicatrisation. Il faut cependant rester prudent et surveiller son évolution surtout si la cause de son apparition n’a pas été identifiée.

Healico application

Cicatrisation : les différents états des plaies

Il est important de savoir qu’une plaie évolue dans le temps en suivant différents états. Il faut donc bien évaluer l’état du lit de la plaie.
Il existe quatre états bien identifiés : la plaie sèche, la plaie exsudative, la plaie cavitaire et la plaie infectée.

La plaie sèche

Les plaies sèches sont des plaies dont le lit n’est pas suffisamment humide. Or nos cellules ont besoins de 70 % d’eau pour fonctionner. Si la plaie est sèche, les fibroblastes présents dans son lit n’auront pas une activité métabolique suffisante pour permettre la cicatrisation. L’objectif des soins face à cette situation et de gérer les pansements afin d’apporter suffisamment d’humidité sur la plaie, afin que les fibroblastes retrouvent une activité métabolique suffisante.

La plaie exsudative

L’exsudat est décrit comme un fluide s’écoulant de la plaie. Sa composition dérive d’un liquide suintant des vaisseaux, très similaire au plasma sanguin contenant de nombreuses substances (eau, électrolytes, éléments nutritifs, médiateurs inflammatoire. S’il est admis qu’il contribue à la cicatrisation, sa quantité ou sa composition peuvent parfois altérer la cicatrisation.

Principe clé de la cicatrisation : le lit de la plaie ne doit pas être trop exsudatif. Le succès de la cicatrisation consiste à gérer de façon optimale les exsudats. Ainsi si une plaie est trop exsudative, les fibroblastes devront synthétiser de la matière organique dans un milieu trop humide.
Par conséquent, en présence d’une plaie exsudative, il est nécessaire d’absorber les exsudats.

La plaie cavitaire

Plaie cavitaire
Plaie cavitaire

Une plaie cavitaire est une plaie dont les berges descendent dans le lit de la plaie, formant ainsi une structure en relief et en profondeur. Il ne faut pas qu’une plaie évolue vers une cavité. En effet toutes les cavités qui ne sont pas physiologiques provoquent des stases de liquides qui majorent le risque infectieux. Il est important de savoir qu’il existe une « force de cicatrisation ». Cette force de cicatrisation permet de refermer la cavité du fond vers la surface du lit de la plaie.

La plaie infectée

C’est une plaie qui se complique et qui engendre d’importants retards de cicatrisation, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur l’état général de la personne soignée.

Cicatrisation : ce qu’il faut retenir

Le secret d’une bonne cicatrisation est de trouver un subtil équilibre entre la plaie sèche et la plaie exsudative : « ni trop… ni trop peu d’exsudats ».

Philippe Viseux de Potter,
Infirmier libéral, DU Plaies et Cicatrisation
PDG d’i-Cica institut de la cicatrisation,
Directeur d’ATouSoins formation continue

Cet article est initialement paru dans le n°17 d’ ActuSoins Magazine. Pour vous abonner à ActuSoins magazine, c’est ICI.

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Cicatrisation des plaies : références

1. Les référentiels du collège : Dermatologie 6ème édition 2014 (Elsevier Masson)

2. Abrégé Dermatologie, collège des enseignants en dermatologies 2014 (Elsevier Masson)

3. Atlas de poche de Dermatologie – M. Rocken – 2013 (Lavoisier MSP)

4. Atlas en couleur d’histologie – James L Hiatt, Leslie P Gartner 2012 (Pradel)

5. Atlas de poche d’histologie 4ème édition – Wolfgang Künhnel – 2009 (Lavoisier)

6. Histologie – Bases fondamentales PCEM PCP Licence – Bertrand Mace, Jean Costentin, André Defossez, Dominique Fellmenn – 2008 (Omniscience)

7. Précis d’histologie – Ulfig – 2006 (Maloine)

8. PACES – Cours de Biologie cellulaire – Pierre Cau, Raymond Seïte – 5ème éditions revue et mise à jour – 2012 (Elipse Edition)

9. Les molécules de la beauté, de l’hygiène et de la protection – Pierre Le Perchec (CNRS Editions/Nathan)

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19 réactions

  1. Merci beaucoup pour la publication mais vous avez dit d’être prudent aux bergers de la plaie lors d’une prise en charge alors vous devriez préciser aussi la prudence sur les bords de la plaie

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  2. il manque des photos de brulures selon l’évolution dans le temps : 1 la brulure à l’instant / 2 la même brulure à 5jour / puis à 7jours / puis 10jours / 15jours etc avec à chaque fois une photo
    si vous avez merci de publier
    al

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  3. Bien cet article

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  4. Célia Dolisy je l’ai pas lu mais.. promis je t’envoie les documents

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  5. Mélodie

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  6. Manuel Tervel

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  7. Un petit rappel sur les plaies à méditer …

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  8. Marine Dnt

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  9. Petite pensée pour toi ma Lu Cette

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  10. Sophia Sellali intéressant ! Bien expliqué

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  11. Chachoo Munarriz Article intéressant. Si tu t’ennuies, bonne lecture 😉

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  12. Dommage qu’ il n y ait pas le type de pansement ou d interface
    Hydrocolloide
    Hydrocellulaire….

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  13. j’ai pas le temp de voir des que sa saigne ya plus personnes ha sacré phobie quand tu nous tiens

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