« A travail égal, salaire égal », scandent en chœur deux infirmières derrière leur banderole. Venues d’une MAS (Maison d’accueil spécialisée), elles s’occupent au quotidien de personnes adultes poly-handicapées qui ont besoin de soins.
Alors que leurs collègues des établissements de santé et des EHPAD publics peuvent bénéficier d’une revalorisation salariale mensuelle de 183 euros, grâce aux accords établis lors du Ségur de la santé (et de 160 euros pour certains établissements du privé), elles, ne verront pas de changement sur leur fiche de paie.
« Le risque, c’est la fuite des personnels du médico-social vers les établissements de santé. Ça commence déjà », explique Hervé Karagulian, délégué syndical du syndicat SUD.
« L’autre problème, c’est que parfois on demande à ces agents d’aller faire des remplacements dans les services voisins du secteur sanitaire. Ils se retrouvent donc avec des collègues qui font exactement le même travail et qui perçoivent plus. Cela créé un vrai sentiment d’injustice et cela n’est pas normal », ajoute le syndicaliste.
Dans la foule, l’humeur n’est pas joyeuse. Et pourtant, les soignants se veulent optimistes. Ici, certains chantent. Un peu plus loin, d’autres débattent et se racontent leur journée. Certains ont posé un jour de RTT pour l’occasion. « Il fallait être présent. Nous devons aller au bout de cette mobilisation et nous faire entendre », estime Sandra, aide-soignante.
Augmentation générale…
Pour le syndicat SUD, pas question de se contenter d’une demande d’alignement de salaire. « Depuis le début, nous réclamons 400 euros d’augmentation mensuelle pour tous les agents », rappelle Yann Cardi, ASH et représentant syndical chez SUD. Il explique : « C’est le minimum et il faut voir cela comme un rattrapage. Les grilles n’ont pas changé depuis plus de 10 ans, alors que l’inflation, elle, est bien présente ».
Il demande aussi que les étudiants en promotion professionnelle puissent bénéficier de la revalorisation. « Pour l’instant, ils n’ont rien », indique-t-il.
Autre revendication ? « Nous demandons que la Covid soit reconnue comme maladie professionnelle, et pas seulement pour les cas les plus graves ! » A quelques mètres de là, une infirmière raconte : « dans notre MAS, 24 résidents et 16 membres du personnel ont eu le Covid. Une de nos aides-soignantes a une convalescence plus que difficile. Elle a des séquelles et une insuffisance respiratoire. C’est inacceptable. »
Ce matin, deux délégations (FO, puis SUD) ont été reçues à l’ARS. « Ils nous disent que le dossier est en expertise et semblent être de notre côté ». Comme le sujet n’est pas propre à la région, « ils ne peuvent que faire remonter nos revendications au ministère », relate Hervé Karagulian.
Pour le syndicaliste et ses collègues, rendez-vous est pris le 15 décembre à Paris pour une mobilisation nationale. Une délégation pourrait être reçue au ministère.
Malika Surbled
A Marseille, la CGT se mobilise tous les mardis depuis novembre
Pour la CGT, la mobilisation devant l’ARS PACA est hebdomadaire depuis novembre. Dans le cadre des « mardis de la colère », les agents, à tour de rôle, viennent pour les raisons décrites ci-dessus, mais aussi pour dénoncer « le démantèlement du service public », explique Patricia, IADE à l’hôpital Sainte Marguerite (AP-HM).
« Je suis venue par solidarité envers les exclus du Ségur mais aussi pour montrer que je ne suis pas d’accord avec les fermetures programmées de certains services. A l’hôpital Sainte-Marguerite, la pharmacie hospitalière va fermer pour faire place à des start-up et des labos privés. Nous n’avons plus de services d’urgences, ni de laboratoire, ni de banque de sang. Quand nous avons une urgence, nous devons appeler le SAMU pour que nos patients soient transférés à la Timone. Par ailleurs, certains terrains de l’AP-HM sont donnés aux cliniques privées. Les cliniques privées s’installent donc sur du terrain public, sans que personne ne s’en offusque ! », explique-t-elle.
Les « mardis de la colère » semblent porter en partie leurs fruits. Il y a deux semaines, les étudiants en soins infirmiers de la région s’y étaient greffés pour demander la réouverture de leur formation. Ils ont été entendus. La semaine dernière, les infirmiers étudiants en spécialité se rassemblaient aussi pour demander une trêve : mobilisés dans les services en renforts IDE, ils souhaitaient pouvoir reprendre leur formation. Ils n’ont pas encore reçu de réponse à cette demande.
M.S
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