Les soignants se mobilisent contre la casse du service public

Toute la fonction publique a mené une grève nationale, le 22 mars, à l’appel d’une intersyndicale CFTC, CFE-CGC, CGT, FA-FP, FO, FSU et SOLIDAIRE. Dans la fonction publique hospitalière, les soignants dénoncent une logique comptable qui affecte les effectifs, les soins... et la santé des soignants.

A Paris, les bannières syndicales ont envahi la rue de Bercy, à proximité du ministère de l’Economie et des Finances. Dans la foule compacte et bigarrée, des blouses blanches s’étaient rassemblées à l’appel de l’intersyndicale et, pour la profession infirmière, du syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC), du syndicat national des Ibode (SNIBO), du syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA) et de la coordination nationale infirmière (CNI).

Bien visibles derrière les couleurs violettes de Sud santé, des soignants battent le pavé. Trois tambours battent la mesure. « Le gel du point d’indice, le jour de carence, la santé au rabais, les soins réservés aux riches : on n’en veut pas ! », scande un leader syndical.

Des revendications largement partagées dans la fonction publique et portant également sur la défense d’un service garantissant une égalité d’accès territoriale à ses usagers ; l’arrêt des suppressions d’emplois ; une revalorisation salariale ; la pérennisation du système de retraite par répartition et des régimes particuliers…

« Soignants remplacés par des caméras »

Dans la ligne de mire des hospitaliers, la fermeture d’hôpitaux, ainsi que les plans d’austérité et leurs conséquences : « La réduction des lits, des effectifs ou la remise en cause d’accords locaux de RTT », résume Luc Delrue, secrétaire fédéral de FO santé.

Jean, infirmier à l’hôpital psychiatrique Gérard Marchant de Toulouse, abonde : « On a d’abord supprimé les lits, puis des structures hospitalières. Puis on a fermé des structures extra hospitalières pour remettre le personnel dans les murs. Les soignants sont remplacés par des dispositifs de sécurité, des caméras, davantage d’unités pour malades difficiles… »

Dans le cortège, la spécialité est bien représentée, à travers également les étudiants de l’Ifsi de l’hôpital Barthélémy Durand, à Etampes (91). Identifiables par les seringues bleues maquillées sur leurs joues. C’est l’annonce par Emmanuel Macron de la création d’un service sanitaire obligatoire de trois mois qui les a exaspérés. Mais au-delà de ça, « nous ne sommes pas formés comme on devrait l’être au cours des stages. Car on est là pour combler le manque de personnels », déplore Maëva.

Rentabilité aveugle

Déjà mise en avant par les personnels des Ehpads, en grève les 30 janvier et 15 mars dernier, la question des effectifs demeure cruciale. « Nous voulons une logique d’adéquation des moyens humains à la charge de travail réelle, et non au nombre de lits. Nous demandons des indicateurs tels que le nombre de toilettes, de repas… par aide-soignant ; le nombre de perfusions, de pansements… pour les infirmiers », insiste Nathalie Depoire, présidente de la CNI.

Tous dénoncent des exigences de rentabilité aveugle. Derrière Olivier Youinou, infirmier anesthésiste et secrétaire général de Sud santé pour l’Ap-Hp, la camionnette du syndicat diffuse la bande originale du film de Quentin Tarantino « Pulp fiction ». « Nous ne sommes pas là pour abattre des actes techniques. Je ne deviens rentable que si j’endors le patient, si je nettoie la salle d’opération… Rassurer, écouter : on nous dit que c’est du temps perdu. Ce n’est pas « bancable », dénonce-t-il. Les gens viennent au boulot la boule au ventre. Plus grave, cinq soignants se sont foutus en l’air depuis le début de cette année, rien qu’à l’Ap-Hp. »

Reconnaissance de la pénibilité

Cet épuisement est souligné par tous. Au niveau physique, « il y a de plus en plus de problèmes de dos. On fait moins attention à l’ergonomie car il faut aller vite », regrette Sylvie, Ibode au centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges.

La reconnaissance de cette pénibilité passe par une « bonification d’un an de retraite pour cinq ans d’activité, réclame Nathalie Depoire. D’autant que dans le service public, on fait les nuits, les week-ends… »

La mobilisation des soignants ne devrait pas s’en tenir là. Au sein d’un collectif des hôpitaux en lutte, composé de 32 syndicats locaux, on réfléchit déjà à de futurs « mardis de la colère sous forme d’opérations coup de poing, annonce Olivier Youinou : Il faut un mouvement qui s’inscrive dans la durée et dans le dur. »

Emilie Lay

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Réactions

3 réponses pour “Les soignants se mobilisent contre la casse du service public”

  1. Anonyme dit :

    De tout coeur avec les manifestants il faudrai renverser la vapeur !!

  2. Anonyme dit :

    Sans lutte dure rien ne changera…ça deviendra même de pire en pire

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