Débat sur la vaccination : les pro-vaccination réagissent

Alors que le vendredi 20 mars, le Conseil Constitutionnel doit se prononcer, dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), sur le caractère obligatoire de la vaccination, à la demande de deux parents récalcitrants, le débat grossit.

Débat sur la vaccination : les pro-vaccination réagissentLe ministère de la Santé, a ainsi mandaté, début mars, Sandrine Hurel, députée de Seine Maritime, pour formuler des recommandations afin de "faire évoluer le principe de l'obligation vaccinale, et lever les obstacles financiers à la vaccination".

"Les Français boudent les vaccins. Peur de la piqûre ? C’est plutôt leur composition et leurs effets secondaires présumés qui inquiètent. Alors qu’il y a dix ans la vaccination faisait presque l’unanimité, près de 40 % de la population s’en est détournée ces dernières années", souligne le magazine de l'Inserm, Science & Santé, rappelant que ces médicaments pas comme les autres "sauvent chaque année deux à trois millions de vie dans le monde".

En France, seul le vaccin DTP (diphtérie-poliomyélite-tétanos) est encore obligatoire. "La fin de l’obligation des vaccins est une question tout à fait légitime", estime, dans le magazine de l'Inserm, Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations (CTV) du Haut Conseil de la santé publique (HCSP).

À couverture vaccinale comparable, la France est, en effet, un des derniers pays européens (avec l'Italie et quelques pays d'Europe de l'Est) à conserver cette obligation. Est-il temps de tourner la page ? Le HCSP a d’ailleurs récemment proposé un grand débat sur l’obligation vaccinale.

Les autorités responsables du déclin de la vaccination ?

De leur côté, les participants aux deuxièmes assises nationales du vaccin qui se sont tenues le 16 mars à à l'Institut Pasteur.

"Les politiques sont responsables du déclin de la couverture vaccinale", a déclaré Odile Launay, vice-présidente du comité technique des vaccinations (CTV) du Haut conseil de la santé publique (HCSP), reprise par l'agence APM.

Le travail du CTV, qui consiste notamment à mettre à jour chaque année le calendrier vaccinal, n'est pas repris par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), a-t-elle précisé. "On communique sur l'alcoolisme et le tabac, mais jamais sur la vaccination", s'est-elle étonnée en pointant l'importance de communiquer en dehors des périodes de crises.

"C'est beaucoup plus difficile qu'on croit de contrer les antivaccinaux", a indiqué, lors de ces assisses, le Pr Bruno Lina, des Hospices civils de Lyon (CNR-HCL), spécialiste de la grippe.

Cette mission nécessite un financement, a renchéri le pédiatre Robert Cohen, coordonnateur du site infovac.fr. "Il faut répondre quasiment argument par argument et les autorités ne le font pas", a-t-il ajouté.

Selon le Pr Bruno Lina, si la levée de l'obligation n'est pas accompagnée d'une campagne d'information, la couverture vaccinale risque de décliner. Il juge qu'il serait préférable d'attendre que la polio soit éradiquée avant de lever l'obligation de vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la polio (DTP).

Cyrienne Clerc

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Réactions

11 réponses pour “Débat sur la vaccination : les pro-vaccination réagissent”

  1. Flochi dit :

    et voici ce qu’en dit l’INPES en 2012 (http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1133.pdf):
    Les titres d’antitoxine tétanique induits par vaccination sont évalués en France
    par radio-immunologie de Farr et les résultats exprimés en milliunités internationales.
    Le seuil de protection retenu est de 10 mUI/ml. Après deux doses de
    vaccin tétanique adsorbé, les pourcentages d’enfants porteurs de titres protecteurs
    d’antitoxine tétanique sont identiques à ceux des enfants ayant reçu trois
    doses. Seules les moyennes de taux d’antitoxine diffèrent (environ 1 500 mUI/
    ml contre 4000 mUI/ml après respectivement deux et trois doses).
    La durée de l’immunité est évaluée en moyenne à dix ans. Ces données
    s’appuient sur les résultats d’études qui ont montré que 95 % des sujets
    vaccinés depuis cinq ans étaient porteurs d’antitoxines à des taux supérieurs
    à 10 mUI/ml, 91 % après dix ans et 60 % après quinze ans. Une étude
    récente (Amanna et al., 2007) suggère que la durée de protection pourrait être
    beaucoup plus longue (demi-vie des anticorps tétaniques de 11 ans).

    l’allongement du délai à 20 ans (en encore, c’est pour les primovaccinations actuelles, c’est un peu plus compliqué pour les plus anciens) n’est pas illogique, mais le seuil des 10MUI/ML n’est atteint que pour 60% de la population française 15 ans après le dernier rappel…

    pour ce qui est du taux d’infection du tétanos il passe de 500 env en 1967 à 8 en 2009. Un hasard ?

    Enfin, le tétanos n’était peut-être pas un bon exemple concernant le sujet « vaccination, obligation ou non ? » car il n’est pas contagieux, mais je l’ai pris car il est spectaculaire…

    En tout état de cause, je reste persuadé qu’il vaut mieux prévenir que guérir (pour continuer avec les expressions toutes faites), et quil ne faut pa

    • Flochi dit :

      « confondre démocratie (ou le peuple, libre, choisit ensemble) et anarchie (ou chacun est libre de faire ce qu’il veut, à titre individuel), mais là, c’est un autre débat »…

  2. veronik dit :

    Le tétanos n’est pas une maladie immunisante , le vaccin le serait-il plus ? On ne peut pas dire que le vaccin de la grippe de cette année ait été efficace ! Arrêtons de prendre les gens pour des irresponsables , dans les pays où la vaccination n’est pas obligatoire mais où les campagnes d’informations sur la santé, sur les vaccinations sont bien faites , la couverture vaccinale est parfois supérieure à celle de la France … Plus il y a d’obligations, plus il y aura de gens pour lutter contre , et on est au pays des droits de l’homme, il parait …

    • Flochi dit :

      C’est partiellement faux, l’immunité se perd, c’est vrai et c’est pour cela qu’il faut faire un rappel tous les 5 à 10 ans, mais pendant ce laps de temps, elle existe.
      Se comparer en matière de santé publique aux autres pays est un biais car nous n’avons pas du tout la même façon d’appréhender le soin : chez nos voisins, pas ou peu de prise en charge des frais de santé (hors contrat privé). En France, on ne conçoit pas de payer son traitement : si ce n’est pas « gratuit », on ne prend pas ! Si les vaccins ne sont plus obligatoires, on prend le risque qu’il ne soient plus remboursés, et dans ce cas, la couverture vaccinale sera encore pire ici.
      On est un pays de droits, mais le droit privé s’efface devant le droit commun : « ma liberté s’arrête là ou commence celle des autres ». Je n’ai pas le droit de mettre nuire à la communauté sous prétexte que je suis libre !

      • veronik dit :

        C’est pour ça que les rappels sont passés (pour les adultes) à tous les 20 ans ….!? Et puis,il me semble qu’une politique vaccinale (non obligatoire) pour être incitative aurait intérêt à garder les vaccins gratuits …le Gardasil, non obligatoire est bien remboursé à 65% … Pourquoi crier au loup avant de l’avoir vu …?

    • Flochi dit :

      C’est vrai, plutôt que de crier au loup, mieux vaut tenter le diable…

  3. Flochi dit :

    Je ne suis pas sûr qu’il faille obligatoirement se faire vacciner contre tout (par exemple la grippe lorsqu’on n’a pas de facteur de risque), mais il me semble que c’est de l’inconscience, surtout lorsqu’on est parent, de ne passe faire vacciner ou vacciner ses enfants avec notemment le vaccin DTP : souffrir du tétanos est terrible, extrêmement douloureux et surtout mortel dans 20% des cas (et ce bacille est commun chez nous, et très résistant)
    De plus, se faire vacciner est aussi un geste civique, car on ne se vaccine pas que pour se protéger soi-même, mais aussi pour protéger les autres !
    Dans un pays comme le notre, où la santé publique tient une place importante malgré les contraintes budgétaires croissantes, il faut je pense profiter de la gratuité de la vaccination (car elle est pour l’instant obligatoire) pour ne pas mourir bêtement (et prématurément) de pathologies que l’on peut éviter : il faut mettre en balance le rapport bénéfice (très important) / risque (très faible) lié à la vaccination !
    Aux seringues, citoyens !

  4. Alsete dit :

    @Carine B.-A.
    Il ne s’agit pas du ROR, mais effectivement, je trouve votre remarque judicieuse.
    Pourquoi ne pas rendre obligatoire celui-ci à côté du DDP ?

    Quelles sont les causes de ce « désamour des Français » évalué à 40 % ? (encore un sondage sûrement digne de foi avec une question bien posée mettant honnêtement en balance la peur de l’aiguille d’une part et le recul des tragiques épidémies millénaires et la victoire définitive sur la variole en 1976 d’autre part).

    J’en vois déjà deux : la suspicion de favoriser la survenue d’une SEP à l’encontre de la vaccination anti-hépatite B, mais sans doute de façon plus médiatique « l’affaire des vaccins H1N1 » du temps de Madame BACHELOT, qui a apparemment eu pour effet de transférer à tort la suspicion à l’égard du personnel politique – ou des fabricants de vaccins perçus comme ayant bénéficié de ses aléas politiques – à la sphère médicale.
    Les politiques sont logiquement associés dans les esprits à la Santé Publique et les errements des premiers semble avoir jeté le discrédit sur cette dernière, en terme de vaccination tout du moins.

  5. Mourir de la rougeole, en France, au 21e siècle… C’est qd même dommage…

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