Reconversion Infirmiers, ils accompagnent les infirmiers en évolution ou en reconversion

Les services d’accompagnement à l’évolution ou à la reconversion professionnelle des infirmiers se développent, avec aux commandes, souvent, d'autres infirmiers. Pour proposer ces offres, certains professionnels se forment et se reconvertissent dans ce domaine. D'autres se basent sur leur expérience personnelle pour proposer une aide, plutôt en ligne.

Reconversion Infirmiers, ils accompagnent les infirmiers en évolution ou en reconversion

A l'ère du numérique, de plus en plus de séances de coaching ou d'accompagnement en évolution professionnelle se font en ligne. © fizkes/ ShutterStock

Anne-Sophie Minkiewicz, ex-infirmière, s’est reconvertie dans l'accompagnement des infirmières en reconversion. Pour elle, il y a de quoi faire : les situations éprouvantes rencontrées, les conditions de travail difficiles, le turn-over important dans les services, les rémunérations peu attractives découragent certains soignants qui cherchent une autre voie professionnelle.

Parmi les infirmiers qui quittent le métier, explique Anne-Sophie Minkiewicz, un tiers s'oriente vers des activités où ils continuent de prendre soin des autres, mais autrement. C'est son cas mais aussi celui de Sabrina Mendes. Cette coach pour les professionnels de santé a exercé six ans à l'hôpital mais la façon d'y travailler, même en devenant cadre, ne lui a pas permis d'être « alignée » avec ses valeurs.

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Elle est alors devenue enseignante en IFSI. Mais face aux ESI, « je ne me sentais pas assez outillée pour accompagner ceux qui rencontraient des difficultés en stage », raconte-t-elle.

Reconversion infirmière : De coach…

Elle s'est donc formée au coaching en 2019-2020, ce qui a modifié sa manière de travailler auprès des étudiants. « Je me suis sentie à l'aise, utile, poursuit-elle. Et puis je restais en contact avec le cœur de mon métier. Tout au bout, il y a toujours le patient et la volonté de bien prendre soin des personnes. »

Les hasards de la vie l'ont conduite à changer de région et donc à quitter l'IFSI.

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Elle exerce depuis septembre uniquement en tant que coach pour professionnels de santé, notamment des cadres, ou des ESI.

Tôt ou tard, « je l'aurais fait de toute façon », estime l'ancienne infirmière. Elle qui a aussi été accompagnée sur ce sujet, aime travailler avec les soignants sur le sens du métier pour eux, leurs valeurs, leurs ressources et sur leurs croyances limitantes. Et elle se dit « très épanouie ». « C'est tout neuf mais c'est la première fois que je ne fais que ce que j'aime 95% du temps », apprécie-t-elle.

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Reconversion infirmière…à spécialiste des ressources humaines

Anne-Sophie Minkiewicz a, pour sa part, exercé comme infirmière pendant trois ans avant de quitter le métier. Elle l'adorait mais a considéré très rapidement qu'elle ne pouvait pas l'exercer comme elle le souhaitait. « Il n'y avait pas de moyens, pas de temps pour le relationnel », observe-t-elle.

Elle a repris des études en ressources humaines (master 1 et 2) avant d'intégrer un grand groupe de conseil américain. Un job qu'elle a « adoré ». « J'ai coupé avec le métier (d'IDE, NDLR) et pris du recul, tout en me disant que j'y reviendrai », observe-t-elle. Son parcours n'a pas été aisé : à l'époque, la reconversion des infirmières était plus rare qu'aujourd'hui, peu documentée et encore moins accompagnée.

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10 ans plus tard, l'idée de le faire pour les infirmières en parcours de reconversion a émergé. Un dîner avec des amies infirmières qui lui racontent leurs difficultés et lui demandent comment elle a fait pour changer de voie, provoque le déclic.

Accompagner les infirmières qui s'interrogent sur leur vie professionnelle, c'est, pour elle, « prendre soin de ceux qui prennent soin ».

Elle le fait via une plateforme en ligne, avec des rencontres individuelles pour réaliser un bilan de compétences et des exercices, des quiz, des tests, etc. C'est pour elle une façon de rester en contact avec ce métier qu'elle aime toujours mais auquel, finalement, elle ne reviendra « pour rien au monde »...

Toutes les formules d'accompagnement ne sont pas aussi consistantes les unes que les autres. Aucun diplôme officiel n'est en effet exigé pour accompagner les autres.

Si certains professionnels suivent des formations officielles pour accompagner leurs pairs dans leur évolution ou leur reconversion, d'autres se basent juste sur le partage de leur expérience personnelle.

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Partage d'expérience

C'est le cas par exemple de Benoît Sartre, infirmier à domicile qui exerce en Allemagne. Il a commencé durant ses études, avant 2017, à bloguer et à partager en ligne ses fiches de cours.

« Cela m'a permis de rester motivé durant ma formation », se rappelle-t-il. Les étudiants (et candidats aux concours d'IFSI) le questionnent, il leur répond et apprécie de leur apporter de l'aide.

« J'aime transmettre, aider les autres à dépasser leurs blocages, à se motiver et trouver de nouvelles perspectives », explique l'IDE. Selon lui, les ESI et les infirmiers ont « besoin d'être soutenus de l'extérieur, mais ce besoin n'est pas identifié, ils ne le ressentent pas forcément, manquent de temps ou considèrent que payer pour ce genre de chose n'est pas utile. »

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Fort de sa formation initiale, dont certains modules portent sur l'accompagnement, et de ses lectures, ce « passionné de développement personnel » propose sur son site un « tutorat » pour les ESI à base de vidéos et d'ebooks et un programme de coaching sur 30 jours avec trois entretiens pour « kiffer sa carrière », encore peu demandé.

Les bonnes intentions ont parfois leurs limites néanmoins. La profession de coach n’étant pas réglementée, il est facile de tomber, au fil de ses recherches sur des offres obscures et des approches très – trop – « alternatives ».

La prudence est de mise face à de potentielles dérives.

Géraldine Langlois

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