Nouvelle journée d’actions contre la loi Santé 

Alors que l'Assemblée Nationale entame aujourd'hui l'examen du projet de loi santé de Marisol Touraine, des infirmiers libéraux, en guise de protestation, participent à un rassemblement devant le palais Bourbon. Les syndicats représentatifs et présents n'ont néanmoins pas appelé à participer à la journée "Santé Morte", menée par les médecins aujourd'hui. 

Nouvelle journée d'actions contre la loi Santé 

©SML (twitter)

Cela fait plus de 6 mois qu'une grande partie du monde médical et paramédical se mobilise contre le projet de loi santé. Après le grand rassemblement du 15 mars, qui a réuni infirmiers libéraux, médecins, dentistes - près de 50 000 professionnels s'étaient alors rassemblés et avaient manifesté -, les représentants syndicaux du mouvement pour la santé pour tous se rassemblent devant l'Assemblée Nationale.

Parallèlement à ce mouvement, le premier syndicat des médecins libéraux, la CSMF.MG (généralistes) et  la Fédération des médecins de France (FMF) ont appelé à une nouvelle journée "Santé Morte" : fermeture des cabinets libéraux, grève de la permanence de soins. Dans certains départements, près de 80% des cabinets sont fermés aujourd'hui.

Les IDE veulent être entendus sur les "vrais problèmes" de la loi santé, et non sur le tiers-payant

La dernière mobilisation pluri-professionnelle du 15 mars avait rassemblé une grosse partie d'infirmiers libéraux à l'appel de leurs syndicats (mouvement de la santé pour tous dont la FNI, l'ONSIL et Convergence infirmière). Aujourd'hui, si ces derniers ne participent pas à la journée "Santé Morte", ils se mobilisent néanmoins devant l'Assemblée Nationale depuis 11 heures ce matin.

" Nous ne participons pas à la journée Santé Morte car les infirmiers libéraux sont tenus à la continuité des soins. Fermer les cabinets aujourd'hui et ne pas assurer les soins ne serait vraiment pas déontologique" explique Isabelle Eudes, de la FNI.

Les syndicats infirmiers en faveur du retrait total de la loi pour certains, estiment que les médias et les messages, lors des précédents rassemblements, se sont focalisés sur le tiers payant généralisé, cause principale de mécontentement des médecins, et non sur d'autres mesures de loi santé, envers lesquelles ils manifestaient. Ils espèrent cette fois, que leurs revendications ne seront pas occultées.

"Le problème, c'est l'esprit de la loi. Pour nous, le tiers-payant, c'est vraiment secondaire. Le projet de loi réduit l'Infirmier à être un suppléant du médecin, avec un médecin donneur d'ordres. Nous estimons que si la coopération doit marcher, comme ça existe ailleurs dans d'autres services de soins à l'étranger, c'est parce que les professionnels de santé interviennent en transversal, en complémentarité et non pas pour répondre à une organisation hiérarchique".

"Un article du projet de loi prévoit aussi qu'en lieu et place d'un IDE, une aide-soignante ou même un agent pourrait intervenir à la place d'une IDE sur des actes techniques dans les établissements médico-sociaux. C'est gravissime, car cela remet en question tout notre décret de compétences" ajoute Isabelle Eudes.

Pour les infirmiers libéraux, qui ne pratiquent pas de dépassements d'honoraires et qui pour la grande majorité effectuent déjà le tiers payant,  la question du tiers payant est subsidiaire.

"Aujourd'hui, il ne s'agira pas de venir gonfler le rang des médecins pour défendre la cause qui est la leur, même si par ailleurs ils peuvent avoir raison sur certains points", explique Isabelle Eudes de la FNI.

Des revendications différentes pour les médecins

Alors que Marisol Touraine avait appliqué quelques ajustements  à son projet de loi suite à une concertation avec les professionnels de santé, les mesures demeurent insuffisantes pour ces derniers.

Ce qui ne passe pas, pour les médecins, c'est surtout le tiers payant généralisé, même si la ministre a concédé une mise en place plus progressive de ce dispositif. Jusqu'à présent, il était octroyé aux bénéficiaires de la CMU-C (Couverture maladie universelle complémentaire) et de l'aide médicale d'Etat. Il sera étendu de façon "volontaire" aux patients pris en charge à 100%, puis à tous les patients d'ici 2017.

Mettre en place la généralisation du tiers-payant : les médecins y voient une surcharge de travail administratif, car ils doivent notamment vérifier si leur patient est bien affilié à l'Assurance maladie et si leur complémentaire santé est à jour.

Cette journée "Santé morte" qui intervient alors que l'assemblée nationale commence tout juste l'examen du projet de loi est supposée faire pression sur le parlement qui examinera pendant 2 semaines les textes et amendements du projet de loi. Le vote du texte, qui ira ensuite devant le Sénat, est prévu le 14 avril.

Rédaction ActuSoins

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Réactions

1 réponse pour “Nouvelle journée d’actions contre la loi Santé ”

  1. julieide dit :

    je m’appelle julie,j’ai 31 ans, je suis infirmière depuis 2006.je travaille dans un centre hospitalier. C’est un métier que j’ai choisi, pour prendre soin des gens, les accompagner au travers de la maladie,pour faire en sorte que leur séjour à l’hôpital soit le moins désagréable possible. J’ai choisi aussi l’hôpital public pour des valeurs que je pensaient communes. J’étais et je suis toujours prête à donner mes soirées au lieu de coucher mes enfants, leur raconter une histoire et faire le câlin du soir; à me lever au aurore au lieu de les emmener à l’école; à donner un weekend sur deux au lieu de profiter de ma famille. Je le fais sans aucun regret car ce métier, c’est ma vocation.
    Mais , là, la direction souhaite que l’on travaille 2 weekends à suivre, un de repos, 2 we à suivre, un de repos….On nous demande de choisir entre notre famille et notre vocation. Comme je dis souvent à l’accompagnant d’un patient : pour prendre soin de l’autre, il faut prendre soin de soi!
    Franchement, quelle est l’importance de pouvoir se ressourcer auprès des nôtres? Est ce normal de devoir choisir entre sa vocation et sa famille?
    On nous fait déjà travailler dans des conditions inacceptables pour des raisons budgétaires au détriment du patient. Où cela va t-il s’arrêter ?

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