
L’activité libérale de la profession infirmière serait-elle amenée à disparaître? C’est en tout cas ce que craignent de nombreux professionnels qui estiment ne presque plus avoir de place dans les projets politiques de Santé. En cause notamment : la volonté politique (loi de santé) de développer des maisons de santé ainsi que le récent rapport de la Cour des Comptes qui préconise le développement de l’HAD, avec une “intervention coordonnée de professionnels libéraux de santé“.
Dans une lettre ouverte datée du 31 janvier, adressée à Marisol Touraine, le collectif IDEL Cotentin en colère (voir encadré ci-dessous), reproche entre autres à la ministre d’avoir fait “complètement disparaître les libéraux de ses préoccupations“.
Le même collectif dénonce aussi le traitement médiatique des décisions politiques de santé. “Tandis qu’au journal national de France 3 du mardi 26 janvier, un reportage était consacré à la volonté de développer les HAD, leur coût étant 4 fois moindre que celui d’une hospitalisation, il a été omis de dire que ces mêmes soins pouvaient être pris en charge par des infirmiers libéraux divisant leur coût par 20! Quel mauvais choix pour illustrer ce sujet, mais quelle réalité” explique dans la lettre Florent Régal, président du Collectif.
Collectifs Vs Syndicats
Depuis quelques mois, plusieurs collectifs d’infirmiers libéraux voient le jour. Parmi ces groupements d’infirmiers qui se mobilisent et essayent de mutualiser leurs idées, le collectif La Grève c’est maintenant. A l’initiative de plusieurs manifestations et opérations escargot en 2015, le collectif regroupe à ce jour 3273 membres sur le réseau social Facebook.
En marge des syndicats et de l’Ordre National des Infirmiers, sur les réseaux sociaux, se trouvent aussi les collectifs “Touche pas à nos IDEL’S“, “Infinidel“, “Informidel” … Autant de groupements qui permettent aux professionnels d’échanger et de se regrouper pour se défendre.
Le Collectif des IDELs du Cotentin, lui, justifie la création de tous ses groupes par une “inaction des syndicats“.
“Aujourd’hui, 4 grandes formations syndicales s’auto-déclarent représentatives de notre profession… En 2012, la somme de l’ensemble des adhérents représentait approximativement 10000 personnes pour un total d’environ 110000 Idels sur le territoire, soit 9% des effectifs. Aucune des 4 formations ne se pose jamais la question de comprendre pourquoi!” interpelle Florent Régal, dans une lettre adréssée aux syndicats.
Si le collectif attend une réponse du ministère de la santé suite aux 2 lettres successives qu’il lui a adressées, il espère aussi une réponse et des actions des syndicats qui aux yeux du collectif “méprisent” les collectifs indépendants.
En attendant, le collectif effectue une campagne de lobbying pour informer le plus grand nombre. La presse grand-public devrait d’ailleurs recevoir dans les prochains jours des communiqués pour être informée de cette inquiétude grandissante des Idels, et traiter le sujet, si bon lui semble…
Rédaction ActuSoins
Encadré : Les IDEL du Cotentin s’adressent directement à Marisol Touraine, dans une lettre ouverte.
Cherbourg-Octeville le 31 janvier 2016
Madame la Ministre,
Le 15 décembre dernier, nous, « collectif Idels cotentin en colère » vous adressions une lettre ouverte afin de vous faire part de notre colère et de notre inquiétude face à votre projet dit de « modernisation » de la loi santé.
Inutile donc, d’en reprendre les termes.
Suite à ce courrier, Madame Gosselin-Fleury, notre députée relayait notre demande d’entrevue auprès de Monsieur Attal conseiller parlementaire et de vous même par lettre en date du 22 décembre.
A ce jour et selon nos craintes, vous avez choisi de ne pas donner suite à ces demandes en outre, de ne pas même avoir la simple délicatesse d’y répondre ce qui marque un peu plus le mépris porté à notre profession. D’autres collectifs ces derniers mois tentaient l’ouverture d’un dialogue avec vous et jamais vous n’avez donné suite.
Jamais un Ministre d’état représentant notre profession n’avait fait montre de tant de dédain…
Vous vous revendiquez en femme politique de dialogue, vous ventez les vertus des choix que vous faites envers et contre tous les avis contradictoires des professionnels de santé, vous affichez encore aujourd’hui lors des questions au gouvernement un triomphalisme et une autosatisfaction sans limite au regard « d’avancées historiques » quant à la multiplications des structures ambulatoires de soins palliatifs, vous ne tarissez pas d’éloge pour la multiplication des HAD et nous constatons que les infirmiers libéraux, déjà absents de vos discours, ont définitivement disparu de vos préoccupations…
Alors, Madame la Ministre, tandis qu’au journal national de france3 du mardi 26 janvier un reportage était consacré à la volonté de développer les HAD, leur coût étant 4 fois moindre que celui d’une hospitalisation, il a été omis de dire que ces même soins pouvaient être pris en charge par des infirmiers libéraux divisant leur coût par 20 ! Quel mauvais choix pour illustrer ce sujet mais quelle réalité !
Pour rappel , Madame la ministre ou pour information, un infirmier libéral aujourd’hui, assure la continuité des soins 7 jours/7 et 365 jours par an, ne peut pas faire valoir ses horaires de nuit, se déplace pour 2,50 euros, assure des soins d’hygiène, de nursing, des pansements , des prélèvements et injections sur une séance d’une heure pour la somme de 18,40 euros brut déplacement compris soit environ 9 euros net !!!! Comment ne pas comprendre notre colère ?
Alors que les citoyens sont entièrement attachés à notre cause et savent notre dévouement, alors que nos hôpitaux publics (et celui de notre ville en est un exemple) sont à l’agonie, que l’état sanitaire du pays n’a jamais été aussi alarmant, vous persévérez sur votre ligne dogmatique par des projets que nous savons chaque fois plus mortifères pour notre si respectable profession.
Dernier point, Madame la Ministre, vous avez à maints reprises vanté les vertus du tiers payant généralisé que nous pratiquons pour la plupart, garantissant le paiement des actes dans des délais très court… Aujourd’hui, force est de constater que non seulement les remboursements de nos actes se font de plus en plus difficiles dans une totale opacité mais que lorsque nous pouvons détecter l’impayé d’une caisse complémentaire il est pratiquement impossible de régulariser la situation tant le labyrinthe des plateformes téléphoniques est fastidieux et inefficace !
Nous vous demandons donc instamment de prendre les mesures nécessaire afin de faire respecter le paiement par les caisses et les dites mutuelles et ainsi d’apporter un peu de crédit aux promesses tenues sans quoi nous appellerions fortement l’ensemble de la profession à se désengager des conventions passées et à vous adresser en masse les impayés fallacieux de nos chères multinationales afin que vos services en assurent la garantie des règlements, ceci, bien sûr au détriment, une fois de plus, des patients bénéficiaires de soins…
Nous demandons en outre la mise en place de services téléphoniques dédiés aux professionnels ayant la capacité de répondre rapidement et de manière efficace à ces graves dysfonctionnements qui épuisent notre quotidien …
Nous renouvelons, Madame la ministre, notre demande à vous rencontrer, à être entendus, à vous faire part de notre réalité de terrain et de notre droit au respect et à la considération.
Sollicitant vivement une réponse de votre part, veuillez agréer, Madame la Ministre nos respectueuses salutations.
Pour le collectif Idelcec : Florent Regal
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.