Aveyron : un contrat de territoire pour mieux traiter la santé mentale

Aveyron : un contrat de territoire pour mieux traiter la santé mentale

L'Aveyron est le premier département d'Occitanie à avoir signé un Contrat territorial de santé mentale (CTSM). Le Plan d'actions qui en découle s'appuie sur le travail coordonné d'un ensemble de partenaires. Des soignants et praticiens, hospitaliers ou libéraux, sont partie prenante d'un dispositif qui vise la réhabilitation à la fois sanitaire et psycho-sociale de patients en psychiatrie.
CH Sainte-Marie, à Rodez. © DR

Selon l’Organisation mondiale de la santé « une personne sur quatre est touchée par des troubles à un moment de sa vie. (…) Les ruptures de parcours entraînent une détérioration des trajectoires de soins et de vie. »

C’est ce que rappelait le directeur de l’ARS Occitanie lorsqu’a été signé en Aveyron, le tout premier Contrat territorial de santé mentale (CTSM)* de la région, lancé pour cinq ans dans ce département. « Ce contrat planifie un ensemble d’actions qui vont améliorer la prise en charge de patients atteints de troubles et handicaps mentaux ou psychologiques en coordonnant les acteurs des champs sanitaires et sociaux », résume Amélie Layral.

Cette infirmière de formation a été recrutée en novembre 2022 comme coordinatrice du Projet territorial de santé mentale (co-construit avec des usagers et leurs familles) qui a servi de base au Contrat en cours pour cinq ans, jusqu’en 2026, où une évaluation sera faite.

Dépister et mieux prendre en charge

Ce CTSM se décline ici, selon une approche par population qui tient compte de la spécificité des plus vulnérables – enfants, ados, précaires et seniors.

Avec comme grandes priorités : dépister, orienter et diagnostiquer, favoriser l’accès aux soins somatiques, améliorer l’accueil dans les lieux dédiés, ou encore organiser la gestion de la crise et les urgences en santé mentale, et agir sur les déterminants sociaux et environnementaux pour accompagner aussi le parcours de rétablissement et de réinsertion des personnes atteintes de troubles.

Dans un département où la période post-Covid a accru les problèmes de santé mentale et de dépression. « Il y a eu une recrudescence de la prise en charge de jeunes notammentceux pour qui sortir du confinement et se remettre dans la vraie vie a été compliqué », indique Béatrice Latapie-Bouloc, cadre supérieure de santé de l’Hôpital Sainte-Marie, à Rodez.

Filière de réhabilitation

Dans ses missions, cette professionnelle a en charge la filière de la réhabilitation psycho-sociale de patients en psychiatrie, en collaboration avec le docteur Pierre Kivits, médecin psychiatre, et une équipe pluridisciplinaire (infirmiers, psychologues, assistants sociaux, éducateurs spécialisés).

« Le CIRA (Centre intersectoriel Réhabilitation Aveyron), structure  ambulatoire de la filière Réhabilitation, a été labellisé Centre de proximité sous la tutelle de C2R, centre expert de Montpellier », évoque la cadre supérieure de santé. « Cette filière est un axe fort du PTSM et sa vocation est de développer les soins de réhabilitation sur le territoire. »

La soignante exerce dans l’unique hôpital psychiatrique de l’Aveyron, un ESPIC (Etablissement de santé privé d’intérêt collectif), seul hôpital du département habilité à recevoir les patients en soins sans consentement.

« Il était incontournable que nous participions à ce projet territorial qui fait lien avec notre travail », indique-t-elle. « Il nous amène à œuvrer en collectif autour de la santé mentale, avec tout un panel de partenaires sanitaires, sociaux et médico-sociaux, et pour ma part, de travailler sur de la coordination. »

Ce décloisonnement qui permet de « mobiliser les bonnes personnes au bon moment », facilite la prise en charge multidimensionnelle des patients schizophrènes en particuliers. Il est censé amener aussi, selon cette cadre de santé, une fluidité dans les parcours. Les deux autres Centres hospitaliers du département (l’hôpital de Millau et l’hôpital Jacques Puel, de Rodez) eux aussi portent des actions dans le cadre du CTSM.

Dé-stigmatiser

« Les acteurs de santé mentale avaient fait au préalable un diagnostic de l’existant, ses manquements et ses difficultés, et émis une feuille de route qui a donné le CTSM en cours », rappelle Amélie Layral, elle-même basée à l’hôpital Sainte-Marie.

Seize acteurs – des institutions publiques, des professionnels de santé, des travailleurs sociaux ou médico-sociaux, des acteurs de la prévention, des associations comme Addictions France, Village 12 ou l’ADPEP 12 – signataires avec l’ARS Occitanie, se sont engagés à mettre en œuvre des actions pé ou ponctuelles. Soit dix-huit fiches action pour 41 actions concrètes.

L’Agence régionale de santé les finance à hauteur de 2 M€ par an. Objectif ultime du CTSM : ouvrir la psychiatrie sur la ville et la citoyenneté. « Le but est en effet de dé-stigmatiser la santé mentale » rappelle Béatrice Latapie-Bouloc.

Myriem Lahidely

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