CH de Valenciennes : une cadre et une infirmière en pratique avancée créent un serious game pour les étudiants

Une cadre de santé de l’Unité fonctionnelle coeur et vaisseaux et une Infirmière en pratique avancée (IPA) du service de néphrologie du Centre Hospitalier de Valenciennes ont élaboré un serious game pour les étudiants en soins infirmiers de 3e année, en stage dans l’établissement. Un apprentissage ludique au cœur du pôle, proposé depuis fin mars.

CH de Valenciennes : une cadre et une infirmière en pratique avancée créent un serious game pour les étudiants

© DR / CH de Valenciennes

« Comme dans beaucoup de services, nous recevons de nombreux étudiants en soins infirmiers (ESI), et nous avons des équipes de tuteurs dévouées à leur prise en charge, souligne Émilie Demortier, cadre de santé au sein de l’Unité fonctionnelle cœur et vaisseaux. Pour autant, malgré cet investissement, des ESI nous ont confié trouver que la transmission des connaissances restait très scolaire et théorique. »

En collaboration avec Audrey Debraine, IPA mention néphrologie, dialyse et transplantation rénale, elle a examiné la situation pour améliorer cette situation. « Nous trouvons dommage de disposer de tuteurs investis et que leur investissement retombe comme un soufflet, rapporte la cadre de santé. Transmettre fait partie de nos missions. Nous avons à cœur de continuer le parcours de formation des ESI et nous sommes très sensibles au fait qu’ils sont les professionnels de santé de demain. »

Conception du jeu

Pour répondre à cet enjeu, Émilie Demortier et Audrey Debraine ont pensé à l’élaboration d’un serious game, un dispositif novateur permettant de s’entraîner sous forme de jeu avec des énigmes et des défis à relever dans un temps imparti. Si leur réflexion a débuté fin 2022, c’est en juin 2023, lors d’une formation sur l’innovation paramédicale, organisée au CHU de Bordeaux, que les deux infirmières ont décidé de passer à l’action, motivées par les présentations de leurs confrères et consœurs. « Dans la salle d’embarquement, en attendant de rentrer à Valenciennes, nous avons commencé à écrire notre cas concret, avec nos objectifs globaux et spécifiques », se souvient Emilie Demortier.

En rentrant au CH, elles font superviser leur projet par un néphrologue. « Nous avons aussi la chance d’avoir été mises en lien avec un ancien aide-soignant de néphrologie, qui détient désormais sa société de création d’escape game, indique la cadre de santé. Il nous a aidé dans la conception même du jeu, pour lui donner un côté ludique et identifier le fil conducteur afin que les énigmes s’enchaînent correctement. » Soutenues par le cadre supérieur du pôle, les deux infirmières ont également participé à des prix pour obtenir des subventions. Le Collège des paramédicaux de la Société française de cardiologie (SFC) a notamment soutenu le projet en leur attribuant le prix Régis Barbet en février 2024.

Cas concret à résoudre

Le serious game, d’abord testé par les tuteurs et le personnel volontaire, se déroule dans une grande salle de réunion du pôle lors de séances groupées avec quatre ESI de troisième année.

Il repose sur un cas concret élaboré par le néphrologue du service présentant une patiente relevant des deux spécialités médicales puisqu’elle souffre d’une insuffisance rénale et décompense au niveau cardiaque. Les ESI doivent alors trouver les problématiques rencontrées par la patiente et la prise en charge adaptée. La session débute par une phase de briefing de 10 à 15 minutes au cours de laquelle le binôme revient sur le concept et les objectifs du jeu. Ce dernier se déroule ensuite pendant une heure.

« Durant le serious game, les ESI doivent observer les signes cliniques de la patiente, lui donner des conseils éducatifs diététiques, assurer des surveillances thérapeutiques avec des calculs de dose ou encore adapter les protocoles », énumère Audrey Debraine. La session est suivie d’un débriefing et d’une analyse réflexive. « Nous commençons par un point sur le ressenti des étudiants, explique l’IPA. Ils peuvent échanger sur les difficultés qu’ils ont rencontré. Puis nous poursuivons avec la partie théorique au cours de laquelle nous revoyons le rôle propre des infirmiers, le travail en collaboration, le lien avec le patient. »

L’ensemble de l’équipe échange alors sur des anecdotes de terrain que les ESI ont pu rencontrer pendant leur stage ou que les deux encadrantes ont vécu pendant leur carrière. « Au moment du debrief, les ESI n’osent pas toujours parler puis ils comprennent rapidement que nous sommes-là pour échanger, souligne Emile Demortier. Nous leur demandons s’ils veulent participer à la révision des connaissances et rapidement ils deviennent volontaires. » Le serious game leur apprend également l’intérêt du travail en équipe.

Aujourd’hui, le souhait de la cadre de santé et de l’IPA serait de le proposer également aux nouveaux arrivants du service ainsi qu’aux étudiants des autres services du pôle, et pourquoi pas de décliner les scénarios. Le binôme réfléchit aussi à d’autres jeux à développer pour les étudiants, notamment un Trivial Pursuit.

Laure Martin

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