La crise sanitaire a fortement impacté les conditions de travail de l’ensemble des professionnels à l’hôpital, alors qu’elles étaient déjà plus difficiles dans le secteur hospitalier qu’ailleurs avant la crise, pointe un rapport de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) daté de juillet 2022.
Plus d’une personne salariée du secteur hospitalier sur deux a travaillé dans des services principalement consacrés à la prise en charge des patients atteints de Covid-19 entre le début de la crise sanitaire (mars 2020) et la période de collecte des données, à l’été 2021.
68% des personnes mobilisées dans des services Covid ont connu des périodes inhabituelles de surcharge de travail
Entre le début de la crise sanitaire et l’été 2021, 54% des personnes salariées du secteur hospitalier ont connu, plus qu’avant la crise sanitaire, des périodes inhabituelles de surcharge de travail, contre 28% pour l’ensemble des personnes en emploi en France, chiffre la DREES.
Or, à l’hôpital, l’intensité de travail était déjà élevée avant la crise : en 2019, 57% des personnels hospitaliers estimaient leur quantité de travail excessive (contre 40% pour l’ensemble des salariés) et plus de 60% déclaraient devoir toujours ou souvent se dépêcher (contre 45% pour l’ensemble des salariés), rapporte la DREES.
Ces périodes inhabituelles de surcharge de travail ont été particulièrement fréquentes pour les personnes ayant travaillé dans des services Covid, où 68% d’entre elles sont concernées (une part qui s’élève à 70% dans le secteur public et à 58% dans le privé). Ce surplus de travail se retrouve quelle que soit la famille professionnelle, soignante ou non : 56% des médecins et jusqu’à 77% des infirmiers et sages-femmes ayant travaillé dans ces services le signalent.
La différence observée chez les agents d’entretien, selon qu’elles ont travaillé dans des services Covid (62% déclarent des périodes inhabituelles de surcharge) ou non (25%), illustre à quel point le durcissement des règles d’hygiène a pu alourdir leur quotidien.
Les personnels administratifs rapportent avoir connu aussi fréquemment que les autres familles professionnelles des périodes inhabituelles de surcharge de travail lorsqu’ils ont travaillé dans des services Covid.
La prise en charge du Covid a également eu des effets dans les autres services : 39% des personnes salariées n’ayant pas travaillé dans des services Covid ont également été touchées par un surcroît inhabituel de travail, peut-être du fait des réaffectations d’effectifs en direction des services Covid, estime la DREES.
Ces surcharges sont surtout ressenties par les infirmiers et les sages-femmes (46%), les professions paramédicales (46%) et les aides-soignants (43%). Les médecins et les agents d’entretien sont les professions les moins affectées.
23% des personnels mobilisés incités à venir travailler alors qu’ils était cas contact ou avaient des symptômes
26% des personnels du secteur hospitalier disent avoir été incités à repousser leurs congés à cause de la charge de travail (contre 10% parmi l’ensemble des personnes en emploi). C’est le cas pour 36% de ceux qui ont travaillé dans des services Covid.
19% des personnels hospitaliers déclarent avoir été incités à se rendre sur leur lieu de travail alors qu’ils étaient cas contact ou avaient des symptômes de Covid-19, contre 4% pour l’ensemble des personnes en emploi.
Cette part s’élève à 23% pour ceux qui ont travaillé dans des services Covid.
Enfin, 7% des personnes salariées du secteur hospitalier déclarent avoir été incitées à ne pas prendre ou à ne pas prolonger un arrêt maladie pour travailler, une part qui s’élève à 9% pour celles qui ont travaillé dans des services Covid (contre 4% pour l’ensemble des personnes en emploi tous secteurs confondus).
Les personnels soignants (infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, médecins, etc.) ont été les plus confrontés à ce type de sollicitations. En effet, 25% des infirmiers et sages-femmes, 20% des aides-soignants, 18% des médecins et 25% des professions paramédicales ont été incitées à venir travailler malgré des symptômes ou le fait d’être cas contact.
Le soutien aux patients a intensifié les exigences émotionnelles pesant sur les personnes salariées de l’hôpital
Au-delà des exigences liées à la surcharge de travail de nouvelles formes de demandes émotionnelles ont pesé à l’hôpital en raison de la situation sanitaire, alors-même que le secteur est caractérisé par l’omniprésence de situations nécessitant la mobilisation de ressources émotionnelles fortes.
Déjà en 2016, explique la DREES, 87% des personnels hospitaliers déclaraient être en contact avec des personnes en situation de détresse et cette proportion dépassait 90% pour les aides-soignants et les infirmiers et les sages-femmes, contre 46% pour l’ensemble des salariés en France.
Durant la première année de la crise sanitaire, afin de réduire le risque de contamination, les visites des proches auprès des patients ont été réduites dans les établissements de santé, que ce soit en termes de nombre de visiteurs, d’horaires et de temps autorisé auprès du patient.
Pour pallier l’absence des proches, 44% des personnels hospitaliers rapportent avoir dû toujours ou souvent accompagner les patients plus qu’à l’ordinaire et 40% disent avoir dû toujours ou souvent être plus présents auprès des patients en raison du caractère anxiogène de la situation pour ces derniers.
Enfin, 35% des personnes salariées se sont retrouvées toujours ou souvent en situation d’assurer le rôle de soutien auprès des patients habituellement tenu par les proches dans les situations critiques.
Rédaction ActuSoins
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