Les conditions dans lesquelles les infirmiers exercent leur métier aujourd’hui, l’étroitesse des perspectives d’évolution de leur carrière, ou tout simplement d’autres envies, conduisent certains d’entre eux à décider de changer de profession.
Mais comme il n’existe pas de suivi récent des parcours de carrière des IDE, comme le faisaient les anciennes études de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, il n’est pas possible de savoir quelle part d’entre eux cesse véritablement d’exercer leur métier avant l’âge de la retraite.
Selon Anne-Sophie Minkiewicz, ex-infirmière reconvertie dans… l’accompagnement des infirmiers en reconversion, « un tiers (des infirmières qu’elle accompagne, NDLR) veulent faire complètement autre chose, comme webdesigner, assistante maternelle ou fleuriste. Les deux autres tiers veulent continuer de prendre soin des autres, soit en changeant de métier et en devenant réflexologue, praticienne en shiatsu, diététicienne, ou en faisant du job crafting, c’est-à-dire en faisant évoluer le contexte dans lequel elles exercent leur métier. Elles peuvent devenir infirmière de laboratoire, infirmière conseil ou commerciale, travailler chez les pompiers ou dans le rapatriement sanitaire… »
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Rester dans le soin
Pour certains, la suite relève de l’évidence. C’est le cas de Gaëlle Ezennic : diplômée en 1996, elle a travaillé à l’hôpital et en libéral avant d’opérer un changement radical. L’exercice libéral était devenu « très différent » : « je courais dans tous les sens, j’avais des tournées à rallonge, de travaillais parfois avec une déchirure musculaire, la relation avec les patients n’étaient plus du tout la même qu’au début », se souvient-elle.
Quelques années avant de raccrocher la blouse, elle s’était déjà formée à la médiation équine, une discipline dont elle a découvert les bienfaits avec son enfant, autiste.
Pendant quelques temps, « j’ai exercé les deux activités en même temps », poursuit-elle. Mais un accident de voiture pendant sa tournée -pas le premier- produit le déclic qui la conduira à arrêter son activité libérale.
Le faire « m’a fait un bien fou ! » se rappelle-t-elle. Pourtant, la transition est difficile financièrement : « pendant un an, même si on a arrêté le libéral, on doit continuer à payer les charges, la Carpimko, l’Urssaf et toutes les assurances personnelles. J’aurais voulu m’inscrire au chômage mais je n’avais droit à rien. Alors j’ai travaillé à mi-temps dans un foyer pour personnes handicapées pendant un an », en 2015-2016, avant de ne plus pratiquer que la médiation équine. Une autre façon de prendre soin…
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Se faire accompagner
D’autres infirmiers aspirant à ne plus l’être ont besoin d’aide pour définir les contours de leur carrière d’après.
L’épidémie de Covid et l’épuisement professionnel qu’ a traversé Audrey, diplômée depuis cinq ans, ont précipité son orientation vers la « médecine parallèle », qu’elle envisageait plutôt pour plus tard. « Les conditions de travail n’étaient plus en lien avec mes valeurs, résume-t-elle. Je voulais exercer un métier basé sur le relationnel et le bien-être. J’avais plusieurs idées mais j’étais un peu perdue. »
En janvier 2021, elle a démarré une formation de 14 mois à la sophrologie, qu’elle finance seule, à la suite d’un bilan de compétences avec une autre ex-infirmière, Charlotte Kerbrat.
Cette dernière, diplômée en 2014, s’est débrouillée seule. « Je me suis vite posé la question de l’évolution de ma carrière, se souvient-elle. Est-ce que je voulais devenir cadre ? Me spécialiser ? J’ai trouvé peu de choix et d’informations disponibles. J’ai changé d’hôpital et de conditions de travail mais c’était toujours un peu la même chose… »
Sa première tentative de reconversion dans la phytothérapie ne réussit pas et la conduit à s’interroger sur ce qui manque aux infirmières pour opérer un virage dans leur carrière : des interlocuteurs pertinents et un accès aux informations utiles. Elle mène sa réflexion sur son blog, qui draine un public d’infirmières qui s’interrogent sur leur avenir professionnel et se forme elle-même… Jusqu’à créer son entreprise début 2020 et la transformer en organisme de formation pour proposer des bilans de compétences spécialisés destinés aux IDE.
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Bilan de compétences spécialisé
Anne-Sophie Minkiewicz est passée par une étape intermédiaire. Après trois ans d’exercice, dans les années 2000, « je me suis vite aperçue que je ne pouvais pas exercer ce métier, que j’adorais, comme je le voulais », témoigne-t-elle.
Elle se projette dans les relations humaines en entreprise… A ce moment, la reconversion des infirmières était souvent perçue, selon elle, comme un échec, et le DE n’était pas encore reconnu à bac +3.
Elle parvient pourtant à s’inscrire en master de management stratégique des ressources humaines, en apprentissage. Et travaille une dizaine d’années dans le service ressources humaines d’un cabinet de conseil, où elle a gravi tous les échelons. « On me demandait “comment tu as fait ça ? ” », raconte-t-elle.
Alors quand l’envie de changer d’horizon est revenue, elle a décidé d’associer sa connaissance du monde infirmier avec ses compétences en ressources humaines et monté en 2017 un programme d’accompagnement des IDE souhaitant se reconvertir.
Les formules d’accompagnement imaginées par ces ex-infirmières se ressemblent, même si l’approche de chacune est un peu différente. Elles réalisent d’une part un bilan de compétence durant huit à dix entretiens individuels d’une heure (en visio).
Avec les IDE qu’elle accompagne, explique Anne-Sophie Minkiewicz, « j’aborde leurs motivations concernant le travail, ce qu’elles ne veulent plus jamais revivre et ce qu’elles veulent absolument trouver dans leur travail. Nous identifions aussi leurs compétences, leurs forces, leurs faiblesses… Certaines sont en burn-out et pas encore prêtes à se projeter. Je leur donne beaucoup d’informations sur les équivalences, les passerelles, les spécialisations et des idées de reconversion qui fonctionnent quand on est infirmière. Et puis on construit ensemble un projet personnalisé, pas à pas. » Une collaboratrice aide aussi les IDE à monter des dossiers de financement de formations.
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Individuel et collectif
Les deux « accompagnatrices » donnent aussi accès à une plateforme en ligne avec des outils, des petites exercices, des mises en situation, des quiz. Les personnes accompagnées par Anne-Sophie peuvent se retrouver et échanger sur des groupes Facebook.
Quant à Charlotte, elle organise des séances collectives : « la dynamique de groupe a un impact énorme et aide beaucoup à avancer », commente-t-elle. Leurs prestations (aux alentours de 1500€) sont éligibles au financement au nom de la formation professionnelle.
Quelques mois après le bilan, Anne-Sophie recontacte les infirmières qu’elle a accompagnées et fait le point sur l’avancement de leur projet. Elle n’encourage pas les changements radicaux. « Souvent, observe-t-elle, elles opèrent leur reconversion en deux temps ». Elles passent d’abord par une phase durant laquelle elles restent infirmières à temps partiel pendant quelques temps et testent leur nouvelle activité le reste du temps avant de ranger leur blouse. Comme l’a fait Gaëlle ou comme le fait Audrey, pendant sa formation. Elle se félicite d’être sortie de sa zone de confort et d’avoir mené cette « réflexion sur soi » qui l’a amenée à dépasser ses peurs et à trouver une voie plus en accord avec ses valeurs… « Au pire, rassure Anne-Sophie Mankiewicz, si cela ne marche pas, il est toujours possible de faire machine arrière. Le DE est valable toute la vie ».
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Géraldine Langlois
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Bonjour,
Je suis Ide dans la FPH en brun out, je désir changer de métier car les conditions d’exercice de ce dernier ne répond pas à mes valeurs.
Votre article me rassure, je ne suis donc pas seule.
Actuellement perdue, face à mon sentiment d’échec, je désir avoir des adresses, des sites, du soutien et des conseils pour me reconvertir.
Pouvez-vous m’aider.