Au cœur des greffes
9 heures 35, montre en main, entre l’arrêt des thérapeutiques chez le donneur et la transplantation du foie chez le receveur. Le récit – en photos – d’une journée marathonienne.
Février 2022, Christelle Calmettes, photographe, prévoit une quinzaine de jours pour suivre le travail des équipes du CHANGE (Centre Hospitalier Annecy Genevois) sur le don d’organes et de tissus. Une douzaine de jours passent ponctués par deux refus de don par des proches. Puis, un arrêt thérapeutique (LAT) est programmé chez un jeune patient, en raison du pronostic. Il s’agit d’un des quatre cas de prélèvements d’organes sur donneurs décédés, après LAT et arrêt circulatoire (catégorie III de Maastricht)*, autorisé en France depuis 2015. Le CHANGE a été le premier centre à pratiquer des prélèvements dans ce cadre et forme d’autres établissements à cette procédure.
Ce dossier a été publié dans le n°45 d'ActuSoins Magazine (juin-juillet-août 2022).
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Une procédure codifiée
Après une décision collégiale de LAT par l’équipe médicale qui suit le patient, l’équipe de la CDOT (Coordination Don d’Organes et de Tissus) prend le relais pour recenser et « qualifier » le donneur potentiel grâce à des premiers bilans et la recherche de contre-indications. Puis, un entretien est réalisé par l’équipe de la CDOT (Coordination don d’organes et de tissus) avec les proches. Objectif : les informer sur la procédure et s’assurer de l’absence d’opposition au don. Ils seront accompagnés tout au long du processus.
Le patient et donneur potentiel est alors recensé après validation par l’agence de Biomédecine (ABM) et les premières informations sont entrées dans un dossier Cristal, le logiciel de l’ABM, qui va anonymiser le dossier.
Les bilans permettent de vérifier si les organes sont prélevables et greffables et comprennent notamment un scanner corps entier, une échographie cardiaque, une fibroscopie (pour une greffe de poumons), une coronarographie et une sérologie ainsi qu’un typage HLA (pour apprécier la compatibilité tissulaire donneur/receveur). Quand le dossier Cristal est complet, les équipes de prélèvements de greffe des différents CHU sont informés et des choix sont effectués en fonction des priorités de la liste nationale des malades en attente de greffe.
Compte à rebours
Commence alors un vrai marathon : pour chaque organe, les équipes qui réaliseront ensuite la transplantation viennent au CHANGE pour réaliser les prélèvements. La LAT est mise en oeuvre dans la chambre du patient en réanimation. Après le décès, le registre national des refus est interrogé. Puis, la circulation régionale normothermique (CRN) est mise en place, toujours en réanimation, avant que le donneur ne soit amené au bloc pour les prélèvements. La phase d’ischémie chaude fonctionnelle – depuis l’AT jusqu’à la perfusion des organes par CRN – est minutée. Ensuite, entre le moment où l’organe est prélevé et le moment où il est greffé, il ne faudra pas dépasser 3 à 4 heures pour un coeur, 6 heures en moyenne pour un foie, 6 à 8 heures pour un poumon et 18 heures pour un rein.
Texte et photos : Christelle Calmettes
* La classification de Maastricht définit quatre catégories de donneurs décédés suite à un arrêt circulatoire (DDAC) : personnes décédées ayant fait un arrêt circulatoire en dehors de tout contexte de prise en charge médicalisée ; personnes ayant fait un arrêt circulatoire en présence de secours qualifiés, mais la réanimation n’a pas permis la récupération de l’activité circulatoire (DDAC-M2) ; personnes hospitalisées décédées, suite à une décision de LAT (DDAC-M3) ; personnes décédées en mort encéphalique ayant fait un arrêt circulatoire irréversible au cours de la réanimation (DDAC-M4).
- Le patient devenu donneur est toujours dans sa chambre en réanimation. L’arrêt circulatoire est constaté après cinq minutes au moins d’absence de pulsatilité de la courbe artériel, le décès prononcé et l’équipe de réanimation met en place les machines qui vont permettre une circulation régionale normothermique (CRN). ©Christelle Calmettes
- La CRN est obtenue grâce à une circulation sanguine extracorporelle qui permet la perfusion (pour assurer une pression de perfusion tissulaire) et l’oxygénation (membrane pour les échanges gazeux). A l’arrière-plan, un réanimateur réintube le donneur pour gonfler les poumons. ©Christelle Calmettes
- Le donneur a quitté la réanimation pour le bloc et les prélèvements vont débuter. Les organes (ici les poumons) sont glacés pour optimiser la fonction des greffons jusqu’aux receveurs. ©Christelle Calmettes
- Anne, l’IDE de coordination continue de rentrer des informations dans le logiciel CRISTAL pour les équipes de greffe et ABM. Elle organise les prélèvements nécessaires (biologiques, biopsies, ganglionnaires), trace les horaires et les données dans le dossier et dans les pochettes qui partiront avec les greffons. ©Christelle Calmettes
- Explantation cardiaque. Le donneur a fait un arrêt cardiaque. Dans cette situation, le cœur n’est pas retenu pour la greffe en tant qu’organe mais les valves pourront être éventuellement qualifiées pour la banque de tissus. ©Christelle Calmettes
- Une fois les poumons explantés, on prépare les greffons pour leur transport, dans une machine spécifique qui préserve l’organe avant la greffe. Parfois les greffons sont transportés dans des glacières spécifiques dans des liquides réfrigérés stériles. ©Christelle Calmettes
- Une fois les poumons explantés, on prépare les greffons pour leur transport, dans une machine spécifique qui préserve l’organe avant la greffe. Parfois les greffons sont transportés dans des glacières spécifiques dans des liquides réfrigérés stériles. ©Christelle Calmettes
- Pendant que les poumons sont préparés, l’équipe se prépare à explanter le foie et les reins. ©Christelle Calmettes
- Pendant que les préleveurs hépatiques travaillent au-dessus du donneur, les urologues préparent les reins qui seront perfusés sur des machines après avoir été mesurés, identifiés (droite/gauche) et photographiés. En arrière-plan, Anne l’IDE coordinatrice continue d’assurer la sécurité du prélèvement des organes tout en formant une nouvelle IDE venue de Grenoble. ©Christelle Calmettes
- Les greffons rénaux sont perfusés et réfrigérés sur ces machines jusqu’à la greffe. ©Christelle Calmettes
- L’équipe de greffe a explanté le foie, elle va être aidée par l’IDE de coordination pour bien conditionner ce greffon pour le transport. ©Christelle Calmettes
- Le greffon part d’Annecy. Malgré les sirènes hurlantes et les coups de klaxon, il est difficile de se frayer un passage pendant ce week-end de chassé-croisé de février. Les chirurgiens dorment le temps du transport (après 24 h de garde et le prélèvement du foie), avant la transplantation. ©Christelle Calmettes
- Dernières préparations du greffon avant la transplantation. ©Christelle Calmettes
- Le foie est prêt à être greffé par la même équipe qui a effectué le prélèvement. ©Christelle Calmettes
- L’arrêt des thérapeutiques a eu lieu à 10 h du matin. Le foie est transplanté dans le corps à 19 h 35. Il faudra ensuite environ 4 h aux équipes pour réaliser les sutures. ©Christelle Calmettes
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