Les bonnets et les écharpes sont de sortie. Tout comme les doudounes, par-dessus lesquelles les infirmiers mobilisés ont enfilé les t-shirts de leurs associations ou syndicats respectifs. Ils sont 14 (1) à avoir appelé à la mobilisation générale – contre 16 le 8 novembre dernier. Certes peu nombreux, les infirmiers n’en oublient pas pour autant leurs revendications. « Soigne et tais-toi, on n’a pas signé pour cela », scandent en chœur les membres de l’Union nationale des infirmiers diplômés d’Etat libéraux (Unidel).
Rester mobilisés
La mobilisation s’inscrit dans la continuité de celle du 8 novembre dernier car même s’il « est vrai que des discussions sont en cours et engagées avec le cabinet de la ministre de la Santé, nous avons décidé de nous remobiliser car il s’agit d’un moyen de mettre la pression », explique Nathalie Depoire, présidente de Coordination nationale infirmière (CNI).
Et d’ajouter : « Nous avons longtemps eu l’impression d’être méprisés par le ministère et cela fait longtemps que chaque organisation à des attentes. » Autre raison d’avoir choisi cette date : les élections. « Avec l’arrivée des présidentielles, nous savons qu’à partir de mars, nous n’obtiendrons plus rien », souligne Brigitte Ludwig, présidente de l’Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire diplômés d’Etat (Unaibode).
Un meilleur encadrement des étudiants
Qu’attendent les professionnels ? Principalement des engagements avec un calendrier des négociations. Des avancées ont déjà eu lieu du côté des étudiants, notamment l’alignement de leurs bourses et les indemnités de stage. Cependant, « nos revendications restent fortes car les discussions sont seulement en cours et nous estimons qu’il y a urgence sur les conditions d’exercice autant pour les étudiants que les salariés », affirme Nathalie Depoire.
Les étudiants ne bénéficient toujours pas d’un bon encadrement pendant leur stage, estime le mouvement. Les infirmiers plaident donc pour une amélioration des conditions d’études afin de garantir une formation de qualité pour ces professionnels en devenir. Ils souhaitent également une tarification de l’encadrement des étudiants, aussi bien en libéral qu’en salariat.
Mais du côté de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), qui a participé à la manifestation du 8 novembre, cette fois-ci, pas d’appel à la mobilisation. « Nous avons participé à la manifestation de novembre car il y avait une rupture de dialogue avec le ministère, explique Clément Gautier, le président. Aujourd’hui, nous avons recréé ce lien, nous avons des échanges avec la ministre et des membres de son cabinet. »
La Fnesi participe d’ailleurs à deux groupes de travail avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) l’un sur la gouvernance des instituts de formation sanitaire et sociale, et l’autre sur le diplôme d’état infirmier. Et la première réunion a eu lieu… ce 24 janvier. La Fnesi, qui prône le dialogue, préfère donc se concentrer sur ce travail, mais se garde l’option d’avoir de nouveau recours à une mobilisation en cas de nécessité.
Manque d’argent et de temps
A l’hôpital, « en 2016, les économies drastiques ont induit l’inacceptable, dénonce le mouvement. Le manque de moyens humains et matériels, de temps, nuisent à la qualité des soins et à la prise en charge des patients. Il y a eu des annonces mais concrètement sur le terrain, les soignants sont en difficulté », précise Brigitte Ludwig. «Il y a toujours une pression financière qui fait que les établissements gèlent les postes. Il y a des arrêts maladie non remplacés. On a l’impression de ne pas être entendu à ce niveau-là. » Cette exigence de moyens pour garantir la qualité et la sécurité des soins est d’ailleurs l’une des revendications phare du mouvement.
Une concertation va s’ouvrir début février avec les organisations représentatives de la fonction publique concernant la revalorisation des primes de nuit, dimanche et jours fériés des professionnels de santé. « Il faudrait que cela s’applique aux soignants, soutient Nathalie Depoire. Nous voulons une revalorisation de la contrainte et qu’elle soit indexée à l’indice afin de ne pas avoir à attendre 15 à 20 ans pour que cela augmente de nouveau. »
Reconnaissance des spécialités
Les infirmiers spécialisés en ont aussi ras-le-bol. Certes, « nous avons des échanges et des concertations et la ministre fait preuve d’une ouverture mais cela ne suffit pas, souligne Brigitte Ludwig. Et d’ajouter : « La ministre a annoncé qu’il y aurait une reprise de la réingénierie concernant les infirmières de bloc et les infirmières puéricultrices, mais pour le moment, nous n’avons pas plus de précision. Nous voulons un calendrier et un cadrage afin de savoir avec qui nous allons parler, quels partenaires seront conviés, et quel niveau universitaire sera attribué. » Les Ibode ont obtenu des actes exclusifs il y a deux ans, ils souhaitent donc une revalorisation salariale. Idem pour les infirmiers anesthésistes, dont la profession est déjà reconnue au grade de Master et dont les revendications ne sont toujours pas abouties.
Réviser la nomenclature
Du côté des libéraux, seuls Convergence infirmière et Unidel étaient présents, déçus de l’absence des autres représentants libéraux. « On est méprisé par le ministère, soutient Tony, infirmier en milieu rural dans la Somme et membre d’Unidel. Alors c’est dommage, au regard du contexte, que les autres représentants libéraux ne soient pas présents. Il faut se faire entendre et comprendre, il faut qu’on tape, on ne lâchera rien. » Parmi les revendications des idels : revoir entièrement la nomenclature considérée comme obsolète, revaloriser les compétences, agir sur la concurrence des structures de soins (HAD, Ssiad) « parfois déloyale et non coordonnée avec les libéraux ». Les soignants dénoncent aussi le projet de transposition du droit européen pour permettre l’exercice partiel de la profession. « Il s’agit d’une ubérisation de la santé, de la commercialisation du soin, dénonce Ghislaine Sicre, présidente de Convergence Infirmière. C’est un grand danger ! »
Deux nouvelles journées de mobilisation sont déjà prévues, en mars et le 12 mai pour la journée internationale des infirmières.
Laure Martin
(1)AEEIBO, ANFIIDE, ANPDE, CEEIADE, Convergence Infirmière, CNI, SNIA, SNICS- FSU, SNIES- UNSA, SNPI CFE-CGC, SNIPUERLIB, UNAIBODE, UNEF UNIDEL.
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Je suis assez surprise que votre article n’évoque pas les dizaines de camions de CRS qui nous ont accueuillis au ministère de la Santé.
Et après ça, le peu de manifestants indique que la ministre nous écoute et négocie ? Elle est là pour étouffer notre parole à l’aide de la répression policière. C’est tout
S’informer se n’est pas attendre que l’information vous tombe dans le bec !
Il suffit de lire les revues ou sites spécialisés de la profession, voire ceux des syndicats pour ne rien rater .