Formation des étudiants en soins infirmiers interrompue puis rétablie : rebondissements en PACA

Après que la formation des étudiants des 25 IFSI de PACA a été interrompue du jour au lendemain pour quatre semaines le 16 novembre, l'ARS vient de revenir sur sa décision. Le 30 novembre, la plupart des étudiants concernés reprendront finalement leurs stages ou leurs cours. Un cafouillage qui illustre le manque de directives nationales sur la situation des ESI en ces temps de crise sanitaire, réclamées par la FNESI.

Formation des étudiants en soins infirmiers interrompue puis rétablie : rebondissements en PACALes étudiants en deuxième année des 25 IFSI de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur viennent de passer deux semaines pour le moins chaotiques.

Ils ont tout d'abord appris avec stupeur le 17 novembre que l'ARS avait décidé l'interruption (renouvelable) de leur formation du... 16 novembre au 13 décembre. Une mesure exceptionnelle justifiée par l'Agence par l'urgence sanitaire et les besoins importants des hôpitaux en personnel dans les unités impactées par l'afflux de patients atteints par le Covid.

Du jour au lendemain, les cours des uns, les stages des autres et les services sanitaires des derniers ont donc été brutalement arrêtés et les ESI concernés, les deuxième année, ont perdu leur statut d'étudiant.

Un vent de panique et de colère a soufflé parmi eux : qu'allait-il advenir de ce mois de formation manqué, des rattrapages de partiels prévus, des bourses ? Des questions d'autant plus compréhensibles que, selon Emma Tellier, présidente du BDE de l'IFSI d'Avignon, les IFSI et l'ARS étaient parvenus à un accord sur le fait que sur un stage de cinq semaines, les étudiants pouvaient être mobilisés en renfort durant une semaine...

Du jour au lendemain

Pour le mois d'interruption, « on ne nous a rien imposé, poursuit-elle. On nous a présenté trois possibilités : soit ne rien faire, soit, pour les ESI en promotion professionnelle, repartir travailler comme aide-soignants pour leur employeur, soit s'inscrire sur la plateforme de réserve de l'ARS pour effectuer des vacations d'aide-soignants ».

Certains étudiants l'ont fait. Selon l'étudiante, parmi ceux qui ont été recontactés, une partie est partie effectuer des CDD dans des hôpitaux de la région. Les ESI en promotion professionnelle sont retournés dans leur établissement d'origine. D'autres se sont débrouillés pour trouver des CDD. D'autres encore n'ont pas trouvé de point de chute...

Même s'ils comprennent la nécessité de prêter main forte en cas de besoin, beaucoup d'étudiants concernés se sont mobilisés contre l'interruption pure et simple de leur formation.

Les représentants de plusieurs IFSI concernés ont écrit une lettre ouverte le 19 pour faire connaître leur situation et apaiser les étudiants, ajoute Emma Tillier.

« Nous sommes stressé.e.s, fatigué.e.s physiquement et mentalement, nous sommes à la limite du burn-out alors que nous ne sommes même pas diplômé.e.s. », alertent les signataires de cette lettre.

Certains ESI ont aussi manifesté mardi 24 novembre devant l'ARS. La Région, qui paie les bourses, a rassuré ceux qui en touchent : elles leur seront versées, souligne Bleuenn Laot, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI).

L'Association nationale des directeurs d'école paramédicale (ANDEP) et le Comité d'entente des formations infirmières et cadre (Cefiec) se sont mobilisés avec la FNESI le 20 novembre pour demander « au ministère de la Santé un cadrage national pour garantir la formation des étudiants et ainsi éviter les débordements injustifiés des ARS » et insister pour que les formations des ESI ne soient pas « bradées » via des « arrangements inacceptables ».

Selon Bleunn Laot, la formation des deuxième année de certains IFSi de Pays-de-Loire a aussi été interrompue et d'autres régions l'ont envisagée...

Pas encore de cadrage national

Huit fédérations représentant les étudiants en santé (soins infirmiers, médecine, kinés, etc.), dont la FNESI, qui devaient rencontrer Olivier Véran mardi 24 novembre ont finalement été reçues par le ministre de la Santé jeudi 26.

« Nous avons demandé qu'il ne soit plus possible d'interrompre la formation des ESI, indique Bleuenn Laot. Nous avons aussi indiqué qu'ils pouvaient aller aider mais pas plus de deux semaines par semestre et avec un contrat de travail, pas sous convention de stage, tout comme les ESI en promotion professionnelle. Enfin nous avons demandé que nous soyons définitivement rattachés à l'université » et non traités différemment des autres étudiants.

Mais les 45 minutes accordées ont laissé peu de temps aux organisations d'évoquer les difficultés du terrain et au ministre de leur répondre. Il n'a d'ailleurs pas répondu à ces questions sur le fond, observe la présidente de la FNESI. « Frustrée » à l'issue de ce rendez-vous, elle espère tout de même que des mesures seront annoncées dans les tout prochains jours.

Formation rétablie

Entre temps... l'ARS de PACA a annoncé mercredi 25 l'abrogation le 29 de son arrêté du 16, ce qui a rassuré les étudiants.

Dans une note de cadrage, elle rappelle que les besoins des établissements en renforts restent prioritaires jusqu’au 13 décembre. Mais elle confirme la reprise de la formation, pour les ESI de deuxième année concernés, qu'ils s'agisse des cours ou des stages.

Une très bonne nouvelle pour les étudiants, note Emma Tillier. Mais les étudiants en promotion professionnelle repartis travailler en tant qu'aides-soignants dans leurs établissements y restent jusqu'au 13 décembre (et ratent donc, qui des cours, qui un stage).

Quant aux étudiants qui ont contractualisé en tant que faisant fonction d'aides-soignants avec un établissement de soins, ils peuvent demander une rupture de leur contrat.

Mais si l'établissement a besoin qu'ils y restent, ils continueront de faire fonction d'aide-soignant, au titre du renfort, mais leur CDD sera transformé en convention de stage.

Dans ce cas, précise l'ARS, les salaires seront remplacés par un financement conjoint du Conseil régional et du ministère du travail via le Plan régional investissement compétences (PRIC).

Les étudiants pourront aussi être mobilisés en renfort deux semaines par semestre, sous certaines conditions. Selon l'Agence, la DGOS prépare un projet d'arrêté sur l'adaptation et les aménagements de formation et la procédure de délivrance des diplômes.

Géraldine Langlois

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