Projet de loi de santé : après la « manif », Marisol Touraine, ne recule pas

Au lendemain de la grande manifestation des professionnels de santé, le 15 mars, Marisol Touraine, a confirmé qu'elle avait demandé une procédure accélérée pour l'examen du projet de loi de santé au Parlement.

Projet de loi de santé : après la "manif", Marisol Touraine, ne recule pas

Photo sur Twitter @MauldeRobert_J

La demande de procédure accélérée (une seule lecture dans chaque chambre) "a été faite il y a déjà depuis plusieurs mois", a indiqué la ministre sur RMC et BFMTV. "On verra ce qui sera décidé au niveau gouvernemental".

"Compte tenu de l'encombrement qu'il y a au Parlement, faire passer un texte en procédure classique", c'est "étaler son examen pendant de très nombreux mois", a-t-elle observé. "Je ne crois pas qu'il soit utile que [l'examen de la] la loi s'étire pendant six mois, huit mois".

l'Assemblée nationale se penchera dès mardi 17 mars sur le projet de loi de santé et ses 1600 amendements à examiner, avec l'arrivée du texte de loi en commission.

Entre 19 000 et 50 000 manifestants

La manifestation qui a réuni entre 40 000 et 50 000 personnes, selon les organisateurs (19 000 selon la Préfecture de Police) , avait été initiée par les syndicats d'internes fin janvier.

Elle a dépassé les attentes des organisateurs en rassemblant en grande majorité des médecins et étudiants en médecine, mais aussi des pharmaciens, des chirurgiens dentistes et des paramédicaux de l'ensemble des régions de France, à l'appel de la quasi-totalité des syndicats de professionnels de santé libéraux.

Le cortège, gonflé de ballons et de tirs de fumigènes, s'est étiré de la place Denfert-Rochereau (XIVème), vers 14 heures, jusqu'à la place Vauban (VIIème), à quelques dizaines de mètres du ministère des affaires sociales et de la santé, où il s'est dispersé dans le calme peu après 17 heures.

Marisol Touraine, qui a reçu une délégation après la manifestation a indiqué avoir "déposé à l'Assemblée nationale des amendements qui permettent de répondre aux préoccupations" exprimées. Elle a insisté sur sa "volonté de dialogue (...) qui a été constante au cours des derniers mois".

De son côté, Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF (principal syndicat de médecins libéraux) s'est dit "déçu" de la rencontre avec la ministre. "Malgré la mobilisation historique (...) la ministre n'a pas bougé du tout", a-t-il expliqué à l'AFP.

"La ministre a confirmé la généralisation du tiers payant par étape comme prévu, elle a confirmé l'expérimentation pour la vaccination chez le pharmacien alors que nous la refusons", a-t-il indiqué.

« La ministre s'enferme dans ses certitudes, a précisé auprès du Quotidien du Médecin, Eric Henry, président du SML, il ne s'est rien passé ». À la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz employait la même expression : "Il ne s'est rien passé, le prochain acte se déroulera à l'assemblée nationale, avec les amendements". 

La FHP réagit à la baisse des tarifs dans les cliniques

La Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) et l'UFML (Union française pour une médecine libre) demandent le départ de Marisol Touraine.

Quelques jours avant la manifestation, les cliniques se sont en effet unies au mécontentement et ont adhéré au nouveau "Mouvement de la santé pour tous".

"Nous avons fait le pari d’une concertation constructive mais cela n’a mené à rien. La ministre nous a trompés, elle nous a menti. Elle est incapable de bâtir les compromis nécessaires et indispensables dans une démocratie moderne. Sa méthode de gouvernement, c’est le mépris pour le monde libéral de la santé au travers d’un discours qui ressasse les mêmes platitudes généreuses mais ne laisse aucune place à l’échange et à la compréhension de la réalité sur le terrain. Rien n’évoluera tant qu’elle sera là", affirme Lamine Gharbi, président de la FHP dans un communiqué.

"Sur le prétexte de régler le problème de l’accessibilité financière des soins, la ministre voudrait exclure les cliniques du futur Service Public Hospitalier, au motif que s’y pratiquent des dépassements d’honoraires, tandis qu’ils seront toujours autorisés à l’hôpital public. C’est une curieuse conception de l’équité de traitement entre les acteurs", poursuit Lamine Gharbi.

La récente décision de Marisol Touraine de baisser de 2,5 % les tarifs des cliniques en 2015 a également mis le feu aux poudres.

En réponse, la FHP a confirmé "la suspension immédiate de la négociation de branche sur le pacte de responsabilité" qui devait permettre la création de 2 700 emplois en 2015.

La FHP a informé les partenaires sociaux de "la suspension sine die de toutes négociations de branche, notamment concernant la réforme de la formation et de la refonte des grilles de classification".

La FHP a aussi décidé de "se recentrer sur sa mission première qui est le soin". Elle envisage "d'abandonner toutes les activités imposées en sus", comme les "statistiques administratives", les "réponses aux enquêtes" ou la "formation des étudiants".

FNI et ONSIL côte à côte

Côté infirmiers, les ballons de la Fédération nationale des infirmières (FNI) et de l’Organisation des syndicats nationaux des infirmiers libéraux (ONSIL) flottaient côte à côte. "Rares sont dans l’histoire, les cortèges qui ont uni dans un même sillage médecins et paramédicaux", relève Jim.fr.

Philippe Tisserand, président de la FNI et membre du "Mouvement de la santé pour tous" s'est exclamé en s'adressant à la ministre de la santé, "ça suffit, retirez votre loi".

L'Ordre national des infirmiers s'est associé "aux préoccupations des infirmiers au regard de l'avenir de notre système de santé, de la nécessaire mise en oeuvre des pratiques avancées infirmières pour la prise en charge des maladies chroniques, des tensions à l'hôpital suite aux annonces de réduction drastiques de moyens qui peuvent porter atteinte à la qualité des soins".

En revanche le SNIIL qui soutient certains pans du projet de loi ne s'est pas associé.

Rédaction ActuSoins avec Egora, Le Généraliste, Jim.fr, APM, Le Quotidien du Médecin.

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Réactions

10 réponses pour “Projet de loi de santé : après la « manif », Marisol Touraine, ne recule pas”

  1. Zepat Camu dit :

    il faut que ce soit deja fait

  2. Zepat Camu dit :

    super bonne nouvelle…vivement que ce soit en place

  3. Moi je pratique déjà au maximum le TP et je suis pour le faire le + possible, je suis cependant contre le TP généralisé car je crains qu’à terme nous devenions salariés des mutuelles. Adieu le libéral.. Donc attention !

  4. Vincent Py dit :

    La mode c’est d’être contre tout. Et bien moi je suis pour le tiers payant généralisé c’est une vraie mesure d’accès aux soins pour tous. Je suis libéral, je le pratique et franchement, les arguments de ceux qui sont contres sonnent creux…

    • Moi aussi je le pratique au maximum et je suis pour faire le TP le + possible, je suis cependant contre le TP généralisé car je crains qu’à terme nous devenions salariés des mutuelles. Adieu le libéral.. Donc attention !

  5. Julie Lirkaa dit :

    Appel au terrorisme… Voilà une bonne cible… Merci

  6. Non seulement elle ne recule pas mais accélère…. Pas sûre qu’elle ait compris le message….

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